LÉGISLATIVES 2012 : Au coeur du débat France-Bleu entre Yvan Lachaud, Françoise Dumas et Julien Sanchez
Mercredi 13 juin, il est 8 heures. La centre-ville de Nîmes s'éveille peu à peu sous un beau soleil. Un touriste photographie les Arènes, le Palais de Justice s'apprête à ouvrir ses portes, les barmans servent les premiers cafés... Un réveil classique. Mais, quelques mètres plus loin, devant les locaux de France Bleu Gard Lozère, trois candidats aux élections législatives sont déjà bel et bien réveillés. Ce matin, Yvan Lachaud (Nouveau Centre), Françoise Dumas (Parti Socialiste) et Julien Sanchez (Front National), les trois candidats de la première circonscription, ont rendez-vous dans les locaux de la radio pour débattre. A quatre jours du second tour, alors que les politiciens ont fini le premier tour dans un mouchoir de poche (Françoise Dumas, 30,31 %, Yvan Lachaud, 29,01 %, Julien Sanchez, 26,02 %), la moindre voix compte. Les candidats jouent gros.
Yvan Lachaud est le premier arrivé. Il patiente, en compagnie de sa femme, en plaisantant avec les journalistes de la radio. A huit heures pétantes, Julien Sanchez se présente seul dans les locaux. Poignée de main cordiale entre les deux candidats. Sans plus. Julien Sanchez s'assoit en attendant le début du débat à 8h15. Françoise Dumas, concentrée, entre à son tour. Elle salue brièvement ses adversaires et fait un dernier point avec un conseiller. 8h12 : Jacques Prévost, rédacteur en chef de France Bleu Gard Lozère et animateur du débat, invite les candidats à s'installer dans le studio. 8h15 : le débat commence.
L'animateur lance un premier sujet sur le tweet de Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande, qui a beaucoup fait parler. La première dame soutenait, dans ce tweet, le candidat socialiste opposé à Ségolène Royal. Sur ce point, Françoise Dumas et Julien Sanchez tombent d'accord : "C'est une maladresse toujours regrettable mais ce n'est pas la préoccupation de nos électeurs", explique la candidate. "Les gens s'en fichent", ajoute Julien Sanchez. Yvan Lachaud, lui, ne semble pas du même avis :"C'eût été Madame Michu, ça n'aurait pas été un problème. Mais là, ça fait quand même désordre".
Le débat s'oriente ensuite sur la fiscalité. Jacques Prévost demande à Françoise Dumas si la réduction de la dette passera par davantage de prélèvements. En clair, si les français vont devoir payer plus pour éponger la dette. Une mesure évidemment impopulaire en ces temps où les français se serrent la ceinture. Prudente, Françoise Dumas rassure ces électeurs : "Les mesures fiscales vont se faire dans la durée." Et puisque la meilleure défense, c'est l'attaque, elle poursuit : " Je vous rappelle qu'il y a eu 45 taxes supplémentaires sous le mandat de Nicolas Sarkozy". Yvan Lachaud s'engouffre :"Et les 60 000 postes d'enseignants supplémentaires, comment va-t-on les financer ? Ce que je préconise, c'est de tout mettre en oeuvre pour alléger les charges sur le travail." De son côté, Julien Sanchez conclut :"Au Front National, nous voulons protéger les classes moyennes en aidant les PME et les TPE en baissant l'impôt sur les sociétés".
Jusqu'à présent très courtois, un peu lisse, le débat s'emballe. Le premier à lancer une pique est Julien Sanchez :"J'ai apporté avec moi un article sur lequel on voit une photo de M. Lachaud et de Mme Dumas en train de trinquer ensemble". La réaction du député sortant ne se fait pas attendre :"Nous, on peut trinquer ensemble parce qu'on va sur le terrain !". A croire qu'il fallait un élément déclencheur, les attaques vont s'enchaîner. Alors qu'il est interrogé sur la délinquance, Yvan Lachaud en vient au thème de l'immigration. Françoise Dumas saute sur l'occasion :"Vous faîtes un raccourci. Pouvez-vous nous expliquer quel est le lien entre la délinquance et l'immigration ?".
Et, au moment où l'on s'y attendait le moins, l'ambiance se radoucit subitement. Du moins, entre deux candidats. Julien Sanchez qui demande à ce que l'on donne plus de moyens à la police, se voit gratifier d'un "merci" par la candidate socialiste. Un merci, interprété comme un signe de connivence, et qui fait bondir Yvan Lachaud :" Il y a un accord tacite entre le Front National et le Parti Socialiste". "Il n'y a aucun accord tacite", tient à rappeler Julien Sanchez, "Avec Madame Dumas, nous nous respectons mais nous ne partageons pas les mêmes idées."
L'horloge de la radio affiche 8h45, heure qui annonce la fin du débat. Avant de partir tous les trois dans des directions opposées, les candidats se quittent sur un :"Bon courage". Ils vont en avoir besoin.
Tony Duret
tony.duret@objectifgard.com
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