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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 20.10.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 1181 fois

FAIT DU JOUR Au Château de Montfaucon, tradition et recherche de l’équilibre parfait

Rodolphe de Pins dans sa vigne de 150 ans d'âge (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

C’est plus qu’un chai, presque une cathédrale. Lorsque Rodolphe de Pins, à la tête du domaine du Château de Montfaucon, situé au pied du château du village situé en bordure du Rhône, allume la lumière, on découvre un chai du XVIe siècle tout en pierres renfermant plusieurs dizaines de barriques.

C’est ici que sont vinifiés les meilleurs vins du domaine depuis plus de cinq cents ans. Une éternité. « Dans la vallée du Rhône, il n’y en a pas tant que ça des chais aussi anciens », glisse dans un sourire l’hôte des lieux, qu’il tient de sa famille, celle des barons de Montfaucon. Une famille installée ici depuis le XVIIIe siècle et qui vinifie depuis dans ce chai.

Un chai qui tient une place capitale : « Il est très important pour l’élevage en barriques », souligne Rodolphe de Pins, arguant du climat particulier qui règne entre ces pierres. Une température constante, tout comme l’humidité, des conditions parfaites pour y entreposer les barriques. Pas n’importe quelles barriques : en les examinant de près, on voit une signature bourguignonne. Un exemple parfait de la manière dont Rodolphe de Pins vinifie.

« Le vin doit être une expression du terroir »

Car Rodolphe de Pins, qui a vinifié aux États-Unis, en Australie et dans le Gard avant de revenir aux sources en 1995, n’est pas du genre à laisser quoi que ce soit au hasard. Ses barriques, il tient à ce qu’elles ne soient jamais neuves. « Je les achète d’occasion à un très bon vigneron bourguignon qui a de très bonnes barriques qui fonctionnent très bien », présente-t-il.

Pourquoi ne pas les acheter neuves ? « Trop neuves, elles marqueraient trop les vins. Or, ce qui m’intéresse c’est de marquer le terroir. Je veux que les barriques soient là pour sublimer, aider à l’expression du terroir, mais pas qu’elles soient en avant », explique le vigneron.

Le chai du domaine du Château de Montfaucon date du XVIe siècle (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les barriques doivent donc servir ce qu’il qualifie de « ligne directrice » : « Le vin doit être une expression du terroir qu’il faut guider car l’homme fait partie du terroir. » Un terroir sur lequel il ne pulvérise pas de phytosanitaires, produisant tout en bio sur ses 60 hectares situés principalement sur l’appellation Lirac, dont il préside le syndicat et à laquelle il souhaite « donner un nouvel élan ».

Passionné, Rodolphe de Pins aime à assembler ses vins. « Je suis très intéressé par les différents cépages qui donnent un équilibre et une particularité aux vins. Notamment les cépages un peu oubliés mais qui amènent quelque chose », développe-t-il. C’est la raison pour laquelle il a acheté il y a quelques années une vigne de plus de 150 ans d’âge à Saint-Geniès-de-Comolas, sur le périmètre de l’appellation Lirac, sur laquelle on compte pas moins de 18 cépages. De quoi s’amuser, même si ces vignes ne produisent que peu en quantité.

Il en a tiré un blanc, « le Vin de Madame », et un rouge, « le Vin de Monsieur », qui n’ont pas tardé à se faire une place sur les grandes tables. Des vins complexes, issus d’assemblages de cépages rares, de dix-sept cépages même pour le rouge, élevés en barrique, puis en cuve et enfin en bouteille, pendant plusieurs années. De quoi proposer des vins d’exception, à l’équilibre subtil, qui ont valu au « Vin de Madame » la couverture du prestigieux magazine spécialisé Decanter. Et pour les habiller, Rodolphe de Pins a ressorti la première étiquette du domaine, datée de 1829.

« Il s’agit d’une lithographie qui date de l’époque où le baron de Montfaucon était maire d’Avignon », retrace-t-il. Son aïeul était également député et montait régulièrement de son vin à Paris. Pour ce faire, il sera un des premiers des côtes du Rhône à mettre son vin en bouteille et donc à y apposer une étiquette. Près de 200 ans après, elle a retrouvé de nouvelles bouteilles.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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