Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 16.09.2017 - anthony-maurin - 3 min  - vu 470 fois

NÎMES EN FERIA Enrique Ponce en cours magistral

Lentement, Ponce temporise encore et toujours, le secret de sa longévité? (Photo Anthony Maurin).

Ganador, toro de Nuñez del Cuvillo primé d'une vuelta al ruedo et toréé par Enrique Ponce (Photo Anthony Maurin).

Mano a mano de ganaderias diversifiées pour Enrique Ponce (oreille, deux oreilles et silence) et le Biterrois Sébastien Castella (silence, vuelta et applaudissements).

Il faut dire que ce mano a mano était inédit en terre nîmoise et qu'il rappelait bizarrement l'alternative de Sébastien Castella. Certes en 2000, quand le Biterrois devenait matador de toros ce n'était pas lors d'un mano a mano, mais son parrain n'était autre que le maestro Enrique Ponce, déjà.

17 ans plus tard, l'élève et le maître, qui ont pris des routes diverses, qui usent de tauromachies différentes et qui se croisent finalement peu au sein des mêmes cartels, étaient à nouveau réunis pour en découdre. Des arènes acquises à leurs causes et un choix spécial de toros puisque les maestros étaient venus avec trois cornus chacun dans leurs bagages. Les trois de Ponce plus volumineux que ceux du Français.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, s'il vous plaît, la prochaine fois que vous venez aux arènes, préparez dans votre poche (promis ça ne prend pas de place) un simple mouchoir blanc... Il vous servira à revendiquer votre avis et à pétitionner pour que votre chouchou obtienne un trophée. Car à Nîmes comme ailleurs, le public préfère s'égosiller que d'agiter élégamment un petit carré de papier.

Ponce sur son premier (Photo Anthony Maurin).

Bref. Premier de ce mano a mano, Enrique Ponce. Face à lui, un toro de Vellosino pour lequel il réalisera quelques miracles d'une douceur extrême. Les passes s'enchaînent et dévoilent les qualités du piéton mais aussi du cornu. Quand on dit que Ponce est un virtuose, n'en doutez pas, il l'est et c'est dans un moment tel que celui qu'il a proposé que l'on s'en rend compte! Hélas, la pétition pour qu'il ravisse une oreille fut agitée, bruyante mais non majoritaire. Certains préférant hurler au loup plutôt que d'agiter leur mouchoir, le Président Laurent Burgoa jouera le règlement jusqu'à la bronca puis cèdera et fera tomber le pavillon qui sera vite contesté.

Ponce toujours aussi élégant (Photo Anthony Maurin).

Sur son second, pas de place au doute, les deux oreilles tombent d'un coup tout comme le tour de piste posthume accordé au toro Ganador de Nuñez del Cuvillo. Une bête brave, noble et encastée. Un toro de qualité qui a su nous montrer le génie Ponce. De la lenteur, une attitude torera, un goût pour les belles choses et une attention portée à tous les petits détails... Ponce est un mec incroyable. Quant à son travail au centre du ruedo, là aussi, rien à redire si ce n'est que Ponce est peut-être le maestro des maestros. Le torero d'une génération, de deux voire de trois. En tout cas le matador le plus régulier de ces 25 dernières années, le maître d'école qui fait grandir ceux qui sont à son écoute.

Enfin, troisième duel pressant. La sortie en triomphe assurée, Ponce ne met pas pour autant les voiles. Il s'arrime et poursuit l'effort face à un toro plus compliqué et bien plus fade et insipide que son prédécesseur. Ponce ne peut rien, la mort s'éternise, le public siffle mais le maestro respecte son adversaire et demande un peu de patience. La tauromachie, c'est aussi la temporalité. Et il a raison, on parle ici de la mort d'un animal... Pas d'une hôtesse de caisse qui lambine à trouver le corde barre d'un produit surgelé!

Castella à l'aise au capote (Photo Anthony Maurin).

Passons à présent au Français. Sébastien Castella connaîtra une sale corrida, comme rarement il a connu à Nîmes. Premier duel tronqué. Excellent au capote et en début de faena à gauche, Castella se laisse peu à peu endormir et perd son toreo. Trop de tentatives à l'épée, silence et pas franchement grand chose à dire. Pour le coup, le temps est passer très lentement.

Olé Sébastien! (Photo Anthony Maurin).

Son second sera un de Fuente Ymbro. Un petit modèle avec de belles cornes. Encore une fois excellent au capote, usant de chicuelinas ultra rapprochées, Sébastien Castella fait monter la tension mais la mayonnaise ne prend pas et c'est le public qui en a rapidement assez. Pourtant, il avait brindé ce toro à Enrique Ponce, la classe quoi!

Le Biterrois ne bouge pas, reste calme mais la charge de son dernier était électrique (Photo Anthony Maurin).

Heureusement, Sébastien terminera mieux qu'il n'avait commencé et proposera une ultime faena bien pensée. Tout en finesse, le maestro plante ses pieds dans le sable et ne les bougera pas durant une série pleine et interminablement belle... Quel torero! Une fois le toro dominé, Castella use d'intelligence et fait montre de savoir. On dirait qu'il a retrouvé le fil des événements mais c'est déjà trop tard. Comme depuis le début de son après-midi, l'épée lui est fatale et le Biterrois perd toute possibilité en y retournant à plusieurs reprises. Dommage, encore.

Anthony Maurin

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