Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 30.09.2023 - Anthony Maurin - 2 min  - vu 1581 fois

NÎMES L’enceinte romaine et son castrum, de nouvelles traces suggérées

Le plan de Nîmes au XVIe siècle par Poldo d'Albenas (Photo Archives Anthony Maurin).

Richard Pellé, archéologue et spécialiste en architecture monumentale antique à l’Inrap, parle de l'enceinte romaine parfois encore visible à Nîmes...  

Le plan de Nîmes au XVIe siècle par Poldo d'Albenas (Photo Archives Anthony Maurin).

"J’aime regarder attentivement deux sources que nous avons : le plan de Poldo d’Albenas de 1560 et celui d’Ann Rulman en 1628 car en prenant ces dessins on peut faire des études plus poussées en réel, mais il y a encore des incertitudes pour l’angle Nord-Est, nous avons cependant de plus en plus d’indications."

L'archéologue de l'Inrap se sert réellement de ces sources. Bien qu'elles puissent paraître lointaines et fugaces, elles sont précieuses car uniques : "Les nouvelles découvertes révisent le tracé ou les constructions qui vont avec. Par exemple, à force de fouiller l’enceinte, je peux dire que les toits des portes n’étaient pas recouverts de tuiles."

Richard Pellé (Photo Anthony Maurin).

"La seule poterne connue est celle de la colline de Montaury, elle mériterait d’être mise en valeur ! On a aussi des chemins, ailleurs, qui indiquent d’autres passages vers d’autres portes. Au niveau du cadereau de la Route d’Alès on a aussi un bloc d’architrave qui a les mêmes caractéristiques que ceux qu’on trouve à la Porte d’Auguste. On suppose qu’il vient de l’enceinte non loin de l’endroit où on l’a retrouvé."

La tour du milieu, entre le haut de Montaury et le bas de la route de Sauve lors d'une fouille de Richard Pellé (Photo Archives Anthony Maurin)

La construction de cette enceinte en temps de paix résulte d'une véritable faveur de la part de l'empereur, à l'égard d'une colonie qui, malgré son importance, n'était qu'une colonie de droit latin. Ayant plus qu'une simple valeur défensive, l'enceinte de Nemausus montre surtout son prestige. D'une longueur de plus de six kilomètres, elle englobait la ville et l'enserre sur 220 hectares !

On commence à bien connaître ce monument quasi invisible. "Ailleurs nous avons découvert de nouvelles formes de tour sur les campagnes de fouilles menées en 2007, 2012, 2017 et 2022 du côté de la Casernette, de Bardès, de Peysson et Pélissier II."

Richard Pellé (Photo Anthony Maurin).

"On peut aussi parler de la monumentalité de l’ouvrage. On a des tours, des portes, un chemin de ronde, une corniche intérieure, une imposte, des parapets et des linteaux d’archère."

Comment dater l’enceinte ? "On pensait que la construction avait débuté comme le dit la dédicace connue sur la porte d’Auguste vers 16-15 avant notre ère, mais c’est plutôt la date à laquelle l’empereur autorise cette construction. Nous avons retrouvé des vases brisés sur le chantier et des monnaies avec des déchets de taille. Avec ce matériel, nous pouvons mieux dater et nous en concluons que l’édification a plutôt eu lieu au tout début de notre ère."

Les vestiges épars de l'enceinte antique sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 31 octobre 1989. "Cette enceinte demeure exceptionnelle car la position des tours, le fait qu’elles soient toutes différentes, extérieures et très hautes sont de bons indices. Ici, nous sommes vraiment dans le monumental, certainement plus qu’ailleurs où il y a moins d’originalité dans la construction. Hélas, cet ouvrage militaire ne nous a laissé aucune trace d’une occupation militaire."

Anthony Maurin

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