Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 16.03.2024 - Louis Valat - 3 min  - vu 728 fois

ALÈS Le procureur Abdelkrim Grini discute discriminations avec les lycéens alésiens

Abdelkrim Grini interrogé par les lycéennes Eloïse et Thalia.

- Photo Louis Valat

Au lycée Jean-Baptiste Dumas ce vendredi 15 mars, dans le cadre des "Vendredis de l'ambition" portés par l'association Culture et Ambition de l'avocat alésien Nordine Tria, le procureur de la République d'Alès Abdelkrim Grini a partagé son parcours personnel et professionnel aux 150 élèves présents et a également échangé sur les discriminations, un combat qu'il porte depuis l'adolescence. 

Après la visite du sous-préfet d'Alès, Emile Soumbo, au Lycée Jean-Baptiste Dumas en décembre dernier, c'était au tour du nouveau procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, fraîchement arrivé en janvier 2024, de rencontrer les élèves ce vendredi matin. Plus de 150 lycéens étaient présents pour cet échange, orchestré par Nordine Tria de l'association Culture et Ambition et animé par les deux médiatrices d'un jour et lycéennes, Thalia et Eloïse. Ces échanges offrent ainsi aux jeunes la possibilité de découvrir et de dialoguer avec des personnalités locales, souvent influentes, au parcours singulier et source d'inspiration.

|Lire aussi : Le sous-préfet Émile Soumbo sensibilise les jeunes aux valeurs de la République

Du quartier de la Paillade au parquet d'Alès

Né au Maroc et émigré en France à l'âge de quatre ans, Abdelkrim Grini a grandi dans un milieu modeste, son père étant ouvrier agricole. Durant sa scolarité, il a travaillé dur, conscient qu'il ne pouvait pas compter indéfiniment sur la situation financière précaire de ses parents. Il reconnaît ainsi la valeur de l'éducation reçue dans les écoles de la République : "Il faut se rappeler sans cesse de la chance que vous avez d'être dans ces écoles de la République", confiait-il aux lycéens ce vendredi. Car en effet, rien ne prédestinait l'actuel procureur de la République d'Alès à une carrière de cette envergure. Vivant dans l'exploitation agricole de ses parents durant des années, celle-ci ferme du jour au lendemain, et il sera contraint d'emménager en périphérie de Montpellier, au sein du quartier La Paillade, aujourd'hui appelé quartier de La Mosson.

Abdelkrim Grini interrogé par les lycéennes Eloïse et Thalia. • Photo Louis Valat

Les discriminations, son combat éternel

Jusqu'à l'obtention de son baccalauréat, Abdelkrim Grini a poursuivi ses études dans la capitale de l'Hérault. Suite à de nombreuses expériences de discrimination et d'injustice qu'il a observées dans son quartier au fil des années, il a choisi de s'inscrire à la faculté de Droit. Ces expériences l'ont profondément marqué et ont renforcé sa détermination à agir contre de telles injustices. "Nous n'acceptions pas les discriminations et il fallait réagir contre cette injustice, confie-t-il. Face à cela, il y a deux moyens de réagir. La violence, en allant caillasser des vitrines, jeter des pavés sur les policiers, mais ce sont des infractions. Ou le militantisme. Quand j’avais votre âge, vers quinze ans, je militais dans des associations de lutte contre le racisme, les discriminations, pour l’égalité de tous et notamment des jeunes."

Lutter avec des "armes légales" contre la discrimination l'a poussé à passer les concours d'avocat, qu'il réussit avec brio, devenant ainsi le tout premier avocat issu du quartier de La Paillade. Fier de cette réalisation, il ne cherche pas à l'exhiber par prétention, mais plutôt à revendiquer fièrement ses accomplissements, affirmant qu'il "faut savoir célébrer ce que l'on entreprend et ce que l'on représente, sans jamais ressentir de honte ni chercher à le cacher." Abdelkrim Grini a partagé avec les lycéens ses expériences de jeunesse confrontées à la discrimination dans les établissements nocturnes de Montpellier, expliquant que des années plus tard, en qualité de Procureur de la République, il a initié des poursuites contre ces mêmes établissements.

La discrimination raciste, mais pas seulement. Pertinemment interrogé par Eloïse, lycéenne de Jean-Baptiste Dumas, sur la question de l'avortement, en faisant référence au procès de Bobigny, avec Gisèle Halimi, Abdelkrim Grini a également fait savoir toute son admiration pour cette ancienne avocate, racontant aux jeunes étudiants ce procès datant de 1972. "Ce procès est la preuve que lorsque l'on souhaite mener un combat, il faut savoir le mener avec les armes dites légales, réaffirme une nouvelle fois le Procureur de la République d'Alès. Gisèle Halimi a eu ce grand mérite de faire changer la loi, avec plus tard l'intervention de Simone Veil, et ainsi de permettre aux femmes de leur laisser le choix."

L'échange entre le nouveau Procureur de la République d'Alès et les élèves du lycée a été une occasion pour lui de faire connaître son parcours louable, de rendre sa profession plus accessible et de sensibiliser les lycéens aux questions de discrimination, de justice et au fait que chacun peut être concerné par des affaires judiciaires, que ce soit en tant que partie prenante, que ce soit en raison de situations familiales telles que le mariage, le divorce, la garde des enfants, l'héritage ou la gestion du patrimoine. Abdelkrim Grini a souligné ce vendredi lors de cette rencontre l'importance fondamentale de la République, de son système éducatif et de son système judiciaire.

Louis Valat

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