JUSTICE Injections dans le ventre des patients : 2 ans avec sursis et 40 000 euros d'amende réclamés par la procureure
La procureure de Nîmes, a requis 2 ans avec sursis et 40 000 euros d'amende à l'encontre d'un médecin gastro-entérologue poursuivi en justice pour des injections illégales d'acide hyaluronique dans le ventre de ses patients.
Depuis 9h ce vendredi matin, le tribunal correctionnel de Nîmes juge un gastro-entérologue, âgé de 61 ans, toujours en activité. Il est poursuivi pour « escroquerie »,« tromperie sur une prestation de service entraînant un danger pour l’homme », et « recherches biomédicales sans autorisation ». Il est suspecté d’avoir procédé pour faire maigrir ses patientes, à près de 550 injections d’acide hyaluronique dans le ventre de ses patients. Un protocole qui n’était pas reconnu par les autorités médicales en France au moment des actes entre 2011 et 2016 et qui n'est toujours pas reconnu.
"12 ans après personne en France ne pratique ces injections et lui semble encore obsédé par ce traitement qu'il veut imposer", dénonce Maître Christian Barnouin, avocat de la CPAM qui réclame près de 160 000 euros de remboursement au médecin renvoyé en Justice. "C'est votre bébé vous voulez l'imposer. Vous avez utilisé une méthode qui n'est pas utilisée et pire l'étude a été abandonnée en 2014 car elle était totalement inefficace", complète maître Barnouin (voir photo ci-dessus).
"Après chaque injection elle avait de grosses douleurs abdominales", avance l'avocat d'une victime des agissements du praticien. "Il a trompé sa patientèle", ajoute Me Pauline Garcia. "Le processus de soins de ce médecin est inefficace et illégal", ajoute maître ChamskI. "Elle a eu l'impression d'être un cobaye", insiste maître Coralie Gay. Maître Marine Santimaria et Anaïs Lopes représentaient également des victimes. Pourtant dans ce dossier aucun lien de causalité n'est démontré entre les injections et les problèmes médicaux futurs des patientes de ce médecin aux méthodes "controversées".
"Pour les patients il y a le sentiment malheureux mais réel d'avoir été trompé par son médecin", poursuit le procureur Nathalie Welte. "Il a fait ça en dehors de tout cadre légal. On ne peut pas s'affranchir des règles sous couvert de raisons médicales", tacle la représentante du parquet de Nîmes à l'adresse du médecin incriminé. 2 ans avec un sursis simple et 40 000 euros d'amende sont réclamés contre le praticien.
Son avocat le pénaliste Baptiste Scherrer (photo ci-dessus) estime que le tribunal " a face à lui un médecin dévoué 14h par jours à ses patients", "toujours joignable, disponible". "Oui il a commis une faute déontologique, oui il a commis une faute pénale avec ce protocole hors cadre". " Mais ce médecin ne s'est jamais fourvoyé dans des manoeuvres frauduleuses". "Il n'a jamais manipulé ou abusé ses patients", plaide le pénaliste nîmois qui a décortiqué les infractions reprochées à son client pour en constester la plupart.
"Je ne suis que passionné de médecine, je suis passionné par mes patients. J'ai manqué de rigueur, de vigilance, je n'aurai pas du le faire. Mais j'ai voulu apporter une aide peu couteuse à des gens, des patients", conclut le prévenu avant le tribunal ne parte délibérer.
Un médecin condamné à 2 ans avec sursis mais sans aucune amende. De plus les arguments de Maître Baptiste Scherrer sur les dommages et intérêts réclamés mais non justifiés par les parties civiles ont fait mouche. Les victimes ont obtenu des dommages et intérêts qui ont été revus à la baisse de façon drastique. Une autre somme a fondu comme neige au soleil, c'est celle réclamée par la CPAM. "L'organisme voulait le remboursement de 450 000 euros au départ de l'affaire pour finir aujourd'hui à l'audience à réclamer 160 000 euros", selon Me Scherrer. Le tribunal accorde finalement que 22 000 euros à la CPAM.