Publié il y a 1 an - Mise à jour le 25.03.2023 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 2351 fois

L'INTERVIEW Julien Ritas, entraîneur de l'AS Rousson : "Je ne me voyais pas quitter le navire"

Julien Ritas

Julien Ritas, entraîneur de l'équipe R2 de l'AS Rousson.

- Corentin Migoule

L'ancien défenseur central de l'Olympique d'Alès en Cévennes, aujourd'hui agé de 42 ans, jouit toujours d'une belle cote de popularité dans la cité alésienne. Au début de l'été dernier, Julien Ritas reprenait les rênes de l'équipe première de l'AS Rousson, fraîchement reléguée en R2 après une sanction administrative infligée par la Ligue Occitanie. Quelques mois plus tard, le maintien n'est pas encore acquis. De sa relation avec Mouss Guiza à ses objectifs avec Rousson, en passant par sa vision du travail d'Hakim Malek et son envie de voir son fils s'émanciper, Julien Ritas se prête au jeu de l'interview.

Objectif Gard : Devenir entraîneur, c'était votre ambition dès la fin de votre carrière de joueur ?

Julien Ritas : Oui, j'avais en tête de continuer dans le football et de me lancer en tant que coach. Ça a d'abord été avec les gamins, les U17 de l'OAC pendant deux ans. Puis les U13 avec lesquels ça a été un peu plus compliqué. Je voulais ça, donc je ne suis pas déçu.

Julien Ritas
Julien Ritas, entraîneur de l'équipe R2 de l'AS Rousson. • Corentin Migoule

Comment s'est établie la connexion avec l'AS Rousson et notamment son directeur sportif Mouss Guiza ?

Ça fait quelques années qu'on se connaît, notamment par le biais de son fils Mehdi avec le Soccer Team. Mouss m'a appelé pour reprendre l'équipe en R1. C'est vrai que c'est un personnage dans le milieu du foot amateur. Il est comme il est. Tu aimes ou tu n'aimes pas, mais ce qui est sûr c'est qu'il aime son club. Il donne tout pour son club et des profils comme ça il y en a de moins en moins. Il fait tout pour qu'on soit bien. Après il y a eu cette histoire que tout le monde connaît (la rétrogradation du club en R2 après une pénalité de points, NDLR). Mais je m'étais engagé donc je ne me voyais pas quitter le navire. J'ai voulu relever le défi. 

Quelles ont été les conséquences de cette rétrogradation en matière de recrutement ?

On a perdu beaucoup de joueurs par rapport à la rétrogradation. Ensuite, en octobre, on a encore perdu des joueurs de la région marseillaise qui avaient signé. Pour "X" ou "Y" raison, ils ont décidé de quitter le navire. Il a fallu trouver des solutions. Ça a été l'opportunité de faire jouer beaucoup de jeunes du club. Aujourd'hui, dans l'effectif, j'ai six joueurs qui sont nés en 2005. Des petits jeunes qui ont toujours joué à Rousson. Les choses ont fait que j'ai eu besoin d'eux et ils me l'ont bien rendu. Au final, ils sont récompensés. 

"C'est la réalité du foot amateur. On est constamment dans l'adaptation."

Julien Ritas, coach de l'AS Rousson

Quand vous démarrez la saison l'été dernier, la remontée en R1 est-elle un objectif ?

Non, il n'y a pas eu d'objectif de montée affiché. L'objectif, c'est d'essayer de bien figurer. On a eu des départs de bons joueurs qui ont changé un peu la donne. Mais ça me plaît de travailler avec des jeunes à l'écoute. Certes, on est en milieu de classement, mais j'ai un bon groupe. On reste ambitieux. On a envie de terminer le plus haut possible. Mais on a encore besoin de points pour assurer le maintien. Sur les trois derniers matchs, on perd six points. Avec ces six points, on aurait pu jouer la troisième ou quatrième place. Mais c'est peut-être lié à un manque d'exigence des joueurs. Après les mecs bossent à côté. Certains arrivent à l'entraînement à 19h30 après le boulot. C'est la réalité du foot amateur. On est constamment dans l'adaptation. 

Souhaitez-vous être l'entraîneur de l'AS Rousson la saison prochaine ?

J'ai eu des opportunités pour partir entraîner ailleurs, y compris en tant qu'adjoint au niveau supérieur. Mais je suis bien installé ici. J'aimerais repartir pour une saison en arrivant à faire mon recrutement avec mon adjoint Mehdi Benyahia. C'est pour ça que ça me tenait à cœur de prendre les points les semaines précédentes pour être tranquille et pouvoir préparer la saison prochaine sereinement. Mon boulot, c'est de me projeter. Après je serai là ou pas. On a déjà commencé à travailler sur le recrutement en tout cas. 

Quels sont vos modèles dans le football en tant qu'entraîneur. Autrement dit, quelle est votre philosophie de jeu ?

Forcément, tu as toujours des modèles. Des mecs comme Zidane ou Guardiola avec des équipes de possession. Mais après on est dans la réalité de l'amateurisme. On doit faire en fonction des joueurs qu'on a. Par exemple, j'aime jouer en 4-2-3-1. Mais si ton numéro 10 est absent, tu dois t'adapter. J'ai joué à plusieurs reprises à trois défenseurs centraux alors qu'à la base je ne suis pas fan. 

"Je pense qu'on ne lui a pas donné sa chance cette saison."

Julien Ritas, au sujet de son fils Melvyn

En tant qu'ancien capitaine de l'OAC, vous gardez sans doute un œil sur les performances du club. Pensez-vous que les hommes d'Hakim Malek vont aller chercher le maintien ?

Je pense que ça va être difficile. Ça va se jouer à très peu de choses. Après, je ne peux pas trop me prononcer car je n'ai pas vu beaucoup de matchs cette saison. Je sais que c'est un peu mieux dernièrement en termes de résultats. On sait comment ça se passe dans le football. S'ils se maintiennent on dira qu'ils ont fait une bonne saison, sinon il y aura des critiques. C'est le football.

Connaissiez-vous Hakim Malek avant sa nomination et que pensez-vous de lui en tant que coach ?

Je le connaissais de nom. Pour avoir observé quelques-unes de ses séances, c'est vraiment intéressant sur le plan tactique. Il sait où il va, il sait ce qu'il veut. Il est un peu dans l'urgence, il sait qu'il a besoin de points rapidement. Les gens le jugeront en fonction de s'il est arrivé à obtenir le maintien ou s'il n'y est pas arrivé. En tout cas, j'aime bien ses analyses d'après-match. 

Après quelques bons matchs en National 3 la saison dernière avec Stéphane Saurat, votre fils, Melvyn Ritas, est actuellement capitaine de l'équipe réserve en R3. Comment vit-il cette "rétrogradation" ?

Récemment, il a eu une période un peu compliquée. Je lui ai dit qu'il fallait qu'il s'accroche. Ça se passe bien avec la réserve. Ils sont premiers et j'espère qu'ils vont monter. Mais même en cas de montée, je l'encourage à partir. Je pense que c'est le moment pour lui d'aller voir ailleurs, de s'émanciper. À mon sens, il a le niveau pour aller jouer en National 3. Je pense qu'on ne lui a pas donné sa chance cette saison. En novembre, quand Stéphane s'en va, je m'attendais à ce qu'il revienne dans le coup. Je me suis dit, "si tu ne l'enquilles pas là, tu ne le feras jamais". C'est comme ça, ça fait partie de son apprentissage. Il faut peut-être qu'il se fasse violence. 

Corentin Migoule

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