Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 19.06.2013 - stephanie-marin - 4 min  - vu 228 fois

CALL EXPERT La reprise du travail reportée, les salariés tombent des nues

Sur le site de Call Expert à Saint-Christol-lez-Alès ce mercredi 19 juin. Photo DR/S.Ma

Les visages sont fatigués, les traits tirés. Certains salariés peinent même à tenir sur leurs jambes. Et pourtant, ce mercredi matin, ils étaient une quarantaine à se présenter devant leur bureau pour la reprise du travail annoncée dans une note interne datée du lundi 17 juin par la direction de Call-Expert. Cette interruption faisant suite à un problème technique des accès télécoms de la société de télémarketing située à Saint-Christol-lez-Alès, au cœur d'un conflit social depuis une quinzaine de jours (Lire ici). Oui mais voilà, à 11 heures, les salariés n'étaient toujours pas au travail. Sur le parvis du bâtiment, là même où flottent au vent chaud des drapeaux à l’effigie de la CGT, Frédéric Guillaume mandaté pour représenter la direction accompagné d'un huissier, expliquait aux présents que la reprise du travail était reportée au vendredi 21 juin. "Pour les personnes présentes sur le site, nous l'avons su ce matin. Mais d'autres salariés avaient été prévenus avant par des SMS" explique une employée de Call Expert, société en difficulté financière suite à des pertes de marchés (Voir notre article).

"Sans que l'on ne connaisse l'origine des faits, le système informatique de la société n'est pas en état de fonctionner. Des câbles ont été déconnectés et les techniciens n'ont pu se rendre sur le site pour effectuer les réparations. Elles devraient être faites dès vendredi" précise Frédéric Guillaume. L'annonce est tombée comme un couperet. Trois des salariées n'ont pas tenu le choc, elles ont été conduites à l'hôpital. A Stéphanie Mallia, déléguée syndicale CGT et membre du comité d’entreprise, de commenter : "Nous sommes détruits. Cela fait quinze jours que nous nous battons pour nos emplois et nous n'avons aucune réponse. Nous sommes perdus et tombons de fatigue. Nous voulions reprendre le travail mais on nous dit de rentrer chez nous, sans explication, sans condition." Les explications, les salariés les ont eu. Les conditions n'ont pas tardé à se faire connaître par la voix du représentant de la direction. "Une cellule d'écoute psychologique sera ouverte dès demain matin pour les salariés -- qui ont fait valoir un droit de retrait, Ndlr -- . Par ailleurs, ils seront dispensés de venir travailler aujourd'hui et demain tout en étant payé."

Et alors que les salariés occupaient la terrasse du site ce mercredi, un courrier arrivait dans leur boîte aux lettres. Une nouvelle note interne de la part de Bertrand Delamarre, le PDG de Call Expert dans laquelle il les accuse d'avoir dégradé les locaux : "En effet, après qu'ait été constaté le 17 juin un certain nombre de dégradations, avaient été programmées ce jour, l'intervention d'un serrurier pour sécuriser la salle technique mise à mal durant ces 14 jours d'occupation, et celle de techniciens SFR en vue de remettre en état de fonctionnement les outils de travail, afin qu'une reprise de l'activité des salariés non-grévistes puisse avoir lieu dès le mercredi 19 juin 2013. Les mêmes assurances avaient été données à nos clients. Hélas ce matin, de nombreux actes de vandalisme intervenus dans la nuit du 17 au 18 juin, sont à déplorer." Pure calomnie pour les salariés qui ont aussitôt exigé au représentant de la direction, un démenti sans quoi il ne passerait pas le portail du site pour en sortir. Malgré plusieurs tentatives, Frédéric Guillaume n'est jamais parvenu à joindre Bertrand Delamarre. Aux côtés de l'huissier, il a alors posé sur le papier les faits de cette fin de journée. Le représentant de la direction a ainsi pu quitter les lieux en promettant de revenir ce jeudi au petit matin.

Xavier Mathieu en visite à Call Expert...

Xavier Mathieu est allé à la rencontre des salariés de Call Expert ce mercredi 19 juin. Photo DR/S.Ma

Après Philippe Poutou, c'est au tour de l'ex-délégué syndical CGT de l'usine Continental de Clairoix, Xavier Mathieu, de venir faire une visite de soutien aux salariés de Call Expert, quelques heures avant la présentation du film-documentaire La Saga des Conti, aux Arcades à Alès, dès 21 heures. "Je viens là pour montrer aux gens qu'il y une possibilité, en s'organisant, d'arriver à quelque chose. Alors oui, ici, ils sont beaucoup moins nombreux que nous étions (Le 11 mars 2009, les 1 120 salariés de l’usine de pneumatiques "Continental" de Clairoix reçoivent leur lettre de licenciement, Ndlr) mais il faut de la détermination et elle doit durer" précise-t-il avant d'ajouter. "En France, il n'y a que les patrons qui peuvent jouer les voyous en toute impunité. Ici comme ailleurs dans le pays, le patron ferme l'entreprise en prétextant que son plus gros client est parti, la faute à qui ? Aux salariés ? Des décisions de justice doivent être prises et soutenues par l’État. La non-organisation du CE est un délit d'entrave, le procureur a la possibilité de poursuivre le PDG et il ne le fait pas. Pour les patrons, la loi n'est jamais appliquée" accuse celui qui s'est battu pour sauver son emploi. "Nous n'avons pas pu empêcher notre boîte de fermer, mais quand vous pouvez raconter cette histoire qui est une histoire d'amour dans un conflit très dur, à vos enfants ou petits-enfants, vous la racontez avec fierté." Cette histoire-là vous pouvez la découvrir au travers du documentaire réalisé par Jérôme Palteau, en salle depuis le 20 mars 2013 et à Alès ce mercredi 19 juin, suivi d'un débat.

La suite de l'affaire Call Expert... Demain à 11 heures aura lieu une nouvelle table ronde à la sous-préfecture d'Alès.

S.Ma

Stéphanie Marin

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