Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 23.05.2019 - corentin-corger - 3 min  - vu 948 fois

FAIT DU JOUR Face aux loups, l'État sort les crocs

Une image du loup prise le 12 avril 2018 (Photo Oncfs)

Depuis 2018, 75 brebis ont été tuées sur le plateau des Costières (photo Véronique Camplan)

Face aux attaques répétées de loup sur le plateau des Costières, le préfet du Gard a décidé de renforcer les mesures avec la venue, début juin, de la Brigade Loup. 

Mercredi dernier, les éleveurs du plateau des Costières faisaient savoir leur ras-le-bol au préfet, Didier Lauga. Sur ce territoire qui part de Nîmes et s'étend jusqu'à Jonquières-Saint-Vincent, Bellegarde, Vauvert et Aubord, 53 ovins ont été tués en 2018. L'État a indemnisé les éleveurs à hauteur de 65 000 €. Concernant le début de l'année 2019, pour l'heure 22 victimes ont été recensées.

Des attaques qui ont aussi touché des élevages de chevaux et de jeunes veaux. Des meurtres en série qui seraient l'oeuvre d'un seul loup. "Les experts sont catégoriques. Il s'agit sans doute d'un jeune mâle solitaire isolé qui tue plus d'animaux que nécessaire pour se nourrir. Les témoignages et les photos concordent", affirme Cyrille Angrand, chef environnement forêt à la DDTM du Gard.

Un seul loup : une des premières particularités de ces attaques car les loups agissent habituellement en meute. La seconde, c'est le relief de la zone. "On est dans une configuration totalement différente", précise le préfet, qui était plus habitué à voir des attaques de ce canidé lors de son précédent poste dans la Drôme. Un département proche des Alpes, là où se concentre de manière classique les victimes de ce prédateur dans des endroits où seuls les troupeaux vivent.

Il y aurait plus de 500 loups en France mais des attaques en plaine sont une nouveauté et notamment dans le Gard, qui était plutôt concerné dans les Cévennes."Au-delà de la population agricole, les gens commencent à s'inquiéter. Là on est dans un secteur extrêmement habité", alerte le représentant de l'État.

Cyrille Angrand, chef du service environnement forêt DDTM, le préfet,Didier Lauga ,et Patrick Alimi, directeur de la DDTM du Gard (photo Corentin Corger)

Une menace qui a donc poussé le préfet à prendre la mesure de la situation et à apporter des solutions aux éleveurs, une semaine après la dernière entrevue. "Nous étions dans la devise : aide-toi, le ciel t'aidera. Nous avons demandé aux éleveurs de mettre en place différentes mesures qui bénéficiaient d'une aide publique à hauteur de 80%", explique le préfet.

Une subvention pour investir dans des barrières électriques autour des prés et renforcer la garde avec un chien Patou. Des conditions qui permettaient aux intéressés d'obtenir l'habilitation pour procéder à des tirs de défense. Mais tout cela n'a pas suffi pour neutraliser l'animal. Le préfet, en concertation avec les éleveurs est donc passé à la vitesse supérieure.

Louvetiers supplémentaires et Brigade Loup

Les louvetiers, mis en place par Charlemagne au IXe siècle, sont historiquement chargés de traquer les loups. Dans le Gard, ces dernières années, c'est surtout le sanglier qui occupe ces chasseurs bénévoles, simplement défrayés. Avec 40 000 bêtes abattues l'année dernière, notre département est le premier de l'Hexagone. Ces derniers ont donc repris leur activité première.

Leur action va être renforcée. Depuis ce vendredi 17 mai et jusqu'au 1er juin, les onze lieutenants de louveterie vont procéder à onze rondes de surveillance, principalement sur les lieux des attaques enregistrées. À partir du 4 juin, ils vont procéder à deux interventions par semaine. Leur équipement va s'améliorer avec du matériel de visée nocturne, un phare adapté et une caméra thermique supplémentaire. Les louvetiers devraient également voir leurs effectifs s'accroître : deux sont prévus en 2019 et trois, début 2020.

La principale mesure est la venue de la Brigade Loup, du lundi 3 au jeudi 6 juin, associée à des louvetiers gardois. Cette brigade a été créée il y a deux ans et est composée d'agents de l'État gérés par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Ces chasseurs professionnels sont sans doute la solution optimale pour éliminer ce loup.

Si la mission ne réussissait pas, ils pourraient revenir une semaine supplémentaire. Même si le loup est une espèce protégée, l'État autorise chaque année un quota de spécimens. Pour 2019, il est de 43. Au 6 mai, seulement 24 loups ont été tués. Un renforcement de la lutte qui réjouit forcément les éleveurs de ce secteur.

"Nous sommes très satisfaits. Je ne sais pas si c'est suffisant mais en tout cas les moyens sont là. La Brigade Loup est très réactive au niveau national. Cela va rassurer les éleveurs", a réagi Fanny Tamisier, responsable des éleveurs à la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), après la réunion avec le préfet. Cependant, rien n'est gagné et il ne faut pas vendre la peau du loup avant de l'avoir tué. L'animal est très difficile à chasser car il opère la nuit, au moment où on l'attend le moins. Mais la Brigade Loup est redoutable !

Corentin Corger

Corentin Corger

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