Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 03.08.2019 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 290 fois

FEUILLETON DE L'ÉTÉ Quatrième épisode de "L’Été de la miséricorde"

Chaque samedi de l'été, à 11h30, Objectif Gard vous donne rendez-vous avec votre saga estivale.
Photo DR Cévennes Tourisme

Le village d'Anduze (Photo DR Cévennes Tourisme)

Durant l'été, Objectif Gard vous propose de découvrir pendant huit semaines un feuilleton inédit qui se déroule au cœur du Gard ! Le quatrième épisode est à lire maintenant...

Boum ! Boum ! ... Ça cognait à la porte - c'est le mot juste ! - et l'auteur de ce vacarme matinal ne s'économisait pas. Julia se redressa en sursaut dans son lit. Un mince rai de lumière perçait derrière les épais volets de bois. Dans la pénombre, elle saisit tant bien que mal son téléphone portable sur la table nuit. 10 heures ! Épuisée par sa journée de la veille, elle avait dormi d'un sommeil de plomb...

Le train à vapeur des Cévennes. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

« J'arrive ! Une minute... », lança-t-elle en direction de la porte. Le temps d'enfiler à la va-vite un short et un t-shirt, de se passer une main dans sa longue crinière ébouriffée, de sauter dans se tongs et elle ouvrait la porte. Dans l'encoignure se tenait un solide gaillard à la chevelure de jais, aux épaules de déménageur moulées dans un « Marcel » qui n'en dissimulait rien et aux biceps saillants à qui elle rendait une bonne tête.

Un franc sourire dévoilait une impeccable rangée de perles de porcelaine qui éclairait un visage buriné par le soleil. Si ce n'était le ramdam, Julia avait déjà connu pire vision au réveil... « Pas mal du tout ! Quarante ans ? Quarante trois ? J'en ferais bien mon petit déjeuner. Voire mieux si affinités », songea la jeune femme surprise de sa propre audace.

La digue d'Anduze. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Et ce d'autant qu'elle avait depuis longtemps volontairement remisé sa vie sentimentale pour mieux se consacrer à ses deux dictateurs en herbe et à son travail. Hormis une ou deux aventures sans lendemain et qui avaient bien fait de le rester, il y a bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie attirée par un homme. Décidément, l'air du pays lui réussissait bien...

S’astreignant à ne rien laisser paraître de son trouble, n'ayant rien trouvé de plus original elle risqua un « Vous êtes Juan ? », sans cesser de le dévisager et de l'observer de pied en cap. Une saillie spontanée qui lui valu un retour de flamme instantané.

« Oui. Et vous vous êtes... perspicace. Vous savez, ils embauchent dans la police, lui renvoya non sans humour son visiteur matinal avec un zeste d'accent espagnol qui laissait peu de doute sur ses origines. Marthe m'a dit que vous pourriez avoir besoin de moi. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Mon Dieu, quelle sotte je fais. Il doit me prendre pour la dernière des cruches », pensa Julie, un tantinet vexée qui fit mine de n'avoir rien entendu et relança.

« Je cherche quelqu'un pour remettre le jardin état et faire quelques bricoles dans la maison. C'est dans vos cordes ? »

« Pas de problème ! Je commence quand ? »

« Quand vous voulez ! »

« Tout de suite si vous êtes d'accord mais à deux conditions : on se tutoie et vous m'offrez un café. Topez-là ! », intima l'Hercule champêtre en lui tendant une main caleuse dans laquelle la sienne disparaissait complètement. Elle la retira promptement de crainte de se la faire broyer.

Ruisseau de Paleyrolles, qui traverse St-Félix-de-Pallières et Tornac. Photo : S. Garcia

« Même en été, l'Ibère est rude ! », s'amusa intérieurement Julia sans oser se risquer à se lancer à haute voix à l'exercice du jeu de mot éculé, de crainte de froisser le beau brun ténébreux. « D'accord pour le café ! On va le boire dehors », intima-t-elle avant de se diriger aussitôt vers la machine à expresso sans même attendre la réponse.

Assis devant une tasse de café fumante à l'ombre du parasol qui protégeait autant que faire se peut la table de jardin installé dans cour, Julia et Juan se faisait face dans un silence gêné que se décida rapidement à rompre la jeune femme.

« Y'a longtemps que vous connaissez Marthe ? », s'enquit-elle.

Il répondit volontiers. « Depuis une quinzaine d'années. Ça date de l'époque où je me suis installé à Tornac, à côté... J'étais travailleur saisonnier et... je le suis toujours ! L'âge venant et même si elle encore vaillante, compte tenu des problèmes de santé de son frère, Marthe ne pouvait plus assurer seule l'entretien de son mas et son exploitation maraîchère. Ça c'est fait comme ça... J'aime beaucoup cette vieille bonne femme. Elle a un petit côté sorcière qui m'amuse. Elle m'avait déjà parlé de vous. Roger aussi d'ailleurs... »

Cette dernière phrase ne manqua pas de surprendre Julia. « Roger vous a parlé de moi ? Mais il ne parle quasiment pas ! »

« C'est vrai, mais il lui arrive régulièrement de prononcer votre prénom et quand il commence, c'est comme une incantation. On croirait qu'il a été vacciné avec une aiguille de tourne-disque : impossible de l'arrêter ! », s’esclaffa Juan.  

L'apparition de Tim et de sa sœur, tirés à leur tour des limbes, coupa court à leur conversation mais Julia, un peu secouée par cette révélation, se promis de tirer rapidement au clair ce mystère. Ça tombait bien elle s'était engagée à aller voir Roger dans la journée. Marthe pourrait sûrement l'éclairer... (à suivre la semaine prochaine, même jour, même heure)

Philippe GAVILLET de PENEY

Philippe Gavillet de Peney

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