FAIT DU SOIR Entre espoirs et bouleversements, le cœur des vignerons balance
La Fédération gardoise des vins IGP fait le bilan de sa saison. Vendanges gardoises 2024, été oenotouristique, état de la filière dans le Gard, future édition des Vignes Réboussières… On vous dit tout !
Le Gard est clairement un département agricole. Plus, viticole même ! Alors il faut faire bouger ce territoire, l’entretenir et essayer d’en tirer des ressources économiques qui permettent aux riverains d’en vivre, au paysage d’être valorisé et aux Gardois d’avoir de bons et beaux produits à déguster. Du côté de la fédération gardoise des vins IGP du Gard, on bouge depuis quelques temps déjà mais la situation est compliquée et ne va pas en s’arrangeant. Heureusement que les vignerons ont le courage de leurs idées et qu’ils aiment plus que tout leur métier et leurs terres.
Si le vin n’a plus trop la cote, il faut reconquérir des marchés. Les vins rouges de nos IGP sont caractérisés par une structure équilibrée et des tannins doux. Les vins rosés et blancs sont vinifiés afin de conserver fraîcheur et finesse aromatique. L’essentiel de la production est vendu jeune et présente des profils sensoriels et aromatiques très appréciés.
L’IGP Gard est bordée par la mer Méditerranée, les Cévennes et le Rhône. Le département du Gard sait profiter de ses nombreuses richesses culturelles. La vigne est indissociable des oliviers, de la culture taurine et des ferias. Habituellement, le Gard produits 200 000 hectolitres, dont 100 000 qui sont vendus en vrac.
« Il faut réinventer l’agroécologie. Nous avons des bases de travail, nous devons être en capacité de réagir à certains enjeux », souhaite Denis Verdier, président de la Fédération Gardoise des IGP. Il poursuit : « Il reste encore un peu de raisin à rentrer mais on a une vision assez précise. J’ai envie de piquer un coup de gueule… On nous a enfermés dans un schéma épouvantable. Nous sommes favorables à l’idée de rentrer dans une notion de respect environnemental. Nous discutons comment on peut aller vers cette transition écologique nécessaire. Les normes et règles, pensées à Bruxelles ou Paris, n’ont pas intégré le changement climatique qui va très vite. »
Ces phénomènes se sont accentués en dix ans et les normes qui n’ont pas été pensées par des paysans sont dans un mauvais schéma. Pour cette campagne, dans le Gard, on a eu une période d’humidité et de pluie au moment de la fleur du raisin.
Le président Verdier poursuit : « Ça a introduit une sévère période d’attaque de Mildou, traditionnel adversaire du vigneron. Période exceptionnelle pour laquelle nous n’avons pas pu nous défendre. Les parcelles de grenache et de merlot sont dévastées. En Europe, ils n’ont pas les mêmes notions de ces normes inapplicables. On demande, à titre exceptionnel, des dérogations pour que l’on puisse se défendre tout en respectant l’environnement. Si on veut rester dans ces schémas, nous allons perdre des récoltes. »
Trop de contraintes : les vignes crèvent et les vignerons laissent des parcelles entières à l’abandon. L’arrachage sera sans doute terrible au vu de sa grandeur. « Mais là aussi on ne sait rien… Tout est flou, l’enveloppe comme le calendrier mais nous devrions en savoir plus dans quelques jours. »
Préoccupé par le résultat des faibles récoltes, Denis Verdier alerte. Un chantier énorme dont les questionnements sont nombreux. Urgence il y a, encore. « C’est une des plus faibles depuis bien des années et le prix du vin baisse aussi. Des gens vont souffrir, leurs revenus ne seront pas les mêmes. Nous sommes extrêmement inquiets de cette future situation sociale de la filière ! Tout est menacé si nous n’arrivons pas à renverser la tendance. »
Les équipes d’ICV s’engagent vers des objectifs, valorisent les produits intéressés, font gagner en qualité et en régularité, et accompagnent sur l’innovation. Tout ce qu’il faut dans un univers aussi complexe que celui du vin au XXIe siècle.
Le Groupe ICV, ce sont cinq métiers dédiés à l’élaboration du vin : l’analyse, le conseil, les produits œnologiques, la formation et la recherche & développement. Au cœur de l’économie sociale et solidaire, le Groupe ICV est porté par des valeurs coopératives fortes. Gérard Sanchez, directeur du secteur Gard pour le groupe ICV, du centre œnologique de Nîmes, explique : « La climatologie a été défavorable avec plus de 35 jours de pluie à la période. Une année sur trois nous sommes confrontés à ce phénomène. Les cépages peuvent être plus ou moins sensibles au Mildiou. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le sud du Gard est entre -25 et -30 % de récolte par rapport à l’an passé. Les Côtes du Rhône annoncent -40 et -60 % de perte de récolte, c’est vertigineux ! Un secteur s’en sort un peu le centre et le Piémont cévenol qui ont un peu mieux résisté. »
À savoir… En Occitanie, entre 2009 et 2023, la production a baissé de plus de 20 % (soit 1,5 point par an) et les surfaces voient elles aussi une chute avec 18 % en moins. En connaissant les problèmes sanitaires, la baisse du rendement moyen enregistré est quant à elle, sur la même période, de 7 %.
La récolte sera amputée. On le voit quand on prend la route et qu’on note l’abandon de certaines vignes. « Tenant compte de la superficie, le Gard produit en général 3,2 millions hectolitres. On a fait, en 2023, 2,9 millions d’hectolitres. Si en 2024 nous en produisons 2,5, on sera content mais on pense plutôt à 2,3 millions hectolitres. Il reste encore 12 ou 13 jours de récolte et pour certaines caves on en est à la neuvième semaines de récolte, mais ils veulent valoriser leur potentiel œnologique en récoltant un raisin parfaitement mûr ! »
La qualité des produits, par contre, sera bonne en blanc et rosé. En phase avec les demandes des acheteurs. Le vin rouge va baisser en volume mais des choses sont très intéressantes. Notre millésime 2023 est opposé à celui de cette année. Les vins seront moins opulents et denses, plus fruités et frais en bouche. Plus adaptés au marché donc.
Engrais, verres, cartons… entre 2021 et aujourd’hui, les professionnels ont pris +30 % d’augmentation des prix. Un tracteur a pris 50 % de son coût et le prix du vrac a baissé de 30 %. « On ne peut même plus amortir nos achats… Certains ont gagné trop d’argent sur notre dos. On ne peut pas construire une filière avec autant de problèmes. Les choses doivent être rééquilibrées, on ne peut pas prendre tout ça de plein fouet à chaque fois ! », avoue Christophe Aguilar, président des Vins IGP Coteaux du Pont du Gard.
Christel Guiraud, président des vins IGP Cévennes et propriétaire du Domaine des Loubatières, poursuit : « On arrivait un peu à cadrer quelques problèmes mais le Mildiou et les faibles dosages de cuivre nous font faire beaucoup de souci… » Christophe Aguilar, président des Vins IGP Coteaux du Pont du Gard, Domaine de la Patience, reprend : « Cette année, la situation a été hors de contrôle. Le constat c’est qu’on met en péril le revenu des gens dans des situations qu’ils ne peuvent plus gérer. Nous sommes dans des impasses techniques. Nous avons besoin de produits curatifs, nous ne l’avons pas vraiment vu venir… Aujourd’hui, on a pris le mur de face. »
Dans l’IGP, la valorisation, la vente de proximité ou à l’export, sont les meilleurs atouts des vignerons. La fédération des vins IGP du Gard a le souci de s’adapter à la consommation. « On a toujours autant de monde qui s’intéresse et qui vient acheter nos vins. Nous avons des raisonnables car nous sommes en vente directe », ajoute Christel Guiraud.
La fête du vin d’Anduze, du 19 au 21 juillet derniers, a rassemblé 25 caves et domaines pour 973 dégustateurs et 2 800 ventes de bouteilles soit un total de 28 000 euros de vente de vin. « C’était la première fois que nous organisions une soirée d’ouverture pour les 15 ans de cette animation qui a accueilli 250 visiteurs. Le public a pu découvrir des produits spéciaux. C’était un bon week-end ! », notent Éléonore Anger et Alix Bailly, du pôle promotion et communication de la fédération gardoise.
Belle réussite pour une autre animation. Celle des Vignerons sur le Pont, les mercredis du 17 juillet au 21 août ont réuni 18 caves et domaines par soirées pour 2 100 bouteilles venues à 10 000 dégustateurs et 21 000 verres servis donc tickets donnés à des caves. Total ? 26 000 euros de vente de vin. « Six soirées avec 18 caves tous les soirs sauf le dernier où il n’y en avait que 15 à cause des vendanges. C’est la première année où nous recevions au moins 2 000 entrées payantes tous les soirs ! » Quasi trois fois mieux que l’année dernière. Pour les dix ans, en 2025, quelque chose de plus festif sera prévu.
Lors de la fête du vin à Saint-Ambroix, le 4 août, il y avait 14 caves et domaines pour 658 dégustateurs et 2 300 ventes de bouteilles soit un total de 22 000 euros de vente de vin. Créer une image collective, de la notoriété. « On a réduit le nombre de caves mais c’est une année record avec 5 000 euros de plus que lors du dernier record. Nous atteignons 22 000 euros de vente de vin, c’est encourageant. Le décalage des horaires a plu, le temps était au rendez-vous, tout comme les passionnés », affirment Alix et Christel.
« L’œnotourisme est un point essentiel sur lequel on doit jouer », conclut Denis Verdier qui veut conserver pour le Gard une image bachique qu’on aime tous !
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