Pendant un siècle et sur trois générations, une famille cévenole a rassemblé des livres pour la jeunesse. Cette belle bibliothèque est passée, de main en main, de grand-mère à petite-fille. La Transmission ne s’arrête pas là.
En 2020 Sylvie Lucas, la gardienne de cet héritage précieux, décide de le donner à la Bibliothèque Carré d'Art de Nîmes.
Contes et fables, albums, bandes dessinées ou revues, cette collection de plus de trois cents documents témoigne de l'édition pour la jeunesse de 1860 à 1960. L'exposition Dessine-moi une histoire questionne le rôle de ces livres comme le reflet de l’instruction et du divertissement des enfants, à différentes époques.
Les éditeurs, auteurs et illustrateurs nous font, très jeunes, partager les aventures de leurs héros et les souvenirs des lectures d'enfance nous accompagnent la vie durant.
Perrault et La Fontaine, Gustave Doré et Jules Verne, Job et Benjamin Rabier, Martine ou Fantômette dialoguent ici avec un patrimoine plus ancien et avec la toujours florissante édition contemporaine pour la jeunesse.
La bibliothèque du don « Sylvie Lucas » est passée de main en main par des femmes. Elles ont transmis le goût de la lecture et, plus encore, l'amour des livres !
Cette bibliothèque familiale révèle une belle diversité de livres : des contes lus à notre chevet et devenus intemporels, des « illustrés » dont les héros peuplent l'imagination, ou des séries nous tenant dans l'attente de la suite d'un numéro à l'autre...
En dépit de fréquentes manipulations par les petites mains de très jeunes lecteurs, les livres, dont la Bibliothèque Carré d'Art hérite, sont en parfait d'état d'usage. Certes, quelques-uns ont servi de cahiers où le coloriage exprime la débordante créativité enfantine.
D'autres portent les signatures maladroites de leurs illustres possesseurs : pour un enfant, les contes sont des trésors dont on prend soin et que l'on revisite souvent (« s'il te plaît, raconte-moi encore cette histoire... »).
Le Liber manualis Wilelmi, conservé à la Bibliothèque Carré d'Art, est sans doute le plus ancien texte connu en Europe pour avoir été écrit par une mère à son enfant. Ce manuscrit a été rédigé à Uzès, entre 841 et 843, par Dhuoda, « princesse » carolingienne. Ce manuel était destiné à l'édification morale de son fils, éloigné d'elle pour des motifs politiques.
Jusqu'à la fin du XVIle siècle, l'éducation « aux civilités, à la morale et aux Antiquitez » des jeunes seigneurs s'effectuait surtout à l'aide de textes anciens écrits pour des adultes. Puis, le XVIlle siècle a vu l'essor des ouvrages adaptés au jeune public, du fait de la progressive reconnaissance sociale de l'enfant comme une personne à part entière.
La première moitié du XIXe siècle voit l'évolution des techniques d'impression facilitant la reproduction des illustrations. Sollicités par de prestigieuses maisons d'édition, des dessinateurs accèdent à la renommée, comme Gustave Doré.
Le conte est quant à lui universel, il raconte ce que nous sommes : courage et lâcheté, probité et fourberie, grandeur et bassesses. La peur se trouve au détour du chemin. C'est la crainte de l'inconnu : le monstre est dans le placard et les fantômes, qui n'existent pas, nous effraient. C'est aussi la peur de la nuit ou de l'abandon...
Les peurs de l'enfance sont un passage obligé dans les récits : nous les affrontons, ils nous aident à grandir.
La bibliothèque familiale du don « Sylvie Lucas » conserve un bel ensemble d'histoires originaires de plusieurs contrées. Partout, les contes font appel au merveilleux. Depuis l'enfance, nous savons que la magie existe quelque part, dans notre imagination, dans nos souvenirs, dans nos lectures.
Elle nous invite au pas de côté. Dès lors, pourquoi ne pas sortir du chemin bien tracé au milieu de la forêt