Alexandra Deman refuse de révéler son âge. Une coquetterie ? Peut-être. Mais après tout, qu’importe les années, seul le regard est le reflet de l’âme. Celui-là, surmonté d’une franche droite balayée par une main délicate, est pétillant. « Un Perrier menthe et un Coca, s’il vous plaît ».
Assises à la terrasse du Calendal à Arles, nous poursuivons notre rencontre qui a démarré, quelques minutes auparavant, à la porte des sanitaires, sans le savoir l’une et l’autre. « Je suis en train d’arrêter de fumer », lâche-t-elle en allumant une cigarette, amusée par l’ironie de la réponse : « C’est en bonne voie ! ». Sous nos nuages de fumée, des flots de mots pour raconter un parcours singulier, dans un désordre chronologique, ah ces artistes… Car Alexandra Deman en est une, d’ailleurs elle baigne dans l’univers de la peinture depuis son enfance. « Mon école des « Beaux-Arts » s’appelle Albert Deman », indique-t-elle. Un père, un illustre artiste-peintre qu’elle a toujours regardé avec admiration. Elle en éprouve tout autant pour sa mère, Andrée. Mais entre le papa et sa fille, la transmission se fait en silence. L’art ne se dicte pas, l’art se vit, s’éprouve. À l’adolescence, celle que l’on peut facilement surnommer Alex, fait ses premières armes encouragée par son père, submergée …