Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 05.07.2016 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 1012 fois

HÉROS D'ANTAN Folco de Baroncelli, "l'inventeur" de la Camargue

Le marquis de Baroncelli au mas du Simbeu.

Au début du XX ème siècle, un homme aura eu une importance capitale dans la codification de la course camarguaise. Folco de Baroncelli, né d'une famille de l'aristocratie florentine en 1869, a voué sa vie à la Camargue en réveillant ses traditions endormies, et en instaurant des nouvelles.

Surnommé Lou Marqués - le marquis -, Folco de Baroncelli n'était pas vraiment prédestiné à devenir l'un des manadiers les plus respectés de l'histoire. Son rang social aurait pu l'en empêcher, mais c'était sans compter sur une famille quelque peu atypique, aristocrate mais parlant la langue du peuple, le provençal, qu'il baignera très tôt dans une culture camarguaise aux contours mal dessinés. Né à Aix-en-Provence, mort en Avignon, le marquis aura eu le temps de pérégriner entre Arles et Nîmes, en passant par les Saintes-Maries-de-la-Mer.

Frédéric Mistral au marquis : "Je te confie la Camargue"

C'est dans la demeure de sa grand-mère, à Bouillargues, qu'il voit des taureaux dès son plus jeune âge. À 21 ans, il s'illustre déjà en publiant un premier ouvrage, Babali, et fonde avec Frédéric Mistral L'Aioli, un journal en langue provençale. Ce dernier lui déclare "Je te confie la Camargue" lorsqu'il crée la manade Santenco. Sa vision poétique n'aura alors de cesse d'embellir les coutumes locales.

Son but est de reconquérir la pure race Camargue, trop souvent comparée au toro brave espagnol. Il commence par codifier la course camarguaise et définit l'allure du toro camarguais. La rencontre de Buffalo Bill - célèbre chasseur de bisons reconverti en directeur d'une troupe de théâtre - va marquer sa vie comme celle de la culture camarguaise. Car tel un visionnaire, il constate les similitudes entre la conquête de l'ouest et les terres humides du sud de la Provence, ces cowboys semblables à des gardians, ces indiens aux coiffes extravagantes qu'il compare aux gitans. Ils le surnomment "Oiseau fidèle" et n'ont pas tout à fait tort. Profondément humaniste, il défend les plus opprimés et met en lumière le culte de Sainte Sara, protectrice des gitans. Désormais, et sous son impulsion, ils n'ont plus besoin de se cacher pour honorer leur patronne. Ce qui donnera lieu aux processions des Saintes-Maries-de-la-Mer depuis 1935.

L'arrivée des Allemands, sa chute.

C'est d'ailleurs là-bas qu'il fera construire son mas, le Simbèu, que les Allemands réquisitionneront en 1942, le forçant à s'installer en ville chez sa fille. Ce sont ces mêmes Allemands qui détruiront le mas avant de prendre la fuite en 1944. Mais Folco de Baroncelli était déjà mort un an plus tôt et emportait avec lui de grandes désillusions et un profond chagrin : la mort de son épouse survenue quelques années auparavant, des problèmes financiers, et la fin de sa manade auront eu raison de lui. Il laisse derrière lui une vie de passion pour la Camargue.

Outre ses prises de positions en faveur des républicains espagnols, des vignerons du Languedoc, contre le projet d'assèchement du Vaccarès, c'est aussi lui qui commande en 1926 au peintre Hermann Paul la réalisation d'une croix représentant les trois vertus fondamentales : la foi, l'espérance et la charité. La croix camarguaise était née, symbole de la Nacioun Gardiano dont il le créateur.

Aujourd'hui encore, son histoire nourrit bien des légendes. On dit par exemple qu'il aurait aidé des indiens à s'installer en Camargue, aujourd'hui mêlés au peuple gitan. Ou encore, lors du transfert de ses cendres en 1951 aux Saintes, que les taureaux de son ancienne manade ont suivi le cortège, instinctivement.

Baptiste Manzinali

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