NÎMES Festival flamenco : Lucía Álvarez "La Piñona", artiste inclassable, insatiable
Acclamée à la Biennale de Séville, la création de Lucía Álvarez, Insaciable, a également trouvé son public à Nîmes. Retour sur la soirée de clôture de la première semaine du festival flamenco.
"Pourvu que le duende soit avec nous !" Heureux ceux qui, comme cette spectatrice installée au premier rang de la salle archipleine Bernadette-Lafont, en ont été témoins. Ils étaient visiblement nombreux.
Hier avait lieu la soirée de clôture de la première semaine du festival flamenco à Nîmes, événement qui se poursuivra jusqu'au samedi 20 janvier. Elle a été confiée à Lucía Álvarez, danseuse andoulouse, décrite comme l'une des plus singulières de sa génération. "La Piñona" a présenté sur les planches nîmoises, Insaciable, une création très personnelle, débridée, déjà acclamée lors de la dernière Biennale de Séville, en 2022.
Ce spectacle se joue dans un décor sobre, sans artifice, simplement animé par un jeu de lumière, celle qui guide l'artiste, l'emmène vers l'exaltation, la transe. Mais il faudra d'abord se soumettre à un parcourir iniatique où le désir s'exprime à travers des corps, celui de Lucía Álvarez et du danseur qui l'accompagne sur scène Jonathan Miró. Parfois complices, ne formant qu'un, synchronisés, ou à l'inverse déconnectés, s'affrontant l'un l'autre - l'évocation de la corrida explicite ce combat - indépendants. Les voix de Matías López, "El Mati", de Jesús Corbacho, de José El Pechugita et la guitare de Rámon Amador répondent à ces danses, véritables performances qui mêlent souplesse, élégance, énergie et puissance.
Plutôt discret lors des premiers tableaux, le public s'est finalement libéré de sa retenue à grands coups d'applaudissements. Et si parfois l'esprit s'autorisait quelques vagabondages dans les méandres de la pensée - Mea culpa ! - "La Piñona" n'a pas manqué de rattraper le spectateur par le col pour le ramener sur scène, la musique électronique et le rap venant créer la surprise. Un peu trop peut-être au goût de certains, ce qui a peut-être justifié les moues affichées sur certains visages une fois la salle éclairée. C'était juste après l'acclamation, quelques-uns des spectateurs se sont même levés de leur siège, réservée au groupe de Lucía Álvarez au moment des saluts.
Les rendez-vous du mardi 16 janvier
Paula Comitre : "Après vous Madame", première mondiale, à 18h au théâtre Odéon à Nîmes. David Coria : Los bailes Robados, création 2023, à 21h au théâtre Bernadette-Lafont. Billetterie sur www.theatredenimes.com.
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