Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 27.01.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 531 fois

TRICASTIN Orano et EDF optimistes pour 2024

Le directeur de la centrale EDF du Tricastin Cédrick Hausseguy et son homologue du site d'Orano Pascal Turbiault, vendredi matin à Lapalud (Vaucluse)

- Photo : Thierry Allard

Le nucléaire a le vent dans le dos, et ce ne sont pas les discours tenus lors de la cérémonie de voeux du site de Tricastin, vendredi à Lapalud (Vaucluse) qui le démentiront.

« Il y a eu un avant et un après le discours de Belfort », pose le directeur d’Orano Tricastin Pascal Turbiault. Belfort où, début 2022, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait le lancement d’un programme de nouveaux réacteurs nucléaires et le prolongation de la vie de ceux déjà en activité. L’atome est donc revenu en grâce après des années difficiles post-Fukushima. « La filière nucléaire dispose d’atouts solides pour répondre aux enjeux », estime le patron du site Orano, notamment les enjeux de souveraineté énergétique, devenus plus prégnants que jamais avec la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Russie qui reviendra dans le discours, en tant qu’acteur encore incontournable de la filière, mais qui le sera de moins en moins. Ainsi, le site Orano Tricastin, qui représente à lui seul « 40 % de la capacité occidentale de conversion et 30 % de la capacité occidentale d’enrichissement de l’uranium », soit de quoi alimenter « 90 millions de foyers dans le monde », rappelle son directeur, va voir cette capacité croître. Son usine d’enrichissement de l’uranium Georges-Besse 2 va ainsi être agrandie, et le projet, déjà évoqué dans ces colonnes, avance.

Car à l’heure actuelle, la Russie représente encore 30 % des approvisionnements du marché occidental en uranium enrichi, nécessaire au fonctionnement des centrales. L’idée est donc d’agrandir l’usine d’Orano Tricastin pour « réduire rapidement cette dépendance », pose Pascal Turbiault. Rapidement, c’est à dire « être prêt à produire dès 2028, soit demain à l’échelle du nucléaire », rajoute-il. Validé par le board d’Orano, le projet va faire l’objet d’une enquête publique du 29 mars au 30 avril, et « nous visons toujours un début du génie civil en septembre 2024, vous pouvez noter cette date dans vos agendas », lance le directeur du site.

Si tout se passe bien, ce sera une vraie performance, « en moins de 18 mois », rappelle-t-il. Ce projet, ajouté à deux autres (la construction d’un nouvel atelier de maintenance des cylindres et la modernisation des usines de défluoration) représente « près de 3 milliards d’euros d’investissements et d’achats d’ici 2033 pour nos activités chimie-enrichissement », lance Pascal Turbiault, dont environ la moitié pour l’extension de Georges-Besse 2. Et Orano a recruté plus de 800 personnes en 2023 sur sa partie sud-est, « et nous visons plus de 1 000 recrutements en 2024 », glisse le directeur.

« Des annonces pourraient être formulées en 2024 »

Côté EDF, l’enthousiasme est aussi perceptible. Le directeur de la centrale EDF du Tricastin Cédrick Hausseguy soulignera la production de l’installation en 2023, « près de 23 TW, soit plus de 7 % de la production nucléaire française, notre objectif a été ainsi dépassé. » Et ce alors que le programme industriel Grand carénage, qui vise à prolonger la vie des réacteurs, se poursuit, pour un investissement « d’1,6 milliard d’euros sur la période 2018-2028 », en parallèle des visites décennales des quatre réacteurs, la quatrième venant de démarrer « pour une durée de six mois ».

Comme chez Orano, EDF a embauché à tour de bras en 2023, « 63 salariés en CDI et 54 alternants », précise le directeur, « avec une priorité au territoire », notamment en travaillant avec le lycée Einstein de Bagnols et le CFAI du Gard. Le niveau de recrutements devrait rester le même en 2024. « Depuis trois ans, nous avons recruté, en CDI, plus de 200 personnes, soit la taille d’une belle PME », souligne Cédrick Hausseguy.

À l’issue de la visite décennale du 4e réacteur, la centrale sera habilitée, si tout va bien, à fonctionner jusqu’à son cinquantième anniversaire. Et « notre programme industriel ambitieux vise à renforcer toujours davantage la fiabilité de nos installations et à préparer d’ores et déjà la poursuite de fonctionnement au-delà des 50 ans », reprend le directeur de la centrale, qui « vise clairement une exploitation jusqu’à 60 ans. » Et, comme EDF le dit clairement maintenant, « la cible d’une durée de fonctionnement étendue à 80 ans n’est plus taboue, et commence à être étudiée », rajoute Cédrick Hausseguy.

Reste un sujet : l’EPR2, que Tricastin a tout fait pour obtenir l’année dernière et qui sera finalement bâti à Bugey (Ain). Il se murmure toutefois que le site drômois et vauclusien pourrait obtenir une paire de nouveaux réacteurs plutôt rapidement. « Je ne suis pas dans les grands secrets, je n’ai pas de scoop », commencera le directeur de la centrale. Toutefois, « j’ai compris que des annonces pourraient être formulées en 2024, l’avenir nous le dira. » Des annonces attendues aussi à Marcoule, pressenti pour accueillir un SMR, un petit réacteur nucléaire. Décidément, l’année qui s’ouvre s’annonce faste pour la filière.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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