Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.02.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 550 fois

ALÈS Dans un contexte de hausse des charges, un débat d'orientation budgétaire aussi contraint que le budget

Le conseil municipal a observé une minute de silence en dévut de séance, en hommage à Sihem, jeune fille de 18 ans dont le corps a été retrouvé dans un bois des Salles-du-Gardon

- (photo François Desmeures)

Le premier adjoint aux finances, Christophe Rivenq, a présenté le contexte d'un budget 2023 qui subit de plein fouet les crises de notre époque, à commencer par celle de l'énergie ou l'endettement de l'État, qui impose aux collectivités d'être rigoureux. Pour l'opposition, le budget attendu manque d'écologie et de justice sociale.

Le conseil municipal a observé une minute de silence en dévut de séance, en hommage à Sihem, jeune fille de 18 ans dont le corps a été retrouvé dans un bois des Salles-du-Gardon • (photo François Desmeures)

Grave, en entreé de séance, le maire Max Roustan a souhaité évoquer trois drames de notre époque. L'un, "naturel", qui voit la Turquie et la Syrie compter leurs morts à la suite du tremblement de terre du 5 février (le conseil municipal a voté une aide de 10 000 €). La guerre en Ukraine, ensuite, qui s'approche d'un an de conflit. Et le meutre de Sihem aux Salles-du-Gardon, pour laquelle une minute de silence a été observée. 

Alors que Christophe Rivenq avait évoqué le sujet il y a une dizaine de jours, Max Roustan a ensuite donné son point de vue sur la réforme des retraites. "Je trouve inadapté le moment d'une telle réforme, alors que le peuple français sort du coronavirus. Je suis contre et je propose qu'elle soit reportée." Le maire n'a néanmoins pas acepté le voeu "Non au report de l'âge légal à 64 ans !" que le communiste Paul Planque souhaitait faire adopter par l'assemblée. 

Le conseil municipal est ensuite revenu aux affaires courantes, récurrentes même, puisque le conseil municipal s'est ouvert sur l'incontournable débat annuel d'orientation budgétaire, présenté par Christophe Rivenq. Comme l'exige l'exercice, il s'est d'abord penché sur le contexte macro-économique. "Dans la loi de programmation des finances publiques 2023-2027, il est prévu au moins deux années de forte inflation", a indiqué le premier adjoint, soulignant au passage, dans les dix dernières années, les écarts entre les prévisions "des experts de Bercy" et ce qu'il est réellement advenu. "Il est difficile, pour nous, de prévoir", a regretté Christophe Rivenq. 

"L'État demande aux collectivités de faire des économies de fonctionnement. C'est donc moins de services publics !"

Christophe Rivenq, 1er adjoint au maire délégué aux finances

Avec un déficit public national qui atteint 5% du produit intérieur brut (PIB), "sans doute pareil en 2023, l'État demande aux administrations sociales un excédent et, aux collectivités locales, une stabilisation de nos dépenses". Puis, l'État réclame un excédent de 0,5% sur la fin de la période 2023-2027, "pour particper au déficit que prévoit l'État", pour Christophe Rivenq. 

Les recettes de fonctionnement augmenteront de 1,4 millios d'euros (+ 2,7%). La hausse de population attendue, de 1040 supplémentaires, devrait permettre de voir ces recettes augmenter. Côté dépenses, en revanche, les effets de la crise de l'énergie se font sentir, avec un budget en hausse de 3,7 millions d'euros, soit 8,5% supplémentaires. Si le gaz reste, jusqu'au 31 décembre 2023, sur le tarif négocié en 2021 (18 € le Mwh selon le premier adjoint, contre 170 € si le contrat avait été signé un an plus tard...), l'électricité s'est déjà envolée, du fait que les collectivités de la taille d'Alès ne peuvent rester au tarif réglementé. La facture d'Engie sera donc plus chère d'1,9 million d'euros, avec un contrat à 526 € le Mwh contre 97 € en 2022. Des aides gouvernementales devraient permettre de réduire cette surfacturation à 366 € le Mwh... Enfin, la hausse de la masse salariale (+4,6%) est due à l'évolution naturelle des carrières des agents. 

Si les investissements se maintiendront autour de 11 millions d'euros, ce sera grâce aux ponctions dans les fonds de roulement, alors que l'épargne brute passe, selon Christophe Rivenq, "pour la première fois en dessous des six millions d'euros". Plus largement, le président d'Alès Agglo a regretté que "l'État demande aux collectivités de faire des économies de fonctionnement. C'est donc moins de services publics !"

"Ce débat d'orientation budgétaire nous laisse sur notre faim"

Paul Planque, élu d'opposition du Printemps alésien

"Ce débat d'orientation budgétaire nous laisse sur notre faim", a entamé Paul Planque, seul élu d'opposition à prendre la parole en l'absence, notamment, d'Arnaud Bord et de Jean-Michel Suau. "Pour simple exemple, l'investissement est traité en treize lignes avec douze d'entre elles qui sont des reprises du rapport de 2022", a souligné l'élu communiste, tout en reconnaissant que certains relevaient d'un plan pluriannuel, donc qu'il était "normal que ces lignes soient reprises", quand d'autres signifiaient l'absence de tenue des travaux. "Aucune dépense d'investissement nouvelle n'est prévue", a poursuivi Paul Planque, égrénant ensuite ce qu'il aurait aimé y trouver, insistant sur la transition écologique et la justice sociale. "Nous pensons que la situation exige d'autres moyens. À Alès, pour vous, les conséquences du réchauffement sont inexistantes (...) Le budget 2023 aurait pu êre un budget de rupture et de résistance", a lancé l'élu, avant de demander "d'amplifier les gratuités ciblées", en citant la gratuité des transports mise en place par Montpellier ; en créant "un ambitieux bouclier social, une plateforme de la précarité énergétique" ; ou en lançant "une sécurité sociale alimentaire", ainsi qu'un "plan ambitieux de travaux pour faire des économies d'énergie"

"Chiffrez ce que vous venez de dire et on verra de combien il faut augmenter les impôts !", a raillé le maire, Max Roustan. Un chiffrage auquel s'est livré Christophe Rivenq, à la louche, estimant les nouvelles dépenses réclamées par l'opposition à environ 15 millions d'euros. Moins virulent que d'habitude, le débat n'a fait que confirmer la différence de point de vue et d'appréciation du contexte, différences qui devraient gagner en décibels quand sera voté le budget primitif, lors du prochain conseil municipal. 

François Desmeures

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