Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 07.10.2023 - Corentin Migoule - 8 min  - vu 1181 fois

L'INTERVIEW SPORT Brian Chevreuil, recrue de l'OAC : "Je suis vraiment un acharné !"

Dernière recrue de l'Olympique d'Alès en Cévennes, Brian Chevreuil n'a que 26 ans mais un CV déjà bien rempli, dont 10 matchs de Ligue 2 avec son club formateur, La Berrichonne de Châteauroux. Passionné, travailleur et discipliné, le milieu offensif débarque avec son lot de bonnes intentions pour aider l'OAC à atteindre ses objectifs. 

"Séduit" par la philosophie de jeu de son nouveau coach Hakim Malek, le Franco-Haïtien a hâte d'engranger du temps de jeu. Peut-être dès ce samedi à l'occasion du déplacement de l'OAC chez le leader, Hyères. En attendant sa potentielle première entrée en jeu, c'est au pied de l'hôtel Ibis, en centre ville d'Alès, où il loge provisoirement, que l'ancien meneur de jeu du FC Borgo nous a reçus cette semaine. Interview de celui qui a chipé le ballon à Léo Messi !

Objectif Gard : Comment es-tu tombé dans la marmite du football ?

Brian Chevreuil : C'est une passion. C'est devenu un métier au fil des années. C'est un mode de vie. Je pense football, je dors football, je vis football. J'ai commencé à l'âge de 5 ans à Champigny-sur-Marne, le club local, puis au CFFP, le centre de formation de football de Paris à l'époque. Après je me suis rapproché de chez moi, à Créteil. Avant d'aller à Châteauroux pour finir ma formation. 

Jusqu'à tes premiers pas en Ligue 2 avec la Berrichonne...

J'ai fait 10 matchs de Ligue 2. 10 tout rond ! Je le sais parce qu'il y a beaucoup d'erreurs sur les sites mais je peux t'assurer que j'ai les matchs bien en tête (rires). C'étaient uniquement des entrées en jeu. 5 minutes par ci, 20 minutes par là, mais je n'oublie pas ! J'avais 20 ans, c'était difficile de se faire une place. Il y a des statuts dans le football. Mais j'ai quand même pu jouer un peu et marquer un but important pour le match du maintien à Auxerre. (Une tête plongeante rageuse qui offre la victoire aux siens (1-2) à la 94e minute du match, NDLR - revoir ici). 

Un but décisif qui ne t'a hélas pas ouvert les portes du football professionnel tel que tu l'espérais. Qu'est-ce qui t'a manqué d'après toi ?

J'étais parti en prêt à Romorantin en National 2. Quand t'as 20 ans, ce n'est pas un niveau facile. Il y avait beaucoup de bons joueurs. C'était une bonne expérience car il me fallait engranger du temps de jeu. Je pense qu'il m'a manqué des petits détails. Je pense que ça n'a pas coincé par rapport à mon niveau footballistique. Quand j'ai signé professionnel, j'étais le seul du club de ma génération à passer pro'. J'espérais avoir un projet autour de moi. Mais il n'y a jamais eu d'idée de ce qu'on allait pouvoir faire avec Brian Chevreuil. On avait un effectif super élargi de 28 joueurs pour 18 places dans le groupe, ça fait peu ! J'étais convaincu de pouvoir jouer en Ligue 2 donc j'ai persisté. Je suis vraiment un acharné et je force le destin. Ça ne m'a pas souri mais j'en garde de très bons souvenirs. J'ai eu la chance d'être encadré par des joueurs d'expérience qui m'ont expliqué le football, comment s'entraîner et comment manger.

Quel est le profil d'une journée type depuis que tu as signé à l'OAC ?

Je me lève très tôt. À 6 heures du matin je suis debout. J'aime prendre le temps de me préparer, prendre le temps de faire mes étirements. Je suis un travailleur et je me dois de donner du temps à mon métier. J'essaie d'aller courir, d'aller à la salle, d'être actif tout le temps. J'estime que plus on s'entraîne, plus on est bon. 

Comment ne pas tomber dans l'excès et le surentraînement ?

On a la chance d'avoir un préparateur physique (Arnaud Grosselin, NDLR) qui est là à temps plein. Il est dédié à nous, il est à l'écoute de ce qu'on a besoin de faire. Il peut se déplacer, donc autant en profiter. J'essaie de travailler au maximum !

Fais-tu partie de ceux qui considèrent qu'un joueur qui évolue à l'OAC est un "professionnel" dans le sens où il vit exclusivement du football et s'entraîne tous les jours ? 

J'aimerais bien en tout cas que la division de National 2 soit reconnue comme pro'. Mais il y a encore des clubs de N2 qui s'entraînent le soir à 19 heures avec des joueurs qui travaillent à côté. À Alès, je pense qu'on est des privilégiés. Je suis un passionné donc je regarde tout ce qui se fait dans les clubs de National 3 jusqu'à la Ligue 1, je connais tous les joueurs et je sais que beaucoup de clubs n'ont pas la chance de pouvoir s'entraîner le matin. 

"Ça faisait longtemps que je n'étais pas tombé sur un coach qui a un peu la même idée du football que moi"

Brian Chevreuil au sujet d'Hakim Malek

Pourquoi l'aventure a-t-elle pris fin avec le FC Borgo, ton dernier club ?

C'était une riche expérience, en National, un niveau que je ne connaissais pas. Au final j'ai joué à tous les échelons de N3 à Ligue 2. À Borgo, j'arrivais avec de grandes ambitions. J'ai bien débuté en étant quasiment titulaire à tous les matchs. Mais le football ne s'arrête pas qu'aux prestations footballistiques. Il y a des enjeux économiques qu'on ne maîtrise pas. Ça a coincé parce que nous étions derniers et il fallait faire des choix forts. Malheureusement j'en fais partie ! J'ai beaucoup aimé la Corse parce qu'il y a des gens passionnés par le football. 

Une fois libre de tout contrat, après un mois de stage avec l'union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), tu es arrivé à l'essai à l'OAC. Avais-tu d'autres options ou s'agit-il d'un vrai choix ?

J'avais plusieurs sollicitations. Après, l'OAC est un club historique. Mon agent connaissait un peu Jean-Marie (Pasqualetti, le directeur sportif, NDLR) et un peu le coach (Hakim Malek, NDLR). C'était un choix délibéré de signer à l'OAC parce que j'ai été séduit. Séduit par le projet du club, séduit par l'idée de jeu d'Hakim Malek. Je regarde tout donc j'ai suivi le championnat l'an dernier. J'ai vu que tout a changé la saison dernière après son arrivée. Il est arrivé avec une idée de jeu, un jeu de possession. Il sait où il veut aller ! On a eu des discussions. Et puis, au cours des entraînements, je regarde, je vois, j'entends ce qu'il veut faire et je trouve que c'est cohérent. 

Cela signifie que ce n'est pas si fréquent de trouver des entraîneurs de N2 qui ont des vrais projets de jeu ?

Ça se fait de moins en moins. Aujourd'hui on n'a plus le temps de poser ses idées. On est dans l'urgence, on veut gagner, prendre des points et se mettre en sécurité rapidement. Malheureusement, ça va au détriment du jeu. Ça faisait longtemps que je n'étais pas tombé sur un coach qui a un peu la même idée du football que moi. J'ai accroché directement ! 

"La plus grosse erreur, ça serait de voir trop grand"

Tu débarques dans une équipe au sein de laquelle ton secteur de jeu est déjà très fourni. Comment penses-tu pouvoir tirer ton épingle du jeu ?

Je suis là pour aider le coach quand il aura besoin de moi, pour apporter du sang neuf. Il y a de bons joueurs dans ce groupe qui connaissent bien le niveau. Quoi qu'il arrive il y a de la concurrence. Mais une concurrence saine.

Comment faut-il interpréter ta signature à l'OAC (*) ? La volonté de rebondir pour repartir plus haut ou celle de t'engager durablement ici ?

On verra au fil de la saison. Je ne peux pas dire que je serai là à vie parce que ça dépend de Jean-Marie et Philippe (Mallaroni, directeur général du club, NDLR). Je suis sur l'instant présent. Quand on est mercredi, je me concentre sur l'entraînement du lendemain, pas sur le match du samedi. 

Quels sont les objectifs sportifs qui t'ont été soumis ? Un maintien à tout prix ? Ou s'autoriser à voir plus grand ?

La plus grosse erreur, ça serait de voir trop grand. On se concentre exclusivement sur les entraînements. Il faut déjà performer à l'entraînement avant de penser aux matchs. Le match, ce n'est que la somme de ce qu'on produit à l'entraînement. Les gammes qu'on répète chaque jour, on tente de les restituer en match. C'est ça le plus important. 

À l'entrainement, tu fais preuve de beaucoup de mobilité. Tu es capable d'aller à gauche, sur le côté droit ou de rester dans l'axe derrière les attaquants. Quel est le poste auquel tu t'épanouis le plus ?

J'ai besoin de courir beaucoup, d'engranger les kilomètres, de toucher la balle et d'organiser le jeu. Mais je jouerai là où le coach a besoin de moi. Si demain il me demande de me mettre à droite, en récupérateur, en numéro 10 ou même arrière droit, je le ferai sans problème. Après, le poste auquel j'ai le plus joué c'est en 8 ou en 10, en tant que milieu relayeur ou milieu offensif. 

En occupant ce poste relativement offensif, te fixes-tu des objectifs de passes décisives ou de buts à marquer comme ça pourrait être le cas d'un attaquant ?

Je ne me mets pas d'objectifs précis. Aujourd'hui on se base beaucoup sur les stats' mais ça ne veut tout et rien dire. Récupérer le ballon le plus souvent possible et faire jouer l'équipe c'est plus important que les passes décisives. 

"On va peut-être me prendre pour un fou..."

Quels sont les aspects de ton jeu par lesquels tu te distingues ? 

C'est une question difficile. Un tel dirait "Brian est un joueur comme ça", un autre dirait "Brian est plutôt comme-ci", c'est propre à chacun. La seule chose que je peux dire c'est que j'aime percuter. J'aime faire reculer la ligne défensive adverse avec le ballon, prendre mes responsabilités. J'aime bien avoir de la pression, j'aime bien qu'on compte sur moi, j'aime bien recevoir de l'amour. 

On t'en a sûrement beaucoup parlé à l'époque, mais je ne peux pas ne pas évoquer ce match contre l'Argentine de Léo Messi en 2018 avec Haïti. Ça reste ton plus beau souvenir footballistique ?

Non, le plus grand souvenir c'est mon premier but en Ligue 2 contre Auxerre. On va peut-être me prendre pour un fou, mais même si on a affronté Messi, ça reste un match où j'ai perdu (4-0, NDLR) et je ne suis pas content (rires). Je retiens surtout la défaite moi ! Je préfère me souvenir de tous les clubs dans lesquels je suis passé et des gens qui m'ont marqué. Notamment à Châteauroux, le directeur du centre de formation Armindo Ferreira. C'était une personne très exigeante et ça m'a vraiment marqué. 

Une exigence que tu retrouves en Hakim Malek, réputé pour la longueur de ses séances notamment ?

Il dit souvent qu'il fait des séances de 90 minutes à haute intensité parce que la durée d'un match c'est 90 minutes. Je pense que c'est une belle théorie et que peu de gens y ont pensé. Il a peut-être raison parce que si tu arrives à performer pendant 90 minutes à l'entraînement, tu peux le faire en match.

Dans quel état d'esprit abordez-vous le déplacement de ce samedi à Hyères, leader, après les deux déconvenues lors des deux premiers matchs à l'extérieur ?

Il n'y pas de préparation différente. On ne peut pas oublier les deux premières défaites, ça c'est sûr ! Il faut élever un peu plus notre degré d'exigence. Ça va être un match compliqué mais il faut aller de l'avant, sans crainte. 

L'hommage de Brian Chevreuil

Invité à donner le mot de la fin pour clore cette interview, Brian Chevreuil a naturellement eu une pensée pour "les joueurs qui ne sont plus là". "Je veux rendre hommage à ceux qui sont partis. Si le club est là aujourd'hui, c'est en partie grâce à ceux qui ont fait monter le club de N2 à N3 et ont maintenu l'OAC l'an dernier. Si j'ai la chance d'être là, c'est aussi grâce à eux."

(*) Brian Chevreuil s'est engagé pour une saison avec l'OAC.

Corentin Migoule

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