Publié il y a 4 h - Mise à jour le 18.07.2025 - Thierry Allard - 4 min  - vu 108 fois

FAIT DU SOIR Aux Angles, des logements sociaux inaugurés pour sortir du « ghetto de riches »

Ce vendredi matin, lors de l'inauguration de la résidence Henri-Matisse, aux Angles

- Thierry Allard

Deux nouvelles résidences comprenant 29 logements sociaux gérés par le bailleur Grand Delta Habitat ont été inaugurées ce vendredi matin aux Angles, ville historiquement carencée en la matière au regard de la loi Solidarité et renouvellement urbain.

Loi qui impose aux communes de plus de 3 500 habitants de disposer de 25 % de logements sociaux. Aux Angles, on est loin du compte, avec 10 % de logements sociaux. « Nous sommes très sévèrement carencés », pose le maire Paul Mely, et la commune doit s’acquitter de ce fait chaque année d'une pénalité de 300 000 euros.

Alors l’inauguration de deux nouvelles résidences comprenant 19 logements sociaux sur la commune revêt un relief particulier. Dans les deux cas, le maître mot est la mixité : ainsi, la résidence Henri-Matisse, réalisée par Envol, avec sa vue imprenable sur le Palais des Papes et le mont Ventoux, compte 43 logements, dont 13 logements sociaux, huit T1 et cinq T2. Située à proximité du rond-point de Bellevue, elle a été conçue « dans un esprit village », souligne le président de Grand Delta Habitat, Michel Gontard.

On y retrouve Chantal Viau. Cette retraitée a emménagé dans la résidence il y a quelques mois, et elle se dit « aux anges aux Angles, j’ai tout sur place. » Un peu plus loin, direction la résidence Les Grands Pins qui, si son entrée se situe à Villeneuve, avenue du Général-Leclerc, est bel et bien aux Angles. Ici, Souad Hajji loue un duplex avec deux chambres, dont une pour sa fille de 15 ans. « J’y suis franchement très bien, l’environnement, le voisinage, tout est bien et je suis à côté de tout, ma fille prend le bus juste devant », dit-elle. Cette résidence, de 53 logements développés par Urbat promotion, compte un bâtiment de 16 logements sociaux, un T1, sept T2, six T3 et deux T4.

Ce vendredi matin, lors de l'inauguration de la résidence Les Grands Pins, aux Angles • Thierry Allard

« La démonstration et un vécu véritable de la mixité »

Chantal Viau et Souad Hajji illustrent les populations auxquels ces logements, majoritairement des T1, T2 et T3, sont destinés. « Il y a une tendance lourde, sociétale, et nous devons trouver des réponses pour nos aînés et pour les familles monoparentales, les jeunes actifs », explique Michel Gontard. Autant de catégories de populations qui cherchent des logements plus petits et fonctionnels, une gamme dont Les Angles, ville principalement pavillonnaire, manquait.

Pour répondre à ce besoin, Grand Delta Habitat a misé sur « l’harmonie, avance son président. Ces deux résidences expriment le contenu de ce qu’on appelle la mixité, qu’il faut construire en permanence, elle est très évolutive ». Cette mixité, « ici nous en avons la démonstration et un vécu véritable », reprend-il. Car au sein des deux résidences, surtout des Grand Pins, « la totalité de la gamme est présente, en fonction des besoins de la population », poursuit le président du bailleur social, et en fonction de ses revenus, puisque les loyers vont de 183 à 533 euros mensuels. Des loyers (très) modérés compte tenu du marché local.

Le tout avec une intégration paysagère, les grandes barres de quinze étages étant passées de mode depuis très longtemps. Reste que le logement, fut-il social, coûte cher : 1,1 million pour la résidence Henri-Matisse et 1,8 million pour celle des Grands Pins. Grand Delta a contracté deux prêts auprès de la Banque des territoires d’un million et d’1,6 million, et l’État (près de 100 000 euros en tout), le Grand Avignon (près de 50 000 euros en tout), Action logement (un peu plus de 60 000 euros en tout), la Région Occitanie (28 000 euros) et le Conseil départemental du Gard (24 000 euros) ont abondé. Grand Delta a mis ce qu’il manquait, un peu plus de 70 000 euros, en fonds propres.

« Nous pouvons avoir des résidences pour tous sans perdre en qualité de vie »

Le prix à payer pour « un habitat durable, inclusif et de qualité », souligne la conseillère régionale Monique Novaretti, d’autant plus ici où « comme dans beaucoup d’autres territoires, on fait face à des défis importants en termes de logements sociaux. » Le maire des Angles Paul Mely dira pour sa part qu’« il y a la loi, très verticale, la réalité, le besoin de construire des logements pour tous, et la difficulté de les mettre dans un tissu résidentiel essentiellement pavillonnaire. »

Autre difficulté : l’acceptabilité par les habitants. « Il faut faire comprendre à la population que ces résidences ne sont pas synonymes de problèmes à venir » et que « nous pouvons petit à petit avoir des résidences pour tous sans perdre en qualité de vie », surtout dans des projets « avec une harmonie dans la mixité », souligne le maire. Un maire qui en est convaincu : « Nous devons construire des logements pour tous, c’est un impératif, nous ne pouvons pas faire un ghetto de riches. »

Avec ces deux nouveaux projets, Grand Delta compte désormais 200 logements sociaux aux Angles, et 800 sur la partie gardoise du Grand Avignon, où outre les Angles, Villeneuve, Rochefort-du-Gard, Roquemaure ou encore Pujaut sont aussi carencées. Alors Michel Gontard a une ambition : « Si on arrivait à passer les 1 200 logements, ce serait bien pour les communes du Grand Avignon gardois. » Le chemin est encore long.

Thierry Allard

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