Publié il y a 20 jours - Mise à jour le 21.11.2024 - Louis Valat - 3 min  - vu 6176 fois

ALÈS Une pétition de L214 cible les pratiques d’élevage de Boulangerie Louise

L214, fondée en 2008, est une association française de défense des animaux utilisés pour l'alimentation.

- DR

À peine installée à Alès, la Boulangerie Louise se retrouve déjà sous le feu des critiques de l’association L214, qui l'accuse de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de bien-être animal.

L214. Une lettre, trois chiffres. À première vue, rien d’extraordinaire. Mais à Alès, cette combinaison évoque un souvenir cuisant. En octobre 2015, l’association de défense des animaux, habituée des révélations chocs, dénonçait les pratiques de l’abattoir d'Alès. Une enquête particulièrement marquante, relayée (très) massivement, qui a laissé l’établissement exsangue et profondément ébranlé. Le coup d’envoi d'ailleurs d’une grande série d’investigations fracassantes sur les abattoirs français, ouvrant même un débat national sur les conditions d’abattage.

L214, fondée en 2008, est une association française de défense des animaux utilisés pour l'alimentation. • DR

À Alès, les images dévoilaient des scènes comme la mise à mort de chevaux, de bovins et de moutons, parfois sans étourdissement, ainsi que, pour la première fois, le gazage de cochons dans une cuve de CO2. Ces révélations avaient provoqué un tollé, débouchant sur des actions judiciaires. Depuis, le nom de L214, tiré de l’article du Code rural qui reconnaît les animaux comme des êtres sensibles, demeure lourd de sens sur le bassin. Si certains saluent son travail, d’autres y voient une présence peu souhaitable, voire menaçante. Pourtant, ce jeudi 21 novembre, L214 fait son retour à Alès, là où tout a commencé. Une apparition qui ne manquera pas de raviver les mémoires et, peut-être, les tensions ? Mais cette fois, l’association ne cible pas l’abattoir qui est, pour rappel, menacé de fermeture, mais un acteur implanté depuis quelques heures, la Boulangerie Louise, située au 688 Route de Nîmes (relire ici). Toutefois, il est essentiel de préciser que ce n’est pas la boulangerie d'Alès en particulier qui est visée, mais bien le groupe auquel elle appartient.

Des engagements ambitieux… restés en suspens ?

Il y a quatre ans, Boulangerie Louise s’était positionnée parmi les acteurs prêts à opérer un tournant en matière de bien-être animal. Dans un communiqué de l’époque, l’enseigne avait annoncé des mesures ambitieuses. Parmi celles-ci : mettre fin à l’entassement des poulets dans des élevages intensifs où jusqu’à 20 animaux partagent un mètre carré, bannir les pratiques de sélection génétique visant à accélérer artificiellement la croissance des animaux, et garantir des conditions d’abattage plus humaines, notamment en stoppant l’accrochage des poulets vivants par les pattes.

Illustration/Canva

Mieux encore, Boulangerie Louise s’était engagée à offrir à 20 % de ses poulets un accès à des espaces extérieurs ou à des jardins d’hiver, rompant ainsi avec les pratiques purement industrielles. Ces efforts devaient être accompagnés de “reportings” réguliers, permettant de rendre compte des progrès réalisés auprès des consommateurs. Mais, selon L214, ces belles promesses sont restées lettres mortes. « Boulangerie Louise refuse depuis 2020 de fournir les preuves de ses progrès en faveur des poulets », s’indigne l’association dans son communiqué. « Nous demandons donc à Boulangerie Louise de rattraper son retard et d’honorer son engagement en publiant un reporting au plus vite. »

Une pétition pour faire bouger les lignes

Profitant de la visibilité offerte par l'ouverture du magasin, L214 a lancé, comme pour contrer, une pétition appelant Boulangerie Louise à respecter ses engagements. En quelques heures, celle-ci a recueilli près de 2 500 signatures. L’association souligne que d’autres enseignes, comme La Mie Câline ou Burger King, ont pris des mesures concrètes et communiquent régulièrement sur leurs avancées. « Que deviennent ces engagements ? Sont-ils suivis de faits ? », s’interroge L214. Une campagne qui intervient dans un contexte où, il faut bien le dire, les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux questions de bien-être animal. Pour les marques, afficher des pratiques éthiques est désormais perçu comme une nécessité et non - souvent, du moins - comme un simple argument marketing.

La pétition a été lancé il y a quelques heures.  • Capture d'écran

Un dialogue encore possible ?

Alors que la pétition continue de gagner du terrain, l’enjeu pour Boulangerie Louise dépasse la simple question des engagements de 2020. Il s’agit aussi de regagner la confiance de certains consommateurs qui, plus que jamais, scrutent les pratiques des entreprises, comme le prouvent les commentaires sous la pétition. Contactée ce jour pour obtenir des précisions sur sa position et ses actions, Boulangerie Louise n’a pas encore donné suite à nos sollicitations à l’heure où nous écrivons ces lignes. Reste à savoir si l’enseigne choisira de s’exprimer dans les jours à venir, pour apaiser une situation qui, sinon, pourrait probablement ternir durablement son image.

La pétition de L214 est à retrouver ICI

Louis Valat

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