« Je ne pensais vraiment pas que ça m’amènerait ici », lance le prévenu, comparaissant devant le tribunal correctionnel d’Alès, ce vendredi 12 décembre pour avoir tenté de détenir des faux billets, dans le but de les faire rentrer en circulation. C’est une commande sur le site AliExpress qui a mené ce jeune homme devant cette juridiction pénale. D’abord intéressé par l’achat de faux lingots d’or, le prévenu aurait également ajouté des billets à sa commande.
Une fois le colis arrivé à l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Paris, il était trop tard. Constatant son contenu, les agents des douanes ont émis un signalement, entraînant l’ouverture de la procédure à l’encontre du jeune homme, dont le nom figurait sur le colis. « J’ai reçu les lingots, mais pas les billets, explique le prévenu. Je pensais que c’étaient des faux, type cinéma », se défend-il. Des billets dont l’apparence ne permettrait donc pas de tromper un commerçant par exemple.
« Pour faire une blague »
Interrogé sur la raison de cette commande de faux billets, le prévenu souligne qu’il ne comptait pas les utiliser, mais souhaitait simplement tromper ses collègues de travail. « Je voulais leur faire une blague », explique le jeune homme, voulant leur faire croire à un très gros pourboire, versé dans le cadre de son poste de déménageur. C’est notamment la provenance des billets en question qui a soulevé la curiosité du tribunal. « Des billets comme ça, vous pouvez en trouver en France », souligne la présidente à l’audience. D’autant que « la Chine est le premier pays exportateur de faux », soulève Abdelkrim Grini, procureur de la République.
L’autre interrogation, cette fois du Ministère publique, réside dans la quantité de billets retrouvés dans le colis saisi. « Quand on commande 199 billets, c’est pour les mettre en circulation », lance le procureur de la République. Ces billets, tous de 50 € et correspondant à une somme totale de 9 950 €, ont été expédiés à l’adresse des parents du prévenu, pouvant ensuite être utilisés dans des commerces à des fins frauduleuses. D’autant que leur réalisme est troublant, en témoigne les photos jointes à la procédure.
De lourdes conséquences
« J’ai passé mon concours pour être gendarme », explique le prévenu, avec une anxiété apparente. Malgré le projet professionnel du jeune homme, nécessitant un casier judiciaire vierge, le procureur de la République a requis à son encontre une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 1 000 €.
Face à ces réquisitions, le jeune homme a perdu ses moyens : « L’enquête de moralité me fait très peur, je veux vraiment être gendarme, moi », larmoie-t-il, sous le choc. Une moralité que le procureur a remise en cause par la diffusion dans la salle d’audience d’une photo du prévenu, posant devant une affiche à l’effigie de Hitler. L’image avait été retrouvée dans le téléphone de ce dernier, saisie à l’occasion de la perquisition du domicile de ses parents. « Si j’étais responsable de l’enquête de moralité, je ne pense pas que je vous donnerais un avis favorable, monsieur », conclut Abdelkrim Grini.
À l’issue des délibérations, le tribunal a estimé que l’infraction de tentative de détention de fausse monnaie dans le but de la mettre en circulation n’était pas suffisamment caractérisée. Le prévenu a donc été relaxé, à son grand soulagement.