ALÈS 200 pharmaciens mobilisés contre la réforme des professions réglementées

Ce matin à Alès, plus de 200 pharmaciens ont suivi le mouvement national de grève pour protester contre le projet gouvernemental de réforme des professions réglementées. Ce dernier vise à autoriser la vente des médicaments dans les grandes surfaces et à ouvrir le capital des officines à des investisseurs extérieurs.
Vêtus de leur blouse blanche, les pharmaciens du bassin d'Alès se sont mobilisés en nombre ce matin dans les rues de la capitale cévenole pour dénoncer "l'aberration" du projet de loi annoncé en juillet dernier par l'ancien ministre de l'économie Arnaud Montebourg. Au centre des inquiétudes : l'hypothèse d'élargir la vente des médicaments dans les supermarchés. Les pharmaciens craignent à la fois pour "le maintien de la santé publique" mais aussi pour l'avenir de leurs emplois.
"Monsieur Leclerc n'est pas un professionnel de santé"
Pour l'heure, les pharmaciens ont le monopole de délivrance des médicaments. Et ils veulent le conserver. "Nous connaissons nos patients et nous sommes à même de leur dire si le traitement qu'ils demandent est compatible avec leur état de santé. Monsieur Leclerc, lui, n'est pas un professionnel de santé", déplore Monique, pharmacienne à Molières-sur-Cèze. Autoriser donc le libre accès à des médicaments comme le Doliprane - même si ce dernier n'est pas soumis à une prescription médicale - peut, selon les grévistes, avoir des "conséquences dangereuses si un professionnel n'est pas là pour le délivrer au patient", indique Pierril, pharmacien à Saint-Jean-du-Pin. Et d'ajouter : "D'autant que ce ne sera pas moins cher. Les Français se font avoir quand le gouvernement assure que cette loi devra rendre du pouvoir d'achats aux ménages".
"Il y aura des licenciements"
C'est aussi pour l'avenir de leurs emplois que les pharmaciens ont manifesté aujourd'hui. "Si le capital des officines est ouvert à des capitaux extérieurs, les pharmacies situées en zone rurale vont fermer. Nous allons devoir licencier", s'indigne Monique. Pour Pierril, "il est essentiel de conserver le maillage territorial dont nous bénéficions actuellement pour ne pas prendre le même chemin que les médecins et délaisser complètement les petites communes".
Ce matin, une délégation de pharmaciens a fait part de ses inquiétudes au sous-préfet d'Alès, François Ambroggiani. "Il nous a écouté. Il est bien conscient du problème de désertification rurale et va faire remonter nos craintes", déclare Brigitte Bouziges, présidente nationale de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine du Gard et pharmacienne aux Salles-du-Gardon. Le cortège s'est ensuite rendu sur la place de l'Hôtel de ville, où le maire Max Roustan les a accueilli en signant la pétition de soutien aux pharmaciens. À la permanence du député Fabrice Verdier, les manifestants ont été reçus et entendus par son attaché parlementaire.
Elodie Boschet