"Avant on avait une formule, on disait que tous les enfants du quartier font de la musique car ils en faisaient tous à un moment dans leur scolarité. Depuis l'année dernière, tous les enfants du quartier font de la musique en même temps", sourit Pierre-Esteban Rivero, responsable de l'action culturelle du conservatoire de musique du Pays d'Arles. Mardi 27 mai, 480 enfants ont présenté sur trois scènes, installées devant l'école Jules Vallès, sur la place Vincent Auriol, puis sur la place Gustave Ferrié, une année de travail avec le conservatoire de musique au sein du quartier de Griffeuille dans le cadre du projet "Mon quartier en musique".

Rendre la musique accessible à tous

Cela fait six ans que le conservatoire intervient au sein des écoles du quartier avec le soutien de mécènes. Mais depuis un an, le projet de l'école de musique a été retenu dans le cadre du programme "Notre école, faisons-la ensemble" (NEFLE), lancé en 2022 par le gouvernement dans l'objectif d'apporter un soutien financier à des projets pédagogiques. "Cela a vraiment permis de changer de dimension. Avant on ne faisait que les orchestres à partir du CM1 et grâce au soutien de l'Éducation Nationale, on intervient dès la crèche jusqu'à la fin du collège", se réjouit Pierre-Esteban Rivero. Les enfants essaient les instruments d'un orchestre symphonique et ils en choisissent un qu'ils travaillent deux fois par semaine à partir du CM1.

Le premier objectif de ce partenariat est scolaire. "Cela apaise les classes. À la fin on est vraiment jugés sur la progression des élèves dans les apprentissages fondamentaux parce qu'on s'aperçoit que les gens qui font de la musique sont meilleurs en français et en maths", soulève-t-il. L'autre enjeu est de montrer que l'apprentissage de la musique est accessible à tous. "Ce n'est pas qu'une formule, il faut que les gens du quartier sachent qu'ils peuvent venir apprendre et faire de la musique classique. On veut qu'il y ait un pont qui se fasse pour qu'ils viennent s'inscrire au conservatoire", explique Pierre-Esteban Rivero. Le directeur du conservatoire, Fréderic Zenatti, abonde en son sens. "Notre conservatoire est très engagé depuis de nombreuses années sur des dispositifs d'éducation artistique et culturelle. On travaille depuis plus de 40 ans avec des écoles du territoire pour apporter une éducation musicale aux enfants, afin qu'il n'y ait pas seulement les gens qui ont envie de venir apprendre le piano ou la guitare qui bénéficient de nos cours. C'est un combat que j'ai presque envie de qualifier de militant", rapporte-t-il. 

Pérenniser le travail avec les écoles

Ce projet est mené en partenariat avec la Maison de quartier, qui a impliqué des associations qui se sont par exemple occupées de la décoration des trois scènes. Le conservatoire ambitionne également de travailler avec des associations de danse et d'écriture dans les prochaines années. Le partenariat signé avec l'Éducation Nationale prendra fin en juin 2027, mais le conservatoire souhaite le pérenniser. Deux partenaires privés soutiennent déjà le projet, la Fondation Cleris et le fonds Choeur à l'ouvrage. "Ce sont des partenaires financiers mais ils sont aussi engagés à titre personnel sur ce projet, son développement et sa pérennité", souligne Frédéric Zenatti. Outre les écoles et le collège de Griffeuille, des écoles de Raphèle et de Mas Thibert ont également présenté leur projet sur la place Vincent Auriol, à 17h30, dans un objectif de mixité sociale. "Quand les gens viennent dans ce quartier, ils se rendent compte que ce n'est pas ce qu'on imaginait. Donc on a envie que les habitants se croisent", explique Pierre-Esteban Rivero qui perçoit ce projet comme un laboratoire. "On a envie de voir jusqu'où la musique peut changer les choses et améliorer le quotidien des gens."