Depuis fort longtemps l’économie du livre nourrit son lot de fantasmes, cela grâce ou à cause notamment d’un marché qui enregistre ces dernières années une belle progression, se plaçant ainsi dans le peloton de tête des grandes industries culturelles françaises. Pour autant, l’édition reste un secteur économique particulier qui conjugue l’incertitude du succès et l’importance de l’investissement. Autrement dit, l’éditeur - ou l’éditrice ! - prend le plus souvent des risques financiers au moment de publier un ouvrage. Ce n’est pas Marion Mazauric, la fondatrice de la maison d’édition Au diable Vauvert, qui dira le contraire ; elle qui depuis bientôt vingt-cinq ans mène bataille pour financer son indépendance à la fois éditoriale et géographique.
Un engagement intellectuel
« Ça n’a pas été facile tous les jours, il y a eu des hauts et des bas », mais aujourd’hui, sur le plan financier, ce superbe écrin littéraire semble avoir trouvé son rythme de croisière avec un chiffre d’affaires 2023 de près de 1,4 million d’euros qu’accompagne une écurie composée d’une quarantaine d’auteurs. « Depuis le début, l’objectif est de compenser l’économie de l’offre en construisant une écurie très qualitative sur le plan éditorial, et cela en suivant les auteurs jusqu’à ce qu’ils deviennent célèbres. »
Cet état d’esprit et ce principe de fonctionnement, Marion Mazauric l’a puisé en partie chez ses aînés, auprès notamment des Éditions de minuit longtemps dirigées par …