INTERVIEW Thierry Cenatiempo, futur président du Nîmes Olympique : "La semaine prochaine, on joue une finale"

Thierry Cenatiempo, le futur président du NO veut donner une âme à ce stade des Antonins
- Photo Anthony Maurin"J’ai une mission. Nîmes Olympique est malade, en très mauvaise santé. Il faut le remettre en bonne santé. Quand je l'aurai fait, je passerai la main."
Le dirigeant de l’entreprise GF Formation Thierry Cenatiempo, ancien maire de Saint-Hilaire-d'Ozilhan de 2014 à 2020, devrait être l’actionnaire principal de la nouvelle SASP (société anonyme sportive professionnelle) qui va conventionner avec l’Association Nîmes Olympique. Le très probable futur président des Crocos a choisi lui aussi une nouvelle fois Objectif Gard pour sa première prise de parole. Interview exclusive.
Objectif Gard : Pourquoi avez-vous décidé d’investir dans Nîmes Olympique ?
Thierry Cenatiempo : En 2005, il y a deux événements qui resteront gravés dans ma mémoire et en lien avec le Nîmes Olympique. Le premier, Nîmes Olympique reçoit l'OGC Nice. À l'époque, le club était en National, l'OGC Nice en Ligue 1. Et il s'est passé un truc qui s'est rarement passé dans l'histoire du football : un club de deux niveaux en dessous bat, en Coupe de France, 4 à 0, une équipe dans l’élite du football. En plus, le coach à l'époque est mon ami d'enfance : Didier Ollé-Nicolle. Et le deuxième événement, ce soir-là, j’assiste à la naissance de mon fils. Au lieu d'être au stade, je suis à la maternité avec vue sur les Costières. J'entends les clameurs, j'entends les Costières en feu. Avec, dans mes bras, mon petit Valentin. Donc c'est forcément gravé dans votre mémoire. L'histoire est belle, elle est d'autant plus belle par la suite que je vais vous raconter. C'est que Valentin, à l'âge de sept ans, il veut être gardien de but. Je l'amène chez Philippe Debaty, au sein de son académie de gardiens. Et c'est Cédric Duchesne qui lui apprend le métier de gardien de but de 7 ans à 14 ans. Ce même Cédric qui était le gardien du Nîmes Olympique le soir de la victoire face à l'OGC Nice. Et aujourd'hui, Valentin, il vient de signer son premier contrat professionnel avec Concarneau, après avoir été formé à Marseille et à Saint-Étienne. Donc, vous l’avez compris, mon attache à Nîmes, elle date d'il y a 20 ans, de ce soir-là.
On comprend votre attachement au NO, mais comment arrivez-vous dans l’équation aujourd’hui ?
Par l’intermédiaire d’un chef d’entreprise qui me met en relation avec Yannick Liron, le président de l’Association Nîmes Olympique. Après le dernier passage à la DNCG, tout le monde comprend qu’il faut une SASP. C'est une des conditions pour que le club soit maintenu en National 2. J’ai reçu un appel téléphonique d'un chef d'entreprise gardois engagé dans la mobilisation financière pour sauver le club. Puis, il m’a proposé de rencontrer Yannick Liron. J’ai accepté tout de suite. Sans compter que je suis dans un moment de ma vie dans lequel il est possible que je dégage du temps. Mon objectif, humblement, était déjà de donner un coup de main pour passer cette difficulté avec la DNCG. Mais j’y ai mis une condition : l’aval des politiques pour accompagner le sauvetage. Je demande un rendez-vous avec Franck Proust, le premier adjoint au maire de Nîmes. On est reçus immédiatement. Et le courant passe bien. Je le vois désormais très régulièrement et on travaille main dans la main.
Où en êtes-vous avant le passage devant le gendarme financier du football ?
On est en plein dedans. On prépare le passage à la DNCG. On est à fond. Chaque minute est importante. Et ce qui me donne beaucoup de confiance, c'est que l'on a tous fait passer le club avant nous. Il n'y a personne qui est sur le côté. Il n'y a personne qui est en haut. Il n'y a personne qui est de travers. À l'heure où je vous parle, pour nous tous, le club est devant. Ma vision : c’est le club qui va sauver le club. C'est Nîmes Olympique qui va sauver Nîmes Olympique. Il y a une union sacrée. C'est ce que je ressens. J’ai même commencé à rencontrer des groupes de supporters.
"Je me sens les épaules solides"
Hier soir, au sein de la FFB du Gard, vous avez organisé une réunion de présentation de votre projet. Dans quel but ?
Oui, on a provoqué une réunion avec les donateurs. Il y avait également des représentants de la ville et des représentants des supporters. Forcément, je me sens les épaules solides, tout le monde est aligné et le club est vraiment la priorité. La locomotive, c'est le club.
Est-ce que l’on peut dire que vous êtes confiant avant le passage devant la DNCG ?
J'ai l'habitude de dire que la confiance fait gagner et l'excès de confiance fait perdre. Je ne sais pas si c'est une réponse. Mais c'est une devise. Il nous reste quelques jours à tout peaufiner. On va le faire.
Objectif Gard a révélé que vous aviez prévu d’abord de mettre d'abord la somme de 300 000 euros. Puis 700 000 euros en garantie bancaire. Exact ?
Oui, c'est très proche de la vérité. Il y a deux types de projets possibles pour moi dans la situation. Il y a un projet qui est peut-être plus simple, plus facile. C'est quelqu'un qui vient avec un gros patrimoine, 4 ou 5 millions d'euros, qui les met sur la table. La DNCG dit « OK, c'est bon, vous pouvez y aller ». Moi, je ne fais pas ce projet-là. Premièrement, parce que les 4 ou 5 millions, je ne les ai pas. Et je ne suis pas certain que ce soit le bon projet aujourd'hui pour Nîmes Olympique dans la situation actuelle. Sûrement davantage dans trois ou quatre ans. Mais aujourd'hui, étant en National 2, je pense que le bon projet, c'est celui qui réunit toutes les forces vives derrière le club. L'argent que je vais mettre, c'est pour montrer mon investissement, c'est pour montrer mon implication. Mais il ne suffit pas, cet argent, à sauver le club.
"On va tout faire pour remonter en National"
C’est une conjonction de plusieurs choses, comme l’assurance de la ville de Nîmes pour les infrastructures, n'est-ce pas ?
La collectivité et Franck Proust. Il est à fond. Je ne suis pas marqué politiquement, ça m'est facile de le dire. On est complètement en phase. Entièrement, totalement. Ensuite, il y a les supporters et les dirigeants d'entreprise. Et c'est l'association de ces énergies entraînées par la locomotive qui va faire, je pense, que le club va déjà gagner le match la semaine prochaine. Parce que la semaine prochaine, on joue une finale. Ensuite, on remettra Nîmes olympique en bonne santé. Je crois davantage à ce projet qui est fondamentalement basé sur l'humain, sur les rapports humains, sur les synergies humaines, qu'à un projet d'un investisseur qui pourrait avoir le risque qu'il s'approprie le club.
Beaucoup de personnes interagissent aujourd’hui. Qui sera le véritable patron ?
On m'a laissé constituer, j'allais dire à ma guise, librement, sachant que je l'ai fait avec l'avis de Yannick Liron, en concertation, mais c'est moi qui ai décidé. Les chefs d'entreprise le savent. Il y a deux étapes, celle de la concertation et l'étape de la décision. La concertation, pour moi, elle est toujours collective, et souvent assez large. La décision, elle, est fréquemment individuelle. Donc, je me suis entouré d'actionnaires que je choisis, dont je suis sûr qu'ils sont des gens fiables, des gens solides. Et ils ne sont pas extrêmement nombreux. Ils sont le nombre qu'il faut pour bien fonctionner. Pour vous donner un indice, c'est moins qu'un conseil municipal de petite commune…
Allez-vous vous inscrire dans la durée ?
J’ai une mission. Nîmes Olympique est malade, en très mauvaise santé. Il faut le remettre en bonne santé. Quand je l'aurai fait, je passerai la main. Pour moi, en bonne santé, c'est remettre le club à sa place. Je pense que le club, il faut qu'il soit entre la 10ᵉ et la 30ᵉ place dans la hiérarchie nationale. C'est Frédéric Antonetti qui disait ça il n'y a pas très longtemps à propos du Sporting club de Bastia. Nîmes, je le situe à peu près dans ces tranches-là. Après, je n'aurai sans doute plus les compétences, je n'aurai sans conteste plus les moyens. Et là, il faudra certainement qu'il y ait d'autres gens, d'autres personnes qui prennent le relais.
Est-ce qu’une remontée en National est envisageable dès cette saison ?
Là, on est en National 2. Je pense qu'on va tout faire pour remonter en National. On ne promet évidemment pas de remonter tout de suite. Ça va être très compliqué. Mais on ne va pas faire que ça. On va retravailler le centre de formation avec les jeunes. Le côté sportif est très important.
Anthony Dupré directeur sportif, Mickaël Gas entraîneur
Vous avez fait le choix de prendre un directeur sportif. Ce ne sera pas Marc Collat comme c’était annoncé préalablement…
Oui, c'est vrai. Ce ne sera pas Marc. Il s’agit d’Anthony Dupré. Un gardien d’une trentaine d’années qui vient relever cet immense challenge. Il est déjà au travail avec Mickaël Gas qui sera le coach de l’équipe première. Et je pense que le club, en National 2, a besoin de jeunes énergies. Mickaël, je l'ai rencontré, c'est un super gars. Je ne vous parle que d'humain. Le sportif, je ne suis pas footballeur professionnel, je ne suis pas coach. Mickaël, il m'a beaucoup plu sur le plan humain. Je l'ai mis en relation avec mon directeur sportif. Ils ont à peu près le même âge. Ils ont envie d'en découdre. Ils ont envie de tout bouffer. Ils travaillent déjà ensemble depuis quelques jours d’arrache-pied. Le duo va assurer le cœur et l’énergie nécessaires. Cela étant, je ne peux pas dire ce que ça va faire en termes de résultats…
Et Marc Collat et Samuel Cruz, ont-ils leur place dans le dispositif sportif ?
Oui. Marc va nous amener toute son expérience. On a affaire à deux jeunes personnes. Qu'est-ce que vous voulez que je trouve de plus idéal que de les faire accompagner par un homme aussi ouvert, compétent et expérimenté que Marc ? Donc moi, je crois beaucoup à l'intergénérationnel. C’est-à-dire mixer de l'énergie et de l'expérience.
Un dernier mot pour les supporters. Y aura-t-il le retour des guichets physiques à chaque match ? Est-ce qu'il y aura des abonnements cette saison ?
Je vais résumer en une phrase. On ne peut pas garantir les résultats. On va avoir, sur le sportif, un challenge un petit peu compliqué. On aura notre effectif qu'après la décision de la DNCG. On aura moins de périodes de préparation que les autres clubs. C'est un peu la galère pour organiser les matchs amicaux. Mais ce que je peux assurer, ce que je peux garantir, ou sur lequel on s'engage en tout cas, c'est qu'on veut donner une âme à ce stade des Antonins. La réponse est carrément oui.