Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 13.05.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 1038 fois

FAIT DU JOUR. Quand le strip-tease forain s'invite dans les rues d'Alès

Extrait du spectacle Strip-tease forain. DR/Marc Gaillet

Les 4 et 5 juillet prochain, le festival Cratère Surfaces accueillera le spectacle "Strip-tease forain", librement inspiré d'un livre de Susan Meiselas. L'histoire de ces femmes qui distrayaient les hommes lors des foires agricoles des années 70. Pour les interpréter, le metteur en scène grenoblois Mathias Beyler a choisi des hommes de divers horizons artistiques. Rencontre avec un passionné.

Objectif Gard : Comment est né cette idée de strip-tease forain?

Mathias Beyler : On m'a donné le livre de Susan Meiselas il y a 10 ans. Cette photographe américaine a suivi pendant trois saisons les strip-tease des foires agricoles qui avaient pour objectif de distraire des hommes, mineurs la nuit et paysans le jour. Il en existe encore un de ce type à Beaucroissant, dans l'Isère. A l'époque, c'était très cru. Il fallait aller toujours plus loin pour ramener le plus d'argent possible face à ses concurrentes. Le livre qu'en a fait Susan Meiselas est d'une humanité très forte, avec des témoignages et des photos poignantes. J'avais envie de le partager.

O.G : Vous n'avez choisi que des hommes pour ce spectacle, pourquoi?

M.B : Je ne voulais pas faire du naturalisme ou de la reconstitution. Je voulais m'éloigner des stéréotypes et aller là on ne m'attendait pas. J'ai fait une liste de tous ceux avec qui j'avais toujours eu envie de travailler et les dix premiers étaient des hommes. Parmi eux, un trapéziste, un chanteur, un performeur, mon père et mon frère. Par ailleurs, je ne voulais pas uniquement que des comédiens sur cette pièce que je considère plus comme un acte que comme un spectacle. J'ai choisi des personnalités et je leur ai demandé de faire ce qu'ils voulaient avec leur sensibilité, leur histoire et leur ressenti. Ils mettront en scène leur fragilité sans se travestir. On a commencé à travailler en novembre dernier à Toulouse et j'ai rapidement senti une véritable cohésion.

Mathias Beyler. DR/EL

O.G : Qu'avez vous envie de dire avec cette création?

M.B : Je suis un peu bisounours, j'aimerais un monde parfait! Je veux mettre en exergue la différence et sa beauté. La perfection n'a aucun intérêt et n'a rien d'humain. Qu'est-ce qu'il reste une fois que l'on a tout montré? On peut passer à autre chose et aller plus loin. C'est ce que l'on souhaite faire. Il y aura donc du nu, on ne peut y échapper, mais ce sera uniquement au début. Après, le spectacle de fait dans l’œil du public.

O.G : Basé à Montpellier, votre spectacle est produit par le Cratère d'Alès pour cette création inédite. Quel lien entretenez-vous avec cette ville?

M.B  : J'ai déjà travaillé en partenariat avec le Cratère il y a six ans et ma famille habite dans le Gard. Avec ma compagnie, on travaille régulièrement avec les lycées et notamment celui de Bellevue où l'on enseigne l'option théâtre. Je viens d'une ville minière également, La Mure, dans l'Isère, et je retrouve beaucoup de points communs entre ces deux villes. Comme si en arrivant ici, on ressentait le passé minier de manière instinctive. L'habitat social intra-muros, le crassier, les bâtiments, l'ambiance collective, je ne saurais comment l'expliquer. On ressent une dimension humaine particulière, notamment dans des noms tels "La maison du peuple''. C'est le titre d'un collectif.

O.G : Vous jouerez pour la première fois à l'extérieur, dans les jardins du Bosquet, comment appréhendez-vous ce nouveau décor?

M.B : C'est un peu un défi. Mais on a conçu la pièce comme ça. Le décor sera notamment composé d'un camion et on ne peut le faire rentrer dans un théâtre.

Eloïse Levesque

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