« Vous partirez sur une entrée-plat-dessert ? » La serveuse n’a pas fini de présenter le menu qu’Abdallah a déjà une idée bien arrêtée sur le déjeuner qu’il va prendre. Ce jour-là, ce sera œuf poché et brandade de morue. Pour ce dernier plat chaud, on constate qu’il connait bien ses classiques nîmois… L’octogénaire au caractère bien trempé en impose. Cette rigueur physique et intellectuelle, le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) la tire peut-être de sa jeunesse dans la gendarmerie française. « À Constantine, en 1962, à la fin de la guerre d’Algérie. Au moment de l'indépendance, le gouvernement français de l’époque laissait trois options sur la table. Soit tu rentrais en France. Soit tu démissionnais avec une indemnité à la clé. Ou alors tu restais dans la gendarmerie française mais en Algérie. Avec plusieurs Algériens gendarmes, on s’est dit tout de suite qu’il fallait aider l'Algérie indépendante. Ils avaient besoin de cadres, de formateurs. »
La guerre d’Algérie est encore aujourd’hui dans toutes les mémoires. Abdallah Zekri a-t-il lui-même participé à des combats ? « Oui. Essentiellement de maintien de l'ordre, y compris contre l'OAS (ancienne organisation terroriste clandestine). » Il n’en dira pas plus… Par pudeur ? Pour ne pas raviver de mauvais souvenirs ? Le Nîmois préfère aborder la suite de son cheminement personnel. « Je suis passé sous-lieutenant, officier de gendarmerie. Et puis automatiquement, dans un groupement de gendarmerie, comme commandant adjoint. »