Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 18.11.2016 - thierry-allard - 4 min  - vu 515 fois

FAIT DU JOUR Clean Tech, marchés pour les PME locales : EDF détaille son plan Energies du Gard

Le délégué régional adjoint d'EDF Jean-Guy Majourel (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Il y a sept mois, la centrale thermique d’Aramon fermait définitivement ses portes avec six ans d’avance sur le planning initialement défini par l’exploitant, EDF.

Si l’électricien n’a supprimé aucun emploi, la centaine de salariés du site Gardois s’étant vus proposer d’autres postes sur d’autres sites du groupe, la décision a généré colère et inquiétude sur place dans un premier temps.

« Créer une filière des clean tech dans le Gard »

« La décision a été prise pour des raisons environnementales et stratégiques liées au coût des matières premières », justifie le délégué régional adjoint d’EDF Jean-Guy Majourel avant de reconnaître que si « cette décision a provoqué un certain émoi, c’est qu’elle a été prise assez rapidement, donc EDF et son président ont décidé d’être totalement exemplaires en matière de redynamisation du territoire, même si nous n’y étions pas soumis règlementairement. »

Le programme naît début 2015, et s’articule autour de trois grands axes : le développement industriel, le développement de projets locaux et la transition énergétique. Le tout commence par « un diagnostic dynamique, c’est à dire qui regarde aussi les pistes de nouvelles activités possibles, explique Jean-Guy Majourel. Ce qui est sorti, c’est qu’il y avait un potentiel de développement dans les clean tech, à savoir la déconstruction ou les énergies décarbonnées. »

Sur ce point, l’électricien compte « voir comment créer une filière des clean tech dans le Gard rhodanien, accompagner les PME, faire une étude de marchés, une cartographie, débloquer des aides », explique le délégué régional adjoint, avant de préciser que pour l’instant, « on en est aux premières réflexions avec la Région, la CCPG et la ville d’Aramon. »

Parmi ces projets « clean tech », un attire l’attention notamment des élus locaux : les CSR, pour combustibles solides de récupération. Il s’agirait d’une usine qui transformerait les cartons, palettes ou meubles usagés en granulés de combustible notamment utilisés dans les fours de cimenteries. « L’étude de faisabilité n’est pas finie, tempère Jean-Guy Majourel. Mais il y a un potentiel de 30 000 tonnes par an de matières premières collectables. » Un projet qui à terme pourrait voir le jour sur l’ancien site de la centrale thermique.

Un site grand d’une quarantaine d’hectares, qui ne seront pas tous réutilisés, loin s’en faut : « on va garder une réserve stratégique, précise Jean-Guy Majourel. On va mettre assez vite à disposition une dizaine d’hectares, et une dizaine d’autres à la fin de la déconstruction, qui doit prendre de sept à dix ans. » Il faut également savoir que sur les dix hectares disponibles rapidement, « six sont en zone inondable », affirme l’électricien, qui compte y implanter une centrale photovoltaïque de 4 mégawatts.

La centrale EDF d'Aramon (DR)

Aider les entreprises Gardoises à accéder aux marchés du Tricastin

On l’aura compris, pour la commune d’Aramon et la CCPG, l’idée de compenser directement la perte fiscale de 4 millions d’euros annuels semble illusoire. « L’objectif n’est pas de reconstituer toute la fiscalité mais de recréer de l’emploi, et on pourra aller au delà d’une centaine en tout », annonce Jean-Guy Majourel. Un objectif à répartir dans le tissu économique local.

« Il y a une opportunité avec Tricastin qui est à 60 kilomètres au nord », démarre Jean-Guy Majourel. Une centrale qui va être la première à bénéficier du programme de maintenance et d’entretien visant à prolonger sa durée d’exploitation, le fameux « Grand carénage » : « ce programme consiste à remplacer des composants, moderniser certains outils », précise l’électricien. Un programme gigantesque, « de 50 milliards d’euros sur 10 ans, avec 250 millions d’euros par an sur l’investissement et la maintenance dont 30 % sont renvoyés sur l’économie locale, c’est là qu’intervient le programme Energies du Gard », chiffre Jean-Guy Majourel.

Et pour les entreprises de notre beau département, il y a de la marge, puisqu’EDF estime à seulement « un peu moins de 5 % des achats locaux de maintenance du Tricastin confiés à des entreprises Gardoises, contre plus de 30 % pour le Vaucluse. » Alors le plan compte « faire en sorte que les entreprises Gardoises accèdent à ces marchés sur du long terme, pour dix ans », avance Jean-Guy Majourel.

Pour ce faire, EDF s’est rapproché de la CCI, de l’UIMM ou encore de l’UPE et programme des rencontres semestrielles avec les chefs d’entreprises du département. la prochaine se tiendra le 30 novembre à Montélimar, et pas (que) pour le nougat : « à 50 kilomètres au nord il y a le site de Cruas, qui va engager le programme Grand carénage quelques mois après le Tricastin », précise le délégué régional adjoint.

Par ailleurs, la déconstruction de la centrale thermique d’Aramon, qui représente un marché estimé à 60 millions d’euros, va elle aussi profiter aux entreprises locales : « on va faire en sorte que les entreprises locales et régionales puissent accéder à ces marchés », affirme Jean-Guy Majourel. Pour autant, si la déconstruction démarrera dès 2017, « c’est un processus long, il y aura plusieurs années avant le coup de pioche. » Et comme ces chantiers nécessitent du personnel dans un secteur où les formations manquent, « avec le CEA, nous avons proposé au rectorat de mettre en place un campus ‘process et techniques en milieux sensibles’ », qui sera coordonné par le lycée Einstein de Bagnols et opérationnel dès la rentrée 2017.

« Et il y a encore d’autres pistes, une dizaine en tout », annonce le représentant de l’électricien, qui veut « co-construire ce programme, qui est le plus structuré qu’EDF ait lancé sur un territoire, et on veut du résultat. »

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La centrale d’Aramon va-t-elle manquer cet hiver ? La question peut se poser, car la centrale thermique apportait un complément de production en cas de pointes de consommation d’électricité l’hiver. « Nous avons suffisamment de ressources pur prévoir la pointe de cet hiver, d’autant que trois tranches sur les quatre du Tricastin ont été libérées, explique Jean-Guy Majourel. Nous sommes dans une région bien dotée. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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