Publié il y a 1 an - Mise à jour le 02.03.2023 - Tony Duret - 2 min  - vu 10190 fois

GARD Après le service, le restaurateur cède à « une pulsion sexuelle » : 3 ans de prison

Gaël est le gérant d’une brasserie appréciée d’un village de la périphérie nîmoise. Le 30 octobre 2021, après le service, il se jette sur sa serveuse, qui est aussi sa tante par alliance, et l’agresse sexuellement. Lui assure qu’elle était consentante.

« Elle m’a aguiché et provoqué tout le long du service », déclare encore Gaël devant le tribunal correctionnel de Nîmes ce jeudi 2 mars. Près d’un an et demi après les faits, le quadragénaire n’en démord pas, son accusatrice ment. Il parle même d’un « complot » orchestré par certains membres de sa famille pour faire péricliter son affaire - qui fonctionne très bien - et ouvrir un autre restaurant à proximité. Seulement, celui qui est accusé d’agression sexuelle a fluctué dans ses déclarations. Les toutes premières, en garde à vue, sont très détaillées. Il se ravisera avec le temps.

Pour connaître sa position exacte, ce qu’il reconnait ou non, le président Jérôme Reynes rentre dans le détail de cette fin de service d’octobre 2021. Il rappelle le SMS envoyé par Gaël à sa tante : « J’ai très envie de toi », auquel elle répondra : « Mais tu es fou. » Quelques instants plus tard, l’excitation n’est manifestement pas retombée. Alors qu’elle se rend aux toilettes, il l’a suit, l’embrasse de force, lui touche la poitrine qu’il embrasse. Terrorisée, la serveuse ne prononce pas un mot et parvient à s’enfuir. Elle dépose plainte quelques jours plus tard.

Qui ne dit mot consent ?

Dès sa première audition devant les enquêteurs, Gaël reconnait avoir eu « une pulsion sexuelle ». Entendue, la compagne de ce dernier ne semble pas plus étonnée que ça des accusations, pourtant lourdes. Le président relit ses déclarations : « Il est bizarre avec les femmes. Je lui ai dit d’arrêter de regarder ma mère bizarrement quand elle est en maillot de bain (…) Il est menteur et manipulateur. » Un portrait qui contraste avec l’image que tente de laisser Gaël au tribunal, celle d’un gérant de restaurant qui a réussi, qui est respecté, qui croise du beau monde : « J’ai une très belle affaire. Je reçois des sénateurs, des députés, des avocats. Je suis aimé de tout un village », lance-t-il. Seulement, en matière de justice, la réputation et les honneurs ne font pas le poids face aux faits. Le procureur Vincent Edel est d’ailleurs convaincu de sa culpabilité puisqu’il requiert deux ans de prison avec mandat de dépôt.

Pour la défense de Gaël, maître Laurence Jacques-Ferri insiste elle aussi sur la bonne réputation de son client, ajoute qu’un client du restaurant avait également trouvé que la serveuse avait « un comportement provocant ». Elle s’étonne aussi de l’absence de la victime et se lance dans une plaidoirie aventureuse qui pourrait se résumer à un « qui ne dit mot consent ». « Il ne pouvait pas se douter qu’elle n’était pas consentante dans la mesure où elle n’a rien dit. Son silence fait penser qu’elle était consentante. Je vous demande de le relaxer », conclut-elle. Le tribunal fera tout l’inverse : 3 ans de prison avec mandat de dépôt et une inscription au fichier des délinquants sexuels. Le restaurateur, encore libre quelques instants plus tôt, est reparti avec les menottes aux poignets. La réputation va en prendre un coup.

Tony Duret

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