Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 17.08.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 3678 fois

NÎMES Rendez-vous dans dix ans !

La phase actuelle du chantier (Photo Anthony Maurin).

Fragilisé par le temps et l’eau, l'amphithéâtre de Nîmes nécessite une campagne de restauration de très grande ampleur. Rendez-vous dans à peine plus de dix ans pour la livraison du lourd chantier.  

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Vous râlez parce qu’un échafaudage gâche vos photos de l’amphithéâtre romain dont on vous dit qu’il est le plus complet restant de l’empire romain ? Vous avez raison de râlez mais cet échafaudage lui permettra de retrouver une vivacité certaine. Vous n’aurez qu’à revenir dans un peu plus de dix ans pour voir le résultat des travaux débutés en 2005 !

La phase actuelle du chantier (Photo Anthony Maurin).

Construites à la fin du Ier siècle de notre ère à l’intérieur de l’enceinte de la ville antique, les arènes accueillaient des combats de gladiateurs et des chasses d’animaux sauvages. Imposantes par leur taille, 60 travées, 133m de long par 100m de large, 21m de haut, elles pouvaient recevoir plus de 20 000 spectateurs.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Comme la Maison carrée, l’amphithéâtre doit sa conservation à une occupation continue au fil des siècles. Les monarques français puis les autorités successives ont très vite pris conscience de son intérêt patrimonial et de la nécessité de le préserver et n’ont cherché ni à détruire l’œuvre romaine ni à la modifier radicalement.

Ainsi les arènes de Nîmes sont aujourd’hui l’amphithéâtre romain le mieux conservé au monde. Mais elles sont néanmoins fortement menacées. Une étude menée en 2005 sur une des travées les plus abimées, la travée 49 (face à l’office de tourisme), préalablement à sa restauration, a montré toute la fragilité de l’amphithéâtre, liée à l’exposition prolongée aux intempéries.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Après son abandon à la fin de l’empire romain, sa conversion en ville fortifiée au Moyen-Âge l’avait malgré tout préservé, car les maisons, présentes dans son enceinte, possédaient leur propre système de recueillement des eaux.

Après leur démolition, l’amphithéâtre est resté ouvert et les eaux de pluie ont lessivé les maçonneries et infiltré les pierres qu’elles ont rendues fragiles. Le phénomène s’est accéléré avec la disparition des gradins antiques, qui drainaient les eaux vers des canalisations souterraines et la disparition des parapets du premier étage qui faisaient obstacle à la pluie battante.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Les diagnostics successifs montrent que depuis l’Antiquité, plusieurs facteurs, dont les destructions des gradins intermédiaires et le comblement des égouts d’évacuation, ont exposé l’amphithéâtre aux effets destructeurs des intempéries, perturbant ainsi le réseau d’évacuation des eaux de pluie tels que les Romains l’avaient initialement conçu.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

L’eau met ainsi une quinzaine de jours à circuler du sommet jusqu’aux galeries inférieures, générant sur son trajet des dépôts de calcite. La pierre perd 30 à 40 % de sa résistance lorsqu’elle est imbibée d’eau. Résultat ? Les voûtes du rez-de-chaussée, où s’exerce la pression, concentrent une grande partie des dégâts. Ce monument méritait qu’on prenne le temps de redonner solidité et allure à chaque centimètre de son épiderme.

Avec la disparition des gradins antiques, les phénomènes de dégradation se sont accentués et il est donc apparu indispensable de restaurer l'ensemble du monument, de consolider et réparer chacune des 60 travées, d'examiner et diagnostiquer chaque pierre, de colmater les entrées d'eau et de remplacer les pierres trop altérées.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Ce programme de restauration, d'une ampleur considérable, concerne les façades, le sommet des arènes, les galeries, les promenoirs et les gradins. Il comprend également l’installation de garde-corps et de mains courantes. Pas question de restaurer l’intérieur de l’amphithéâtre avec une « cavea » pleine et entière… 

Programmé jusqu'en 2034, le chantier nécessite tout de même le concours pérenne de l'État et des collectivités territoriales. Afin de préserver l’utilisation festive de ce monument vivant qui accueille chaque année plus de 350 000 touristes et des manifestations de grande ampleur, il a fallu établir un planning de mise en œuvre particulièrement précis pour coordonner l'intervention de tous les corps de métiers.

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Ce projet ambitieux, commencé en 2009 et qui coûte plus de 54 millions d’euros HT, est financé par le ministère de la Culture à hauteur de 40 %, la région Occitanie à 20 %, le département du Gard à 10%, Nîmes métropole à 4% et la ville de Nîmes sans oublier la Fondation Internationale pour les monuments romains de Nîmes (pour 26 %).

Chantier restauration de l'amphithéâtre de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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