Publié il y a 1 an - Mise à jour le 22.01.2023 - Norman Jardin - 3 min  - vu 2017 fois

FAIT DU JOUR Le Conservatoire historique de l’aéronavale sauve un avion du patrimoine voué à la casse

Les membres du CHAN devant le Bréguet Atlantic BR1150

Les membres du CHAN devant le Bréguet Atlantic BR1150

- Photo : Norman Jardin

Fondé en 2011, le Conservatoire historique de l’aéronavale (CHAN) à Nîmes restaure un Bréguet Atlantic BR1150 qui était voué à la casse. Ces passionnés entretiennent un appareil qui sera bientôt le dernier modèle en France. Rencontre avec ces amoureux de l’aéronavale bien décidés à sauver ce patrimoine des armées.

Chaque jour, des centaines, voire des milliers d’automobilistes tournent la tête pour le regarder quand ils passent à sa hauteur. Lui, c’est l’imposant Bréguet Atlantic BR1150 exposé au 503e Régiment du Train en bordure de la route de Saint-Gilles. Si, aujourd’hui, l’appareil de 50 tonnes trône fièrement sur ses roues, c’est grâce au travail acharné d’un groupe de passionnés gardois qui, en 2011, a fondé le Conservatoire historique de l’aéronavale à Nîmes. Cette dernière était présente à Nîmes pendant un demi-siècle de 1961 à 2011. La mission que le CHAN s’est fixé est colossale et ses membres concentrent leurs efforts sur le Bréguet Atlantic qui était destiné à la destruction en 1996, après son dernier vol sur les Champs-Élysées à l’occasion de la fête nationale.

Il faut parfois se contorsionner pour entretenir l’appareil • Photo : Norman Jardin

«Nous l’avons sauvé, mais sans entretien son état se détériorerait »

« Cela coûtait 100 000 € pour le détruire, alors l’armée a décidé de faire cette économie. Normalement, ce genre d’avion dort dans des hangars, mais ici il est dehors en permanence et sa seule protection c’est la peinture », explique Marc Guittard, le président du CHAN. Le vénérable avion est alors épargné, mais pas pour autant sauvé des ravages du temps et de la corrosion. « Notre travail ne consiste pas à faire voler le Bréguet, mais à le rendre présentable. Quand nous l’avons récupéré en 2011, il était en mauvais état et à l’intérieur il y avait beaucoup de manque. Nous l’avons sauvé, mais sans entretien son état se détériorerait », assure le président. L’ancien officier de marine dirige l’association qui compte près de 200 membres, dont une trentaine travaille sur l’avion. Les autres soutiennent moralement et financièrement.

La peinture est la seule protection de l’appareil • Photo : Norman Jardin

Il n'y en a plus que trois en France

Il n’est pas facile de trouver des pièces d’un appareil qui se fait de plus en plus rare. Alors, l’association nîmoise déniche les parties manquantes dans les casses, les musées, les brocantes et même auprès des antiquaires : « Nous avons trouvé des pièces dont on pensait qu’elles n’existaient plus. Il ne reste que trois appareils de ce modèle en France. Un à Lorient qui va être détruit et un autre au Bourget qui n’est pas entretenu », détaille Marc Guittard. Tous les jeudis matins, les membres de l’association s’activent aux petits soins de l’appareil sexagénaire.

« En 1975, c’est un Bréguet Atlantic qui a retrouvé le chanteur Daniel Guichard qui était perdu dans le désert du Niger »

Dans l’équipe du CHAN, il y a Jacky qui revendique plus de 10 000 heures de vol dans l’aéronavale. Autant dire que le Bréguet n’a aucun secret pour lui. L’ancien mécanicien de bord a une mission très précise : « Je m’occupe de la corrosion extérieure pour qu’il ne s’abime pas plus. » Jacky prend du plaisir à préserver le patrimoine des armées : « La plus grande fierté c’est quand des gens viennent visiter l’appareil car nous voulons transmettre notre passion. » Marc Guittard est incollable sur cet avion et il rappelle une drôle d’anecdote : « En 1975, c’est un Bréguet Atlantic qui a retrouvé le chanteur Daniel Guichard qui était perdu dans le désert du Niger. »

Le CHAN restaure aussi un Bréguet Alizè 48 • Photo : Norman Jardin

Il est possible de visiter le Bréguet Atlantic

Si le Bréguet Atlantic 31 focalise toutes les attentions, le CHAN se penche aussi sur le cas du Bréguet Alizé 48 qui se trouve dans un état inquiétant. Un appareil plus petit et qui se posait sur les porte-avions Foch et Clémenceau, avant un atterissage qui s'est mal passé. Le Conservatoire historique de l’aéronavale à Nîmes est actif et cherche des nouveaux membres, notamment parmi les jeunes générations. « Nous aimerions faire perdurer notre action. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues et c’est moins compliqué que cela n’y parait », souligne Marc Guittard. Il est possible de visiter le Bréguet Atlantic. Pour cela, il suffit de consulter le site Internet du CHAN où à partir de ce lundi les demandes de visites seront disponibles.

Norman Jardin

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