NÎMES On ne reverra probablement plus les amoureux des bancs publics du tribunal
Ils sont arrivés main dans la main, inquiets et visiblement impressionnés par le décorum de la justice. Ils sont repartis deux heures plus tard, soulagés et toujours amoureux, promettant qu’on ne les reverrait jamais plus.
C’était une première et certainement la dernière. Joan et Léa, un couple de Pont-Saint-Esprit qui approche de la trentaine, comparaissaient pour la première fois devant un tribunal, celui de Nîmes en l’occurrence, ce jeudi 2 mars. La justice leur reproche d’avoir détenu, consommé et vendu du cannabis. C’était en 2020, au moment du premier confinement.
Les amoureux traversent alors une mauvaise passe, Joan ne trouve pas de travail, Léa ressasse un drame familial dont elle dit avoir été victime. Le couple, décrit par un ami comme des « zombies », fume des joints à longueur de journée. « J’étais dans une mauvaise période financière », ajoute Joan à l’audience. Il décide donc de vendre du cannabis à certaines de ses connaissances en envoyant la drogue par colis Chronopost. C'est loin d'être l’idée de l’année : l’odeur est tellement forte qu’elle alerte le responsable courrier du bureau de poste de Pont-Saint-Esprit. « Nous sommes dans l’amateurisme total », confirme le conseil du couple. La suite est classique : interpellation, garde à vue et audience correctionnelle.
Ce jeudi 2 mars, les « zombies » ont repris vie. Ils le disent eux-mêmes à la barre du tribunal et on a tendance à les croire : « On a tout fait pour revenir dans le droit chemin. » Depuis la sortie de leur garde à vue, certainement marqués par l'expérience, ils n’ont plus jamais touché à la drogue, comme en attestent les analyses livrées par leur avocate. Joan a trouvé un emploi en CDI, Léa se projette dans un travail auprès des animaux. Le procureur, Vincent Edel, est manifestement sensible à leurs efforts et demande un an de prison avec sursis et 800 euros d’amende contre Joan, une amende de 400 euros contre sa compagne pour la seule consommation.
« On s’est rangé, on ne recommencera plus », promet Léa en larmes au président Jérôme Reynes. Joan complète : « Ça a été une grossière erreur, on a repris notre vie en main. Jamais plus on ne reviendra dans un lieu comme celui-ci. » Tant mieux, c'est aussi le souhait du tribunal qui n’enfonce pas les tourtereaux en suivant les réquisitions du ministère public. Les amoureux repartent libres et plus légers. Un sourire discret efface les larmes de Léa.
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