Publié il y a 11 h - Mise à jour le 30.06.2025 - Propos recueillis par Louise Gal - 4 min  - vu 101 fois

SAINT-GILLES Valérie Valenza, directrice de la médiathèque : "On essaie d'avoir des approches attractives pour les enfants"

Valérie Valenza, directrice de la médiathèque de Saint-Gilles. 

- Louise Gal

La traditionnelle fête annuelle de la médiathèque a eu lieu les 24, 25 et 27 juin, l'occasion pour la nouvelle directrice, Valérie Valenza, de faire un point sur la fréquentation, les actions menées et les projets pour la rentrée 2025. 

ObjectifGard : La médiathèque qui compte actuellement neuf agents fête ses trente ans. Attire-t-elle toujours autant de monde dans une société où les jeunes lisent de moins en moins ? 

Valérie Valenza : Elle est très fréquentée au niveau des ateliers. Pendant des années, il y a eu le festival du conte mené par Sylvie Fabarez. Le conte, c'est vraiment le socle dans une médiathèque et l'idée, c'est vraiment de créer du lien. Ok, on prête des bouquins, des CD, des DVD, mais l'idée, c'est vraiment de rassembler les gens, de donner envie de découvrir. Il y a plein de gens qui n'oseraient pas faire certaines choses, pour le prix d'un livre on a accès à tout un tas d'animations dans l'année. On peut faire du théâtre, on peut chanter et on peut découvrir tous les arts. Et il y a plein d'ateliers qui sont organisés, qui ne sont pas forcément autour du livre pour le coup. On est vraiment un élément moteur de la culture. C'est important de pouvoir dire ici, vous pouvez goûter à tout, faites-vous plaisir. Si quelque chose ne vous plaît pas ce n'est pas grave on peut vous proposer autre chose. Donc finalement en termes de fréquentation ça marche vraiment bien. 

Ces activités attirent donc un public qui ne fréquenterait pas spontanément la médiathèque. Mettez-vous en place d'autres choses afin d'amener plus de monde vers la lecture ? 

Oui, il y a également ce qu'on appelle du "hors les murs", c'est-à-dire qu'on sort de la bibliothèque, on sort les livres, on va à la rencontre des gens. On travaille avec beaucoup de partenaires différents, notamment La Croisée, qui est le centre social qui est juste à côté de nous. L'idée, c'est de travailler avec tous les partenaires qui touchent les enfants, du relais petite enfance au collège, en passant par les écoles, et puis aussi par ceux qui travaillent avec des publics un peu plus éloignés encore. On a également des collections qui s'appellent "les faciles à lire" pour les gens qui sont un peu éloignés du français, que ce soit par l'origine ou par des situations d'illettrisme ou de difficultés. On a aussi une collection avec une sorte de fond de parentalité, où on a des livres pour parler de la dyslexie, pour parler des TDAH. On apprend aux parents. On est un rôle complémentaire avec tous les métiers qui sont autour de ça. On apporte notre petite touche.

Et vous travaillez auprès des enfants dès leur plus jeune âge.

Oui, dans les médiathèques, on est toujours très proche de l'école, c'est hyper important. Mais on travaille aussi beaucoup avec les bébés, avec les crèches. Il y a une micro-crèche qui vient d'ouvrir à Saint-Gilles. On a prévu d'aller chez eux aussi, prêter des livres, faire des lectures. On a également des ateliers de parentalité. C'est important aussi de pouvoir expliquer aux parents que oui, on peut lire des histoires à un bébé, qu'on peut donner un livre à un bébé. C'est compliqué pour les parents qui ne lisent pas. Il faut aussi désacraliser la lecture. Il y a tout un travail qui est fait sur du long terme par les collègues de la jeunesse. Et on espère que cela marche, on y croit, sinon on ne ferait pas ce métier.

Vous collaborez donc avec toutes les écoles de Saint-Gilles ?

Oui, on va présenter une sorte de catalogue en collaboration avec le service patrimoine, de manière à ce qu'il y ait des propositions rassemblées au même endroit de l'offre qu'on peut faire aux scolaires. Pour l'instant, d'après ce que j'ai compris, parce que j'arrive, on travaille peu avec le collège. J'aimerais bien développer un peu nos interventions avec eux et voir ce qu'on peut imaginer comme projet. Ce qui compte c'est qu'on soit toujours sur le socle de la lecture. On sait combien c'est difficile aujourd'hui car les enfants lisent moins. Ils sont captivés par d'autres choses. Donc on essaie toujours d'avoir des approches qui soient intéressantes pour eux, un peu attractives.

Avez-vous de nouveaux projets pour la rentrée ?

On est en train de construire la programmation pour l'année prochaine. On veut travailler sur une thématique autour de l'image et du son par différents biais, des ateliers musique, des projections de cinéma etc, mais ce n'est pas encore finalisé. On est en train de chercher les intervenants. Nous avons également un super outil, le musée numérique, les Micropholies, et j'aimerais bien qu'on essaye d'imaginer quelque chose d'un peu plus poussé. La Ville est en train de recruter un médiateur numérique. Il va pouvoir travailler sur l'éducation aux médias et à l'information, ce qui est aujourd'hui indispensable avec les fakes news et l'intelligence artificielle. C'est compliqué pour les enfants, c'est hyper important de leur apprendre à avoir l'esprit critique, à déceler le vrai du faux. Donc on est en plein recrutement et on va pouvoir imaginer des ateliers conjoints avec le musée numérique aussi. On va essayer de construire tout cela dans les prochains mois.

Incluez-vous les jeux vidéo dans la médiation numérique ?

Oui parce que cela fait partie de notre société, de la culture aujourd'hui. Et non, ce n'est pas diabolique. Parce qu'on peut aussi présenter des jeux vidéo autre que des Call of Duty et compagnie, on fait quelque chose de plus pédagogique. On essaie de rentrer par la porte des jeux vidéo pour faire découvrir peut-être les mangas, ou les BD. J'ai le souvenir d'un enfant qui ne lisait que des mangas au grand désespoir de son papa. Et je lui ai présenté une collection où beaucoup de mots étaient remplacés par des illustrations, des jolis petits dessins. Et de fil en aiguille, il a commencé à lire ça et après, il est allé sur des "vrais livres". Il n'y a pas de tabou sur la lecture. Tout est lecture, c'est ça qui est vraiment bien. 

Propos recueillis par Louise Gal

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