« On a de la viande de chez Laurent. Une boîte d’œuf de chez Vincent et une autre de chez Carole. Pas de jaloux. » Le ton est joyeux, le sourire contagieux. Elizabeth Adam enregistre les produits, avec une pointe d’accent so british. Sur sa caisse tactile, elle coche pour chaque produit, le nom de son producteur. En fin de mois, chacun des 20 producteurs et les 2 artisans membres de la halte paysanne de Saint-Dionisy perçoivent le produit exact de leurs ventes. Ils reversent un pourcentage des sommes gagnées à la halte. « C’est équitable. En ce moment, la productrice de chèvres ne produit rien car c’est la période de mise à bas et un pourcentage de zéro, c’est zéro », résume Elizabeth, les yeux pétillants sous ses lunettes XXL. Il n’y a pas d’employé, chaque producteur vient, à tour de rôle, tenir la boutique. Le temps qu’ils doivent y consacrer est calculé en fonction de leur chiffre d’affaires.
Non aux choux-fleurs espagnols
Elizabeth y vient trois demi-journées par mois. Une dame emmitouflée dans une doudoune verte entre et dépose sur la caisse des pots en verre, barrés d’une étiquette « ratatouille ». Elle revient quelques minutes plus tard avec trois bocaux : de la soupe de potimarron mais aussi deux pots de ratatouille. « Vous aimez la ratatouille », la taquine Elizabeth. Cette cliente venue de C …