NÎMES Tentative d’extorsion sur son avocat : le commerçant arrêté
Il n’arrête pas de pleurer, « de pleurnicher ». Un commerçant a pris en grippe son avocat qu’il accuse de ne rien avoir fait depuis des années dans les procédures le concernant. Et au lieu d’alerter le bâtonnier, patron des avocats, pour se plaindre de son conseil, le client mécontent va harceler la robe noire. D’abord des inscriptions à la porte de son cabinet situé en centre-ville de Nîmes : « mon argent, escroc, voleur ». Puis des menaces plus franches, et même des infractions que la justice qualifie de « tentative d’extorsion avec violence, menace et contrainte de signature ». Car le vendeur de vêtements, âgé de 60 ans, est allé loin, très loin. Il a demandé à son avocat de lui rembourser 4 200 euros d’honoraires versés et en plus de rajouter 300% d’intérêt ! « C’est une méthode inadmissible, une méthode mafieuse. Et pour en rajouter dans les menaces, vous allez le suivre dans la rue, en donnant des détails sur sa vie privée, son domicile, son adresse précise. Cette volonté d’extorsion est intolérable », tonne maître Sylvie Josserand pour l’avocat victime. « C’est la justice qui est blessée par votre comportement », ajoute Me Wafae Ezzaitab pour le conseil de l'ordre.
« Il m’a fait croire qu’il avait porté plainte, c’est faux, j’ai vérifié. Il m’a menti depuis des années, je l’ai payé à ne rien foutre, s’insurge le sexagénaire dans le box car il comparaît détenu depuis son arrestation par la police le 28 avril dernier. Des menaces et pressions qui ont commencé le 5 avril. Je ne vais pas aller en prison à 60 ans, ce n’est pas moi ça, je n’ai pas menacé de lui casser la jambe et de tuer son chien, complète le prévenu qui ne cesse de pleurer. J’habite Nîmes depuis 44 ans, je connais tout le monde, et c’est pour ça que je savais qu’il avait un chien et l’endroit où il habite. Vous savez cette ville, c’est un petit village », poursuit-il en voulant habilement écarter le fait d’avoir traqué l’auxiliaire de justice.
« Avoir des problèmes ne justifie pas que vous vous en preniez de cette façon à un avocat, dénonce le vice-procureur Arnaud Massip. Les remarques sur sa vie privée, c’est une méthode abjecte ».
Le prévenu, inconnu jusque-là des autorités, repartira libre jeudi soir du Palais de Justice de Nîmes. Il a été condamné à 8 mois de sursis avec une mise à l’épreuve. Et bien entendu, il ne pourra plus compter sur son avocat car la sanction est assortie d’une interdiction d’approcher son ancien conseil.
Boris De la Cruz
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