FAIT DU JOUR Avec Via Gusto, le patrimoine se déguste

400 convives étaient présents au pied du Pont du Gard ce jeudi
- Thierry AllardL’association Gard aux chefs, qui regroupe notamment les chefs étoilés gardois, organisait ce jeudi la 6e édition de son grand rendez-vous annuel Via Gusto. Un repas d’exception, confectionné par 17 chefs et accompagné des vins de 17 domaines gardois, servi dans un lieu tout aussi exceptionnel, le Pont du Gard. Une vitrine de la gastronomie à la gardoise.
« On est les seuls en France à faire ça », souligne le chef doublement étoilé Michel Kayser, à l’heure du coup-de-feu. Ça, c'est-à-dire un grand repas gastronomique de 400 couverts, en extérieur qui plus est. « Et là, tu ne joues pas, rajoute le chef étoilé Serge Chenet, président de Gard aux chefs. 400 couverts quand d’habitude tu en sers 30, 35, ce n’est pas rien. » Alors Via Gusto est « un vrai défi, avec beaucoup de boulot en amont en plus de nos restaurants », affirme le chef Julien Lavandet, qui vient d’ouvrir son restaurant, Cool Kitchen, à Uzès.
Via Gusto est avant tout l’événement phare d’une association unique en son genre, qui se donne pour mission de « célébrer la richesse de notre patrimoine culinaire », pose Serge Chenet, dans un lieu patrimonial s’il en est, le Pont du Gard, partenaire de l'événement comme le Conseil départemental ou encore Gard tourisme. Célébrer aussi les valeurs de l’association, au premier chef « la convivialité », souligne Michel Kayser, la cuisine étant avant tout une affaire de partage.
De partage et de mise en valeur de produits locaux. « Aujourd’hui, on a presque tout dans le Gard, pose Michel Kayser. Nous avons des pêcheurs de grande qualité au Grau-du-Roi, des maraîchers, des producteurs de taureaux, de la truffe, des fromages d’exception, des gens qui vont vers l’excellence. À nous de sublimer ces produits-là. »
Mission accomplie, des amuse-bouches signés Frédéric Rame, Diane Jardin et Ludovic Davouze aux Mignardises de Christopher Bignon, en passant par la Poule aux œufs d’or de Jérôme Nutile et Diane Jardin, la marinade de légumes croquants de Serge Chenet et Michel Benet, le tataki de thon rouge de Matthieu Hervé et Vincent Croizard, la paupiette de daurade de Damien Sanchez et Jean-Paul Lecroq, la volaille d’Ardèche au miel de garrigue de Sébastien Rath et Julien Lavandet, le frais des Cévennes et caviar sélectionnés par le fromager Vincent Vergne ou encore la délicatesse d’agrumes de Michel Kayser et Pierre Francin. Le tout arrosé des vins de domaines et châteaux gardois, avec des accords mets et vins parfaitement ciselés.
Pour relever le défi, les chefs n’étaient pas trop de deux par plat. « Maintenant qu’on est assez nombreux, on fonctionne comme ça et tout le monde joue le jeu », souligne Serge Chenet. Jouer le jeu ne signifiant pas simplement fermer son restaurant une journée, mais travailler main dans la main. Il en ressort « des partenariats qu’on n’a pas l’habitude de faire, abonde Julien Lavandet, qui a travaillé avec le chef étoilé Sébastien Rath pour l’occasion. C’est sympa, on se dispatche le boulot et on découvre l’univers de l’autre, ça crée un échange. Sinon, on est tous toujours enfermés dans nos cuisines. »
Là est aussi l’essence de Gard aux chefs, faire travailler ensemble des chefs qui, étoilés ou non, visent tous l’excellence. « On a lancé l’association avec des étoilés, mais quand c’est bon, pas besoin d’être étoilé, affirme Michel Kayser. Il faut avoir l’esprit, la convivialité, le talent, dans la simplicité, de belles valeurs. »
En une douzaine d’années d’existence, Gard aux chefs a vu de jeunes chefs éclore puis rejoindre le cercle fermé des étoilés, comme Sébastien Rath ou Matthieu Hervé. Julien Caligo, tout fraîchement étoilé avec son restaurant Monique, à Calvisson, doit rejoindre Gard aux chefs prochainement. « Il y a onze établissements étoilés et treize étoiles dans le Gard, rappelle Serge Chenet. C’est bien aussi pour les jeunes, c’est motivant qu’il y en ait qui suivent. » « Il y a une dynamique dans notre département qu’il n’y a peut-être pas ailleurs, souligne Michel Kayser. Et ce n’est pas fini. »