Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 04.11.2023 - Corentin Migoule - 6 min  - vu 1024 fois

L'INTERVIEW SPORT Pierrick Cros (OAC) : "Descendre plus bas pour mieux remonter, ça ne me fait pas peur !"

Le mercato estival de l'Olympique d'Alès en Cévennes s'étire au point de prendre un caractère automnal avec la signature récente de Pierrick Cros. Sans club depuis la fin de son contrat avec Laval en juin dernier, le natif de Montbrison (Loire) vient renforcer l'arrière-garde oacienne. Formé à l'AS Saint-Étienne, passé par Uzès, le Red Star, la Corse et la Grèce notamment, le trentenaire (31 ans) expérimenté a le profil de la recrue "plus-value". 

Ce jeudi, au moment de notre échange, le défenseur central n'était toujours pas fixé quant à l'homologation de sa licence par les instances. Et s'il devra a priori patienter encore quelques jours avant de porter le maillot de l'OAC pour la première fois, Pierrick Cros avait une certitude : "Je ferai le déplacement à Andrézieux quoi qu'il arrive !" Interview !

Objectif Gard : Quelles sont les coulisses de ton transfert récent à l'OAC ?

Pierrick Cros : Depuis le 1er juillet, je suis sans club. J'ai continué à m'entretenir physiquement, notamment avec Andrézieux où je suis resté quatre mois. Ça faisait presque un mois qu'on discutait avec les dirigeants, notamment avec Jean-Marie Pasqualetti le directeur sportif. On a avancé pas à pas, jusqu'à une finalisation la semaine dernière. 

Si le club d'Andrézieux t'a permis de t'entretenir pendant tout ce temps, on peut en déduire que tu avais laissé un bon souvenir de ton premier passage ?

Je suis né à quelques kilomètres de là. C'est le club où j'ai évolué étant tout petit. J'y étais déjà revenu après mon passage en Grèce. On avait loupé l'accession en National. J'y ai gardé de bons contacts. J'étais revenu dans la région pour les vacances. Au final elles se sont éternisées en raison de ma situation. J'ai fait toute la préparation et j'ai même joué des matchs amicaux avec eux. Le transfert n'a pas pu se faire, donc quand l'OAC s'est présenté, j'étais très content de revenir dans la région pour pouvoir aider le club à atteindre ses objectifs. 

Tu gardes un goût amer de la fin de ton aventure avec Laval. Pourquoi a-t-elle pris fin ?

C'était le même coach pendant les trois saisons. J'avais signé pour un an à la base. Au bout d'un an, j'étais l'un des seuls rescapés après une très moyenne douzième place en National. J'ai prolongé deux ans. J'ai participé à la montée en étant vice-capitaine de l'équipe et en jouant la quasi-totalité des matchs. J'aspirais à mieux en Ligue 2 car c'est un niveau que j'avais connu. Je voulais continuer sur ma lancée et avoir plus de temps de jeu. Ça n'a pas été le cas et j'en garde un goût amer. Entrevoir à nouveau la Ligue 2, au vu du parcours que j'ai eu en redescendant dans les niveaux inférieurs pour mieux raccrocher le monde pro', c'était beau. Je reste malgré tout sur un dernier match à Geoffroy-Guichard, c'était mon jubilé. Pour un joueur formé à Saint-Étienne, finir là-bas devant mes amis et ma famille, ça reste un bon souvenir.

Alors que tu t’es retrouvé sans club jusqu'à il y a quelques jours, Laval caracole en tête de la Ligue 2. Ça démontre que les trajectoires dans le football ne tiennent à rien. Est-ce que tu as le sentiment que la carrière d'un footballeur dépend de la qualité de ses choix et du facteur "chance" également ?

Oui, tout à fait. Ma carrière le résume parfaitement. À l'âge de 18 ans, je n'ai pas eu la chance de signer pro' avec l'AS Saint-Étienne. Aujourd'hui, dans un autre contexte sportif et économique, ça fait un moment que j'aurais signé à cet âge là. On voit que les joueurs signent pro' dans n'importe quel club professionnel. À l'époque, j'ai dû partir à Uzès. Puis j'ai connu la Ligue 2. Je suis parti à l'étranger après un choix sportif qui s'est avéré moins bon qu'espéré. J'ai dû repartir en N2. Quand on sort du circuit pro', c'est très dur de remonter. Il m'a fallu quatre ans. Malgré ça et malgré mon expérience du National, je me suis retrouvé en difficulté au mercato d'été. Je n'ai aucun problème avec l'idée de rescendre d'un cran. Avec Bastia-Borgo, j'avais fini premier de la poule de l'ouest et j'étais monté. Donc descendre plus bas pour mieux remonter, ça ne me fait pas peur ! Mais effectivement, il faut une part de chance et du réalisme dans les choix de carrière. 

"Je peux apporter plus de sérénité"

À 31 ans, quand on a ta carrière, qu’est-ce qu'on vient chercher dans un club comme l'OAC ?

J'étais à la recherche d'un projet ambitieux. Au début je cherchais du National. J'ai eu plusieurs déconvenues au cours du mercato. Des clubs de N2 se sont présentés, dont Alès qui a un projet Cap2024 qui est intéressant. Si l'OAC est venu me chercher, je pense que c'est pour réaliser ses objectifs, à court ou à moyen terme. Si je peux m'inscrire dans la durée, ça sera avec plaisir.

Le fait de connaître déjà le Gard, 10 ans après ta saison en National avec Uzès, ça a penché dans la balance ?

Oui, c'est un choix personnel. Avec ma copine, on voulait se rapprocher de Saint-Étienne et de la Côte d'Azur où vit mon papa. Quand Alès s'est présenté, j'ai vu que je n'étais pas loin d'Uzès. Une région que je connais très bien. Donc c'est un plaisir de revenir ici une dizaine d'années après le début de ma carrière dans le milieu des adultes. J'en garde de très bons souvenirs parce que cette saison m'a formé sur le plan sportif et en tant qu'homme.

Quelles sont les attentes du staff à ton égard ? Autrement dit, quel est le discours qui t'a été présenté à titre personnel ?

C'est le fait d'apporter mon expérience et de la maturité dans le jeu. C'est une équipe qui attaque bien mais qui est peut-être déséquilibrée par moments. Avec mon expérience, je peux apporter plus de sérénité et une meilleure gestion des tempos d'un match. Il y a des bons joueurs dans l'équipe. Je dois venir ajouter une pierre de plus à l'édifice pour arriver le plus haut possible. 

"Il faudra parfois prendre des points sans vouloir être bons et beaux"

Pierrick Cros, défenseur de l'OAC

Les joueurs de l'effectif à vocation offensive ont tendance à apprécier la philosophie de jeu d’Hakim Malek. Est-ce que c’est aussi ton cas en tant que défenseur, ou tu te dis que tu vas avoir beaucoup de boulot ?

C'est justement la raison de ma venue. Il faut trouver le bon équilibre entre le fait de bien attaquer et bien défendre. Je sais que l'équipe se crée beaucoup d'occasions. Elle a un petit déficit de réalisme, mais c'est quand même important de se créer des occasions. Sur une saison, ça finit par s'équilibrer. Je préfère être dans une équipe qui joue au ballon et produit du jeu, même s'il faudra bien défendre car il y aura des moments compliqués au cours de la saison. Il faudra parfois prendre des points sans vouloir être bons et beaux. Mais sur la durée complète d'une saison, c'est important d'avoir une identité de jeu et c'est ce que le coach essaie d'imprimer depuis quelques mois. 

Quel type de défenseur es-tu ? Quelles sont tes qualités principales ?

Je suis plutôt un défenseur assez complet. Bon dans le placement, bon dans la communication. Je suis plutôt un leader naturel de défense. Je suis dur sur l'homme quand il faut l'être et bon relanceur. Le foot d'aujourd'hui requiert des qualités dans tous les domaines. C'est important d'être polyvalent. J'arrive à un âge où je suis aussi moins "foufou" sur le terrain. 

À ton poste, quel est le joueur qui t’a le plus impressionné au cours de ta carrière ?

À l'époque, au Red Star, je jouais avec Samuel Allegro qui était le capitaine. C'était un défenseur complet qui avait eu une grosse carrière. Il m'a bien aidé. J'étais plein de fougue à la découverte du niveau National pour aller chercher l'échelon supérieur. Il m'a beaucoup aidé dans l'approche des matchs et leur déroulement. 

"Ça ne s'était pas très bien passé avec Serhou Guirassy"

Et l'attaquant le plus redoutable que tu as affronté ?

Il y a un match en Ligue 2 où on avait eu beaucoup de mal. C'était avec le Red Star à Auxerre. Ça ne s'était pas très bien passé avec Serhou Guirassy (l'attaquant du VFB Stuggart a inscrit 14 buts en 8 matchs de Bundesliga cette saison, Ndlr). Il avait brillé en mettant un doublé. Il était très complet, il avait été assez impressionnant. Cet attaquant m'avait un peu marqué. Aujourd'hui il est en pleine forme !

Ce samedi, l'OAC se déplace à Andrézieux. Tu t’es entraîné pendant plusieurs mois avec ce club. Tu en connais les failles. T'es-tu permis de donner des conseils tactiques à tes partenaires et au staff avant le match ?

Quelques-uns m'ont demandé ce que je pensais de cette équipe d'Andrézieux. Le coach, en début de semaine, a fait un état des lieux. Je n'en ai pas spécialement parlé avec lui. Le constat qu'il a fait est un peu le même que le mien, à savoir que c'est une équipe qui a de fortes individualités, avec tout de même un collectif. Il y a forcément des failles. Le coach a su les identifier et ça sera à nous de les exploiter pour revenir avec un ou plusieurs points de ce déplacement qui n'est pas facile quand même puisqu'ils restent sur deux victoires en championnat.

Enfin, comment imagines-tu la fin de ta carrière ?

J'ai appris au fil des années que rien n'est acquis dans le football. Par le passé, j'ai prévu des choses qui ne se sont pas réalisées comme je le souhaitais. Il faut vivre au jour le jour. La vie est faite d'opportunités, comme celle de signer à Alès. Il y a quelques mois, je ne l'aurais pas cru. Aujourd'hui j'y suis pour réaliser une grosse saison. Après c'est le corps qui décidera. Eden Hazard vient d'arrêter sa carrière alors que personne n'aurait imaginé qu'il l'arrêterait à 32 ans au vu des qualité qu'il a. On fera un point à la fin de la saison pour voir ce qu'il en est.

Corentin Migoule

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