TOROS A Saint-Gilles, les Mollalta passent et Thomas Joubert triomphe

La Feria de la Pêche et de l'Abricot s'est achevée avec la très attendue corrida de Mollalta. Ivan Fandiño coupe 1 oreille, Paco Ureña rate le coche et Thomas Joubert triomphe en ravissant les 2 appendices de son dernier.
Le week-end taurin saint-gillois s'est achevé avec la corrida de la feria. Pour les 20 ans de l'événement, l'affiche était alléchante avec en prime une nouvelle ganaderia non connue de l'aficion française. Les Mollalta, d'origine Torrealta, ne se seront pas montrés très convainquant mais auront permis aux piétons de s'exprimer malgré quelques rafales de vent gênantes par moments.
En début de mois, Ivan Fandiño a gracié un toro de chez Mollalta et l'on espérait le revoir aussi à l'aise face à ces cornus. Premier en piste, il tâtera les qualités et les vices d'un magnifique toro couleur savon. 2 petites piques sans classe au cheval, une série de naturelles d'intérêt et un toro qui est de moins en moins mobile au fil de la lidia. Fandiño volera bien quelques passes mais ses manoletinas ne suffiront pas à emballer les foules. Salut.
Bizarrerie, le paseo a entendu l'air d'un disque diffusant Carmen chanté par un ténor en live. A la mi-temps, c'était au tour du vrai orchestre Chicuelo II de jouer la Salve Rociera en live et au ténor de la chanter vigoureusement. Bref. Une fois cet interlude passé, Thomas Joubert pourra saluer... Nous voilà à nouveau avec Fandiño sur son second donc. Un toro plus distrait, un tercio de banderilles assez pathétique et une corne gauche menaçante. Fandiño exécutera 2 belles séries à droite ponctuées par une musique un peu rapide mais au goût de l'assemblée. Sur le reculoir, le toro a du mal à se livrer mais Ivan le terrible chipera quelques extraits de puissance et de pouvoir. 1 oreille.
Deuxième en piste, le tragique Paco Ureña. Tragique non pas dans le pire des sens mais bel et bien dans le meilleur. Le maestro hérite d'un toro aux cornes propices à une faena de beauté et de douceur, les tercios de piques et de banderilles seront là aussi très pauvres. Son début de faena en génuflexions répétées est magnifique de transmission et parvient à rythmer la charge du toro noble mais manquant d'aspérité. La faena défile sur le même mode et le toro n'arrive pas à se fixer une fois l'heure fatidique arrivée. Trop d'échecs privent Ureña de son trophée.
Le vent aura privé les spectateurs de belles approches au capote. Paco Ureña en réalisera une intéressante mais son toro ne verra qu'une fois le fer du picador. Les séries espacées de l'Espagnol sont pertinentes sur l'instant mais le toro en quasi arythmie ne se colle plus aux accords de Chicuelo II. Ureña transmettra et Ureña saluera.
Sans forcément se ressembler, les 3 premiers toros de la course sont de la même rare couleur. Avec plus de moteur, celui de l'Arlésien lui permettra de réaliser un quite par chicuelinas très inspiré et très rapproché. Comme à son habitude, Thomas Joubert entamera sa faena dans le dos. Après, quelques séries de lenteur et de sentiment, une petite frayeur avant de prendre l'épée et trop d'envois aux aciers pour faire tomber le mouchoir blanc.
Encore une fois très bien le capote entre les mains, l'Arlésien profite des beaux et bons assauts de son second opposant pour se faire briller en même temps que lui. Le toro, un poil manso, sera tout de même honoré d'un tour de piste posthume. Mais c'est bien Thomas Joubert qui créera la sensation. Un début de faena genoux à terre, une musique vibrante et des séries passionnées qui feront frémir l'assemblée. La sincérité du toreo est toujours assumée par le torero mais avec lui, elle prend une dimension quasi mystique. Thomas livre ce qu'il sait offrir, il se livre, il s'offre.
Un pinchazo rageant et une épée en bonne place. 2 oreilles qui pèsent dans les tripes avant le grand rendez-vous nîmois. Une sortie en triomphe méritée.