La Embestida est le club taurin, de Bouillargues, à l’origine de cette novillada sans picadors. Une course qui avait lieu, qui a eu lieu et qui aura lieu. Un spectacle pour que les apprentis toreros puissent apprendre le métier, c’est tellement rare qu’au-delà de toute tradition il faut le faire perdurer !
En tout cas à Bouillargues l’organisation proposait, comme souvent, de rendre hommage aux fers français. Patrick Alarcon, le mayoral de chez Blohorn a reçu un bel hommage et un trophée en piste avant que la course ne débute.
François André et Alain et Frédérique Tardieu pour Francisco Fernandez, qui revient après son succès lors de l’édition 2024, un Blohorn et un de chez Colombeau pour Isaac Galvin qui a pas mal tourné dans le Gard cette année et des exemplaires de Roland Durand et Malaga pour Mathias Sauvaire, Matias, régional de l’étape. Le becerro de Malaga s’étant abîmé au débarquement, il a été remplacé par un autre exemplaire d’A. et F. Tardieu.
Natif de Los Barrios à côté d’Algeciras, Francisco Fernandez touche, comme l’an passé, un François André en premier. Une robe qui fait son effet, une belle présentation et un bel accueil au capote, suave avant un quite por chicuelinas de Galvin. La course est lancée. Lors de la faena, le toro semble passer parfaitement à droite mais complexifie sa charge à gauche. Sans y mettre de la voix et devant un public un chouïa frais alors qu’un grand soleil inondait le ciel bleu, l’Espagnol aura tout de même réalisé quelques belles courbes. Hélas pour lui, l’épée lui ôte tout son bénéfice. Applaudissements.
Avec la pupille des époux Tardieu, Francisco Fernandez touche un becerro qui a moins de relief que ses prédécesseurs, mais qui demeurent bien présenté et intéressant. Il offre quelques possibilités que le jeune, moins inspiré mais plus torero que tout à l’heure, saisira une à une. Le temps de deux séries, les gradins voyagent un peu jusqu'à ce que l’épée refroidisse les tendidos encore fois. Silence.
C’est du côté de Cadiz, à l’école taurine Rafael Ortega de San Fernando qu’Isaac Galvin a été formé. Devant son Blohorn, magnifiquement présenté, Galvin jouera de malchance. Son adversaire a le postérieur droit raide, handicapant pour une lidia pleine. Le public s’inquiète, demande le cambio. Impossible, le réserve passera en dernier. Galvin et son entourage ont vu que le Blohorn ferait l’affaire. Cette charge, cette race, ce caractère, cette caste, un grand toro ! Un excellent becerro fait comme un novillo, qui mettait la tête malgré le handicap, qui allait jusqu’au bout des muletazos. À force de douceur, d’intelligence, de savoir-faire et de savoir-être, les tendidos ont pu voir ce toro et ont compris que le torero savait. Il est temps qu’on le retrouve en catégorie supérieure ! L’épée lui coûte le trophée.
Galvin revient en piste pour une seconde chance et le becerro de Colombeau. Un bel adversaire qui met la tête et qui a une charge rondelette, plaisante à voir en début d duel. Petit à petit, le becerro se fragmente, casse son élan, met un coup de tête, s’arrête, se retourne vite… Galvin tente quelques subterfuges, cependant lidier parfaitement un tel adversaire n’est pas chose aisée, même avec de l’expérience ! Lui aussi, comme Fernandez, perd son trophée à l’épée…
Né à Arles, ayant débuté à Alès, étant souvent sur Nîmes, Mathias Sauvaire est le petit du coin. Le public le soutient naturellement, mais, à chacun de ses paseos, il prouve qu’il en a conscience. L’engagement, c’est sa prime, son bonus. Mathias accueille son Roland Durand comme à son habitude, les genoux vissés en terre, face au toril. Le moment est intense, le frisson passe et nous voilà à nouveau face à un exemplaire volumineux, sans vice et à la charge suave et rythmée. Il y a de quoi faire. Mathias s’est laissé un peu dépasser par les événements, mais en milieu de faena, il trouve la distance, le rythme et un second souffle qui le portera jusqu’à couper le premier appendice de la tarde. Une fois posé, le torero a pu marquer ses séquences, appuyer son toque, se replacer calmement et offrir de belles séries. Oreille.
Matias continue son effort et pour ce dernier (ou presque) becerro de la temporada, le jeune gardois met les formes, veut faire voir qu’il a envie de sortir en triomphe ou tout au moins de faire plaisir en se faisant plaisir devant cet autre becerro d’Alain et Frédérique Tardieu. Noir comme une ombre, compliqué à voir venir et à laisser repartir, cet ultime exemplaire de la tarde mettra le sel qui manquait à la course. Un becerro qui exigeait beaucoup et demandait les papiers au torero qui a été mis à l’épreuve mais qui n’a pas rompu. Mathias s’en sort avec les honneurs, avec ses armes, dont une qui est particulièrement appréciée par le public, la témérité. Avec hardiesse il essaie, encore et encore. Une à une, il tire les passes qui lui feront couper cette seconde oreille et triompher de cette édition 2025 devant sa famille à qui il a brindé cette ultime opposition.