GAZ DE SCHISTE. "Dans l'état actuel des choses ce n'est pas jouable", plaide Me Christian Huglo
Le regard d'un bleu profond et les traits tirés par le voyage, Me Huglo a fait le déplacement à Nîmes afin de donner une conférence sur "Les grands procès de l'écologie". Un évènement à l'initiative du préfet du Gard, Hugues Bousiges. Parmi les nombreux dossiers et affaires suivies, le mari de Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Ecologie, se dit "à titre personnel défavorable à l'exploitation du gaz de schiste. Mais je dois donner des arguments en tant qu'avocat". Le gaz de schiste, un sujet explosif dans le département, et ce n'est pas le préfet qui a récemment vu une manifestation s'organiser sous ses appartements, qui dira le contraire.
Catimini. Dans les prochains jours, le Conseil constitutionnel devrait décider si la loi votée en vitesse en 2011, qui interdit la fracturation hydraulique, doit être réécrite. Cette législation fait suite au tollé suscité après la délivrance de permis d'exploitation pour le gaz de schiste par Jean-Louis Borloo, à l'époque ministre de l'Ecologie. Une décision politique "prise en catimini et régie sous les règles de l'ancien code minier. Par exemple, les études d'impact n'étaient pas obligatoires. Vous comprenez que les gens aient grimpé au plafond", explique l'avocat.
Aujourd'hui "le code minier est en pleine révolution (…) Et la plupart des autorisations ont été retirées". Reste alors à l'avocat d'exposer sa plaidoirie contre l'exploitation. "Dans l'état actuel des choses, ce n'est pas possible. Il faut des garanties. Tout d'abord que les sociétés donnent des contreparties aux pouvoirs publics et que ces mêmes sociétés s'engagent à réparer les préjudices écologiques (…) Mais si il y a un problème à 3000 mètres, il faut être clair, ce sera impossible de réparer les dommages", poursuit Me Huglo.
Enfin, concernant l'argument d'indépendance énergétique avancé par le ministre Arnaud Montebourg : "c'est impossible. C'est une question d'espace", assure Me Huglo. Devant de telles cacophonies et maladresses politiques, celui qui a fait avancer le droit écologique constate "qu'aujourd'hui les lois n'avancent, non pas avec les législateurs dont c'est le rôle, mais avec les juges qui après avoir entendu chaque partie tranchent"…
Coralie Mollaret
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