Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 02.12.2023 - Louis Valat - 8 min  - vu 862 fois

INTERVIEW SPORT Yann Djabou (capitaine de l'OAC) : "Quand les résultats ne sont pas bons, il ne faut pas se cacher"

Yann Djabou Interview

Yann Djabou souhaite retrouver la force du groupe qui a tant réussi à l'OAC en début de saison.

- Photo d'archive

Leader incontestable et maillon essentiel de la formation alésienne, le latéral gauche et capitaine Yann Djabou se confie au terme d'un mois de novembre traversé dans la difficulté par l'OAC.

Objectif Gard : Quel regard portes-tu sur l’équipe depuis le début de la saison ?

Yann Djabou : Moyen. On ne peut pas se cacher derrière autre chose lorsque tu regardes nos résultats, même si on a gagné contre les trois premiers. Je pense que le club, le staff a une attente importante et nous n'avons pas su répondre comme il le fallait. Tu gagnes les trois premiers et derrière tu restes sur des principes qui n'ont pas été bons, tu fais un très bon match contre Evian et contre Andrezieux et tu ne prends aucun point. Je pense que l'on s'est perdu sur ces deux matchs où nous n'avons pensé qu'au jeu et on a oublié ce qui faisait notre force à savoir, défendre ensemble et être d'abord solide. 

Qu'est-ce qui a pêché selon toi ? 

C'est un peu de tout, au niveau du jeu nous avons fait de très beaux matchs, sans être récompensé car on a pas su concrétiser les occasions. On peut aussi nous reprocher à nous derrière d'avoir pris trop de buts. Tu peux ne pas marquer, mais tu te dois aussi de ne pas en prendre. Tu sors de la victoire à Hyères en te disant que l'équipe a montré de très très belles vertus avec un état d'esprit irréprochable, c'est pour cela d'ailleurs que l'on ramène cette victoire à Hyères mais aussi contre Le Puy et Aubagne. Et si tu repenses à tous ces matchs-là, nous avons jamais été beau dans le jeu... On a limite été moyen plus, mais on a gagné et à l'inverse, comme je te disais, tu es très bon à Evian et Andrézieux et tu ramènes zéro point. 

En tant que capitaine et leader de cette équipe, comment tu gères cette période délicate que traverse l’OAC qui reste sur quatre matchs sans victoire en N2 ? Quels sont tes mots dans le vestiaire ?

Quand les résultats ne sont pas bons, il ne faut pas se cacher. C'est là où le rôle, entre guillemets de leader, je dis entre guillemets car nous sommes tous des joueurs de l'OAC et nous avons tous notre mot à dire, mais c'est vrai qu'avec le passé que j'ai au club, je me dois d'être entendu par les gars, tout comme Diag' (Dabo) aussi, Lucas (Franco) aussi, Abdou (Diaby), Théo (Peyrard), Eric (Moreau) et j'en oublie d'autres. Mais mercredi, une fois que nous avions terminé la séance vidéo, le coach n'a pas eu besoin de parler. Avec les mecs, nous nous sommes tous dit ce que l'on avait à se dire et il en est ressorti que l'état d'esprit que l'on mettait ces derniers temps n'était pas celui que l'on avait au tout début. 

Sur un plan purement personnel, tu enchaînes les bonnes performances, tu multiplies les centres à destination de tes partenaires et enchaîne les courses sur ton côté gauche, comment juges-tu ta saison ?

Si tu regardes le nombre de buts que l'on a pris, aujourd'hui en tant que défenseur je ne peux pas dire que je réalise une bonne saison. C'est la réalité. Ce qu'il faut aujourd'hui, plutôt que de se concentrer sur les prestations individuelles, c'est retrouver ce qui a fait notre force quand on était dos au mur. Ce que l'on a démontré sur nos différentes victoires cette saison c'est la force du groupe. Aujourd'hui, oui, je peux te dire que sur un plan individuel c'est bien, mais ce n'est pas suffisant pour gagner les matchs, du moins pour ne pas les perdre. 

Si nous sommes plus agressifs, si nous avons envie de défendre tous ensemble et d'être plus méchant dans le jeu, il nous arrivera pas grand chose. 

Yann Djabou, capitaine de l'OAC

Samedi dernier, on a vécu un match contrasté à Pibarot face à Toulon, avec une première mi-temps compliquée pour vous, mais avec une réaction à la hauteur en seconde période. Ce match nourrit-il quelques regrets dans les têtes ?

Si on regarde les différentes physionomies de match que l'on a pu faire, cette année comme l'année passée, à chaque fois tu es mené, tu te dis que tu n'as plus le choix, qu'il faut que tu attaques, que tu dois être plus agressif, que tu gagnes tous tes duels, que tes passes soient parfaites etc. Tu en viens à te dire que lorsque tu es dans cette optique-là, dans cette dimension-là, tu es bon et tu peux gagner des rencontres. Mais, encore une fois, quand tu penses que tu vas être au-dessus de l'équipe adverse, tu n'y arrives pas. Donc il faut vraiment s'appuyer sur le fait de défendre tous ensemble. Si nous sommes plus agressifs, si nous avons envie de défendre tous ensemble, d'être plus méchant dans le jeu, il ne nous arrivera pas grand-chose. 

Même contre Rosador, en Coupe de France, on a pu voir que l'équipe avait tendance à encaisser le premier but de la rencontre... Un manque de concentration dans les premières minutes ? 

Oui, nous prenons tout le temps les premiers buts. Nous sommes toujours menés au score. Est-ce que nous sommes en train de manger notre pain noir en ce moment ? On ne sait pas. Est-ce que la moindre erreur, de placement ou de passe, que tu fais tu le paies cash ? Pour le moment oui. Là où nous pouvons encore être rassuré, c'est que l'on a toujours cette force de caractère pour revenir. Contre Toulon, si tu mets le troisième (l'égalisation à 3-3) je pense que tu peux gagner le match, après avoir été mené 3 à 0 à la mi-temps. Je ne sais pas si c'est véritablement un problème de concentration mais en tout cas, dès que l'on fait une erreur en début de match on le paie cash. 

Revenons sur l'histoire du pénalty contre Toulon. Pour rappel, Daysam Ben Nasr transforme le premier avec sang-froid, mais ne s'empare pas du second qui offrait la possibilité de revenir à trois partout. C'est finalement Abdoulaye Diaby qui s'en charge. Malheureusement, il le rate, ça arrive. Mais pourquoi ce changement de tireur ? Et quelle est la véritable hiérarchie des tireurs ? 

Daysam prend le premier, même s'il me semble que le numéro un est Abdou (Diaby). Mais Daysam le prend et Abdou n'a rien dit. Sur le deuxième, ils se sont concertés et Abdoulaye a pris cette responsabilité. Malheureusement il l'a raté. C'est comme ça tu l'as dis, le pénalty c'est une chance sur deux. Abdou a pris ses responsabilités, il ne l'a pas mis, j'espère pour lui qu'il le mettra au prochain match. 

Hakim Malek avait l'air d'en vouloir davantage à Ben Nasr...

Et il a peut-être raison. Daysam Ben Nasr a pris le premier et il l'a mis, il aurait peut-être dû rester dans sa continuité mais notre groupe est fait d'amitié. Il le met, il ne veut pas que l'on ne regarde que lui non plus donc s'il lui a laissé, c'est peut-être qu'il ne se sentait pas sur le troisième but, va savoir. C'est comme ça.

Après la rencontre face à Toulon, Hakim Malek a eu des mots durs à votre égard...

À juste titre ! Quand tu fais la première mi-temps que l'on a fait, je suis plutôt d'accord avec lui parce que lorsque tu arrives le samedi, 70 % c'est à nous, les joueurs de jouer. Nous sommes seize, plus tous les mecs qui ne sont pas pris dans le groupe, qui sont en tribunes, à un moment donné il faut savoir nos responsabilités. Quand on rentre sur le terrain, le coach ne peut pas tout gérer. Lui il fait sa semaine et nous, on devrait réciter notre partition le week-end. Il a employé des mots forts, oui, des mots durs et je pense que le coach il est humain et il en a gros sur la patate, il en a marre de prendre des giffles tous les week-ends. Difficile pour lui de venir en interview et de rester froid. Est-ce que c'est bien ou pas ? Ce n'est pas à moi d'en juger, je reste un joueur de l'équipe. Maintenant les mots ont été dits, les phrases nous les avons entendues, c'est désormais à nous d'agir. Nous avons fait une très grosse semaine d'entraînement avec beaucoup d'intensité, ça faisait longtemps que l'on avait pas fait cela et j'espère sincèrement que l'on va pouvoir ramener quelque chose de Fréjus.

Justement, c'est un concurrent direct à l'extérieur, à quel match faut-il s’attendre ?

Fréjus reste une grosse écurie du championnat, il faut le reconnaître. Ils ont eu beaucoup de mouvements cet été, ils ont changé leur directeur sportif et pris pas mal de joueurs de National, de Sedan etc. Cela reste une belle opposition, je pense que dans ce championnat de N2, toutes les équipes sont costauds. C'est très serré comme on peut le voir au niveau du classement. Mais justement, je pense qu'aujourd'hui il faudrait que l'on arrête de se focaliser sur les autres et ne penser qu'à nous et à ce que l'on voudrait faire.

Quelles vont être les consignes et les ajustements de cette rencontre après cette semaine intense à l'entraînement ?

Nous avons travaillé sur l'esprit d'équipe, sur une grosse intensité de pressing, sur nos attaquants, dès qu'ils perdent le ballon, ne pas oublier de se replier et faire mal à l'adversaire pour soulager nos milieux et récupérer le ballon. C'est surtout sur cela qu'il faut que l'on se rattrape. Notre force a toujours été ce bloc très compact et très agressif qui ne laissait pas grand-chose à nos adversaires. Aujourd'hui à Fréjus, il faut que l'on ait cette intensité que l'on a mis cette semaine avec cette volonté d'être agressif sur le porteur de balle. On est à un point d'écart donc comme Toulon, l'équipe qui va gagner va prendre un matelas avant la trève. À nous cette fois-ci de prendre ce matelas-là. 

Que les supporters ne se trompent pas, il n'y a aucun défi, aucun manque de respect envers eux, nous les joueurs on sait l'importance qu'ils ont, qu'ils savent aussi le respect qu'on leur accorde. 

Yann Djabou

Veux-tu adresser un dernier message aux supporters ? 

Oui, j'en profite, je voulais revenir sur une invitation que j'ai dû décliner avec les supporters cette semaine. Je n'ai malheureusement pas pu y être car nous sommes salariés du club et nous avons des obligations et des interdictions vis-à-vis de lui. Concernant mon regard jeté sur les supporters, samedi à Toulon, il faut savoir que je n'ai aucun souci avec eux, aucun. Bien au contraire, j'ai tissé un lien avec les supporters alésiens qui est pour moi très important. Pour moi, les supporters c'est en partie l'âme de ce club. Oui, bien sûr, lorsque ça a sifflé dans les tribunes je les ai regardés, j'entendais gueuler donc j'ai regardé car je ne perds pas la face. Je suis capitaine de ce groupe donc j'ai aussi beaucoup de fierté pour mes potes dans le vestiaire donc j'écoute et je regarde. J'ai entendu ce qu'ils avaient à nous dire et il faut l'accepter et l'entendre puisque c'est légitime de leur part. C'est un sacrifice financier pour eux, il y en a qui prennent la route, les places payés et les abonnements. Mais j'ai surtout regardé une personne au-dessus des tribunes qui a eu un comportement viril et agressif lorsque je l'ai regardé, donc oui je lui ai tenu le regard voir si ça allait plus loin. Et dans le tunnel, encore une fois, une personne s'est permise de nous manquer de respect, donc je veux vraiment rectifier tout ça. Que les supporters ne se trompent pas, il n'y a aucun défi, aucun manque de respect envers eux. Nous les joueurs on sait l'importance qu'ils ont, qu'ils savent aussi le respect qu'on leur accorde. 

Le groupe de l'OAC contre Fréjus, ce soir à 18h

Moreau, Laurent - Djabou, Yalaoui, Hereson, Cros, Jdaini, Nadifi - Dabo, Peyrard, Franco, Ben Nasr, Husson - Kich, Mahamat, Baana Jaba, Balmy, Abelinti, Ab. Diaby

Louis Valat

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