Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 20.08.2023 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 993 fois

NÎMES L'Antiquité d'à-côté

Par endroit, on a l'impression que l'antique rempart se fait peu à peu dévorer par la végétation (Photo Anthony Maurin).

Voici en quelques hectomètres une balade nîmoise qui vous fera comprendre l’histoire de la cité tout en restant relativement loin des lieux touristiques.

Les Jardins de la Fontaine, la source mère de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Bien sûr que nous ne vous dirons jamais de ne pas aller visiter l’amphithéâtre, la Maison carrée ou encore la Tour Magne. D’ailleurs, dans moins d’un mois, la Maison carrée, temple le mieux conservé de l’empire romain, est en passe d’être inscrite sur la belle et prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous vous conseillons aussi d’aller faire un tour au Musée de la Romanité mais aussi dans les autres musées de la ville, on y apprend souvent beaucoup de choses et tout ce que vous y apprendrez aura été vérifié et contrôlé. Ainsi, moins de potentiels problèmes par rapport à tout ce que l’on trouve comme références sur Internet.

Les Jardins de la Fontaine (Photo Anthony Maurin).

À Nîmes et pour bien faire, il faut se laisser guider par ses envies, par les flâneries estivales et par l’eau ou l’ombre. Levez les yeux au ciel, regardez chaque recoin de rue et vous verrez Nîmes au fil des âges.

Les jardins, lieu natif du culte

Bon, certes, le premier lieu est populaire, très populaire car il fut le premier parc public d’Europe. Aujourd’hui encore, Nîmois et touristes aiment s’y retrouver pour y passer un moment teinté de fraîcheur et de gaieté. Bienvenue aux Jardins de la Fontaine.

Si vous devez retenir une chose de Nîmes c’est que la cité est vieille, historique et qu’elle est née d’une source. Cette source est une résurgence des eaux de pluies qui s’infiltrent dans les sols karstiques des garrigues, au nord de la ville. C’est autour d’elle que s’installèrent les premiers habitants de Nîmes, les Volques arécomiques qui en firent par la même occasion un lieu sacré dédié au dieu Nemausus.

Plus tard, les Romains l’intègrèrent dans l’Augusteum avec ce que l’on appelle aujourd’hui le Temple de Diane. Ils construisirent le bassin avec ses deux escaliers semi-circulaires en pierre, afin de lui donner un caractère plus monumental. À proximité se dressait certainement un petit temple. Dès la fin de l’empire romain, le site fut abandonné et finit par être enseveli.

À gauche, le Nymphée des Jardins de la Fontaine, à droite, la source, l'endroit où est née la cité (Photo Archives Anthony Maurin).

Malgré ce, au XVIIIe siècle, l’eau de la source jouait toujours un rôle primordial. Elle alimentait les ateliers des teintureries, une des principales activités économiques de la ville, organisée autour de l’industrie du tissu. Nîmes était en pleine expansion et des travaux pour augmenter le débit et assainir l’eau de la Fontaine étaient devenus nécessaires. À cette occasion les ruines romaines furent remises à jour.

Cette découverte connut un retentissement européen, notamment parmi les érudits du siècle des Lumières. Jacques Philippe Mareschal fut chargé par le roi de réaliser un programme d’aménagement ambitieux. Au-delà de l’amélioration de l’approvisionnement en eau, il s’agit alors de mettre en valeur les vestiges et de créer une « promenade jardin » en rapport avec la nouvelle importance de la ville. Les jardins de la Fontaine…

Le castellum, une étrange modernité

Au pied du fort Vauban, prison devenue université (la dernière en date en France), face à la rue d’Albenas, le badaud remarquera une drôle de construction. Un peu en dehors des sentiers battus de la Romanité, voici pourtant un bâtiment quasi unique au monde : le castellum aquae.

À partir de ce bassin circulaire de distribution d'eau, taillé dans le rocher (5,90m de diamètre, 1,40m de profondeur), des canalisations en plomb acheminaient l'eau vers les fontaines publiques et les différents quartiers de la cité. Cet apport supplémentaire en eau contribua à asseoir le prestige de Nîmes, à lui apporter confort et art de vivre à la romaine.

monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).
N'oubliez pas le castellum aquae, un des seuls encore visibles du monde romain (Photo Anthony Maurin). • monument Nîmes (Photo Anthony Maurin).

La construction du castellum et du Pont du Gard, datée du milieu du Ier siècle ap. J.-C., montre que la ville a continué à se développer après la forte impulsion de l'époque d'Auguste.

À l'origine l'ensemble, limité par un mur recouvert d'enduits peints représentant une scène aquatique, était inclus dans un édifice carré à colonnade couvert de tuiles. Les eaux en provenance de la source d'Eure, à Uzès, arrivaient obliquement dans le bassin par une ouverture presque carrée. Une vanne munie d'un cabestan permettait de régler le débit. Six trous carrés ménagés dans la dalle surplombant le canal permettaient à une grille d’arrêter d’éventuelles intrusions. Le trop-plein partait vers le réseau d'égouts contribuant ainsi à l'assainissement de la ville.

À l'entrée du Musée de la Romanité, la trace du rempart antique de Nemausus (Photo Anthony Maurin).

En complétant les basses eaux de la source de la Fontaine en période de sécheresse, il permettait d'assurer la sécurité de l'approvisionnement et facilitait l'évacuation des eaux usées de l'est de la ville. Le castellum était encore connu au XVIIe siècle et fut, semble-t-il, remblayé lors de la construction de la citadelle en 1688. Redécouvert en 1844 par un particulier qui entreprit aussitôt de le mettre au jour, ce type d'édifice n'avait jamais été observé encore en Europe. Il fut racheté par la ville et l'État et classé monument historique.

L’enceinte, la majesté surélevée

Deux ou trois possibilités pour voir, qui un morceau, qui une entrée, qui un vaste tronçon, la muraille antique de Nîmes s’offrent à vous. Tout d’abord en montant au sommet de la Tour Magne, bien sûr, vous en verrez un maximum. Vous avez aussi la possibilité de passer aux portes d’Auguste et de France, de vous rapprocher du cimetière protestant ou d’aller au pied de la route de sauve (ou tout en haut de la colline de Montaury) pour en voir de plus vastes atouts parfaitement conservés.

Au jardin du Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Sur le parvis des arènes vous verrez, en couleur grisée, de drôles de formes. Ici une tour, ici une poterne. Suivez le guide et passez sous le Musée de la Romanité pour aller voir dans ses jardins archéologique un bout de base du rempart.

L'enceinte nîmoise, datée de 16-15 avant JC, englobait dans un périmètre de sept kilomètres un espace de 220 hectares. Haute de neuf mètres, large de deux mètres, elle comptait une dizaine de portes et environ 80 tours dont la Tour Magne. Elle faisait partie des plus longues enceintes de la Gaule avec Vienne et Autun. Le chantier semble avoir duré 15 à 20 ans.

Par endroit, on a l'impression que l'antique rempart se fait peu à peu dévorer par la végétation (Photo Anthony Maurin).

La Porte d’Auguste (ou Porte d'Arles), où passait la via Domitia, est l'une des principales entrées de la ville antique. Elle se compose de deux arcades centrales destinées aux véhicules, encadrées de deux arcades plus petites pour les piétons. À l'origine, la porte fortifiée était flanquée de deux tours.

La Porte de France, dite porte d'Espagne, compte une seule arcade en plein cintre surmontée d'une galerie aveugle décorée de pilastres toscans. Durant l'Antiquité, elle était flanquée de deux tours circulaires.

Les incontournables ont aussi besoin d’aide

Suite aux terribles inondations de 1988, la Fondation internationale pour les monuments romains de Nîmes voit le jour en 1994 sous l'égide de la Fondation de France. Elle a pour objet de participer à la sauvegarde et à la valorisation des célèbres sites romains de la ville de Nîmes. Elle apporte également son soutien à la restauration des collections archéologiques conservées au Musée de la Romanité.

La salle cruciforme, ici lors des dernières fouilles de l'Inrap (Photo Archives Anthony Maurin).

Amphithéâtre, Maison Carrée, Tour Magne, Temple de Diane ou encore castellum aquae, la présence de ces illustres édifices antiques a façonné au fil des siècles le paysage urbain de la cité nîmoise. Témoins précieux de l’apogée de la civilisation romaine, ils accueillent aujourd'hui de nombreuses manifestations culturelles et une importante fréquentation touristique internationale.

Anthony Maurin

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