NÎMES Avocats en colère : Paris ne répond pas
Après une grève générale le 10 septembre dernier, soixante avocats du barreau de Nîmes se sont déplacés à Paris pour faire entendre leur colère concernant la remise en cause de leur régime de retraite.
Plus qu'un mécontentement général, une inquiétude pour l'avenir de la profession selon Jean-Marie Chabaud, bâtonnier de l'ordre des avocats de Nîmes. "En voulant assimiler les professions libérales au régime général des salariés, les taxes augmentent alors que les prestations sont à la baisse", entame le bâtonnier. Que tous les salariés soient soumis au même régime peut sembler équitable, mais nous sommes libéraux ce qui nous assimile à des chefs d'entreprise, poursuit-il. Une telle mesure fera que nous devrons payer à la fois charges patronales et salariales. Soit une augmentation qui serait pratiquement un doublement des charges."
Et pour tordre le cou à une idée reçue, il précise que la moyenne de rémunération des avocats du barreau français est de 44 000 € par an. Or, la tranche la plus impactée par la réforme concerne ceux dont les revenus sont d'environ 41 000 €, ce qui représente plus de la moitié des avocats français. "Si l'on doit cotiser plus, beaucoup de petits cabinets seront en danger", déplore-t-il. Et d'ajouter : "Dans le régime actuel, après 42 ans d'exercice, il y avait un socle commun de 1 500 € de retraite garanti pour chaque avocat. Cette mesure est condamnée par les nouvelles dispositions, ce qui risque de précariser certains retraités."
Avec un taux de prestations revu à la baisse et des cotisations qui flambent, la mesure mécontente à la fois les actifs et les futurs retraités. "Nous avons déjà 48% de charge avant impôt et notre caisse de retraite a reversé 98 M€ aux caisses déficitaires en 2018, ce qui représente 1 400 € par avocat", pointe Jean-Marie Chabaud qui s'insurge lorsque l'on traite la profession "d'égoïste".
Augmenter les honoraires n'est pas non plus envisagé comme une solution. "Beaucoup de nos clients n'auraient plus les moyens et dans ce cas nous cotiserions sur cette augmentation", résume le bâtonnier. Les élus nationaux devaient recevoir une délégation nîmoise ce matin. La réunion a été annulée sans justification et l'ordre attend un nouveau rendez-vous.
Véronique Palomar Camplan
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