Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 16.12.2019 - abdel-samari - 8 min  - vu 4021 fois

FAIT DU JOUR David Tebib : "J'ai envie de transformer Nîmes"

David Tebib (Photo AS / Objectif Gard)

David Tebib en interview dans les locaux d'Objectif Gard (Photo AS / Objectif Gard)

Dernier candidat déclaré pour la mairie de Nîmes, le chef d'entreprise David Tebib accorde à Objectif Gard sa première grande interview. L'occasion de découvrir ses motivations, ses projets pour les Nîmois et sa vision sur les équipements structurants du territoire. Entretien.

Objectif Gard : La République en marche (LREM) a fait le choix d'Yvan Lachaud à Nîmes. Comprenez-vous cette décision ?

David Tebib : C'est leur décision. J'en ai pris acte. Stanislas Guerini, le délégué général de LREM m'a expliqué les raisons notamment ce choix stratégique en lien avec des négociations en cours avec un partenaire national, à savoir le Modem. On n'est pas dans une réflexion de personne mais dans un choix stratégique.

Qu’est-ce qui vous a manqué pour l'emporter ? 

Rien car j'ai été investi 15 jours avant par une commission nationale. Il ne me manquait rien structurellement. La décision qui l'a emportée concernait des enjeux stratégiques nationaux tout autre que Nîmes. Moi, ce qui me passionne, c'est Nîmes. Je ne suis pas dans les stratégies même si je pense que Nîmes doit très rapidement rayonner au niveau national. Notamment d'un point de vue culturel mais pas seulement. Sur l'innovation, l'écologie, les solutions pour le coeur de ville. Tout doit faire sens à l'extérieur des frontières de Nîmes. Aussi bien que le sport par exemple avec Nîmes Olympique ou l'USAM Nîmes-Gard qui donnent un éclairage fantastique à notre ville.

En coulisse, les tensions étaient vives dans les deux camps pour décrocher l’investiture ou le soutien de LREM. Étiez-vous réellement préparé à affronter cela ?

Vu le temps que cela a mis, vu les coups, vu ce que j'ai subi, il a bien fallu que je sois costaud sinon je serais tombé KO. Tel un boxeur sur le ring, mon entraîneur aurait même pu jeter l'éponge... Je crois surtout que tout ce qui s'est déroulé en coulisse n'avait que pour but de protéger un environnement, un système, une forme de protection de l'entre-soi. Alors tous les moyens ont été utilisés... On a identifié les personnes qui ont dépassées la ligne jaune - voire rouge - et c'est dans les mains de mon conseil. Pour le reste, on est serein. Le jeu est à présent connu, les candidats ont obtenu ce qu'ils souhaitaient. D'autres comme moi vont pouvoir aller à la rencontre des Nîmoises et des Nîmois avec une démarche nouvelle : écouter activement, proposer et agir.

Pourquoi aviez-vous adhéré à En Marche initialement ?

D'abord, je voudrais dire que je n'avais jamais jusque là été engagé dans aucun parti politique. Quand j'ai assisté au début de l'aventure d'En Marche et d'Emmanuel Macron, j'ai entendu des mots : nouveau monde, nouvelles méthodes, nouveaux visages ; notamment de la société civile. Finalement, peu importe les personnes, l'essentiel ce sont les compétences. Cela a raisonné chez moi de façon extraordinaire, ça m'a parlé. Aujourd'hui, l'ironie de l'histoire c'est que j'ai été la victime de cette volonté de changement. J'ai subi sur les valeurs originelles. Ils ont préféré négocier avec un parti historique. Nous sommes loin de la philosophie de départ avec une espèce de résistance à l'ancienne façon de faire. Je ne peux donc plus être en phase dans cette stratégie là.

C’est quoi pour vous le plus important en politique : partager des valeurs, transmettre ou se réaliser ?

C'est incontestablement partager des valeurs. Je suis à un moment clé de ma vie à 49 ans. Chef d'entreprise, après plusieurs mandats associatifs, entièrement bénévole, je pense avoir une expertise réelle pour changer le quotidien des Nîmois. J'ai envie de rendre à Nîmes tout ce que cette ville m'a offert. Avec une équipe solide, compétente, je veux impulser de nouvelles méthodes, être à l'écoute réellement des habitants et acteur du changement. Un exemple : nous positionnerons des experts économiques, écologiques sur la sécurité qui interviendront dans toutes les délégations de façon transversale, ce que l'on appelle du mentoring, afin de s'assurer à chaque fois des impacts d'une mesure sur l'ensemble de la population nîmoise.

Est-ce que votre famille est prête à tous les sacrifices qu’exige la vie politique ? 

Depuis le début. L'une des plus grandes énergies pour moi, c'est la famille. Mon épouse, que je voudrais saluer, est tellement dans la bienveillance, la protection. Mes filles m'ont encouragé à foncer. Je crois que par dessus tout, elles ont la conviction que je peux accomplir des choses importantes pour cette ville.

Pourquoi les Nîmois devraient-ils vous faire confiance ?

J'ai 49 ans, je suis né et je vis encore à Nîmes, j'ai tout vécu ici. Nîmes est un gros village comme on dit... Et beaucoup de gens me connaissent déjà. Après, ma démarche est sincère et authentique. Ce n'est pas ni le pouvoir, ni l'aspect financier qui m'intéresse. C'est la passion et l'amour viscéral pour cette ville. Chaque fois que je pars en vacances, je suis heureux de rentrer à Nîmes. J'ai envie de transformer Nîmes à travers des actions concrètes et efficaces.

Comme les autres hommes politiques, vous allez décevoir ? Êtes-vous prêt à cela ?

Je ne le crois pas. À partir du moment où vous respectez votre parole, que votre démarche n'a pas pour but de ne faire plaisir qu'à un petit nombre, que vous êtes dans une approche éthique et juste et surtout dans un langage de vérité, les gens vous font confiance. Si après votre question est de savoir si au bout d'un mandat, j'aurais 100% de satisfaction, ce sera compliqué. Mais je ne confonds pas satisfaction avec perfection. Je veux que nos actions aient un impact le plus large possible. Vous savez, il n'y a pas encore de voitures volantes au-dessus de nos têtes mais ce que je suis sûr, c'est qu'il y a une conscience collective.

David Tebib en interview (Photo AS / Objectif Gard)

Qu’est ce que vous retenez de positif dans les réalisations de Lachaud-Fournier ces 20 dernières années ?

Je reconnais que la ville s'est transformée d'un point de vue architectural, en particulier le centre-ville.

Et qu’est-ce que vous auriez fait différemment ?

J'aurais réfléchi dans la globalité des choses. Est-ce que cela va servir le plus grand nombre ? C'est ce qui doit dicter notre façon d'agir. Un exemple concret : le coeur de ville est en souffrance aujourd'hui en particulier d'un point de vue économique. Nous avons un élément commun, c'est la culture. Vecteur d'inclusion, de transmission et de vivre ensemble. On doit aujourd'hui intégrer toutes les associations de la ville et leur proposer d'engager des animations culturelles au service des habitants. Avec Nîmes en culture et Nîmes en sport, nous proposons sur plusieurs semaines, sur de nombreuses places de la Ville, un accès à la culture et aux sports à tous les Nîmois et ce, de manière entièrement gratuite. Chacun pourra s'initier au théâtre, au sport, et pratiquer pendant plusieurs semaines. Les associations vont s'approprier les espaces. Imaginez l'impact sur le centre-ville, la dynamique incroyable ! Avec, je l'espère, l'émergence de talents...

Qu’est-ce qui manque sur le territoire de Nîmes en matière d’équipements ?

D'abord, ce qui m'importe c'est de réfléchir avant toute nouvelle création au sens, d'un point de vue philosophique. Les pistes cyclables, c'est très bien. Un plan vélo c'est forcément prioritaire. Mais ce qui nous importe avant tout c'est de travailler sur le maillage des quartiers à forte densité de population. Il faut que l'ensemble soit relié. Notamment à travers des circuits de mobilité douce et électrique. Il nous faut réfléchir d'abord à une connexion entre la maison et le travail. C'est du bon sens. Ainsi, on imagine déjà un système de parking sécurisé pour les vélos en lien avec les pistes cyclables. Avec des box connectés et des points de recharge multi-usages. Il faudra de nombreux équipements en lien avec le secteur économique. Tout est ouvert.

Quelle sera la couleur de votre mandat ?

Il n'y aura pas de couleur politique, si c'est votre question. Notre but : améliorer le quotidien tout en respectant chaque habitant et en augmentant l'attractivité du territoire. Ensuite, deux volets seront transversaux à l'ensemble de nos actions : l'écologie et la sécurité pour la tranquillité de tous. Chaque délégation sera d'ailleurs soumise à son impact sur l'environnement. Cela ne veut pas dire que nous serons les meilleurs mais tout sera réfléchi à ce sens. Enfin, la culture aura une place primordiale. Mais toujours sous l'angle écologique. On pourrait d'ailleurs s'inspirer du festival We Love Green qui depuis 2011 dans les Bois de Paris célèbre la musique de notre époque et dans le même temps, assume un rôle éducatif et de médiation culturelle auprès des publics, pour porter à travers la musique des valeurs sociales, économiques, solidaires et éveiller les consciences.

Est-ce que vous assumerez à la fois les fonctions de maire et de président de l’Agglo ?

Oui mais ce n'est pas comme cela qu'il faut le présenter. C'est à travers l'adhésion. Moi, j'ai essayé le sport individuel. Je me suis très vite emmerdé. Le handball a été une révélation. J'étais demi-centre, un organisateur. Je crois que l'un des plus grands regrets de ma vie, c'est de ne pas avoir été chef d'orchestre. Après, ce qui est capital, c'est d'embarquer tout le monde. Rien n'est pire que d'obtenir quelque chose par la force ou la stratégie. Moi, je veux l'adhésion du maximum de gens pour réaliser de belles choses.

Pour gouverner à Nîmes métropole, il faut l’adhésion des maires des 38 autres communes. Comment allez-vous faire n’ayant aucun maire affilié à votre liste ?

La ville de Nîmes doit être la locomotive de l'Agglo, c'est indispensable. Je suis un homme du rassemblement, de l'ouverture, du collectif. Je suis persuadé que lors de la présentation de nos actions aux élus de la métropole, nous parviendrons à obtenir leur adhésion. Ils comprendront que nous ne travaillons que dans un intérêt collectif.

Pour réaliser vos projets, il vous faudra également décider de leur application dans les autres communes. Là aussi, comment ferez-vous ?

C'est pour cela que je vous parle d'une vision globale. C'est un socle commun. Sur la dimension économique, l'intégralité des décisions se fera à la métropole, les maires des autres communes auront donc toute leur part. En matière de tourisme, les dispositifs agiront aussi pour les villes de l'Agglo. Et ce sera pareil pour la sécurité, l'écologie, etc.

Quelle sera votre première mesure au matin du 23 mars si vous êtes élu ?

Une évaluation claire de la situation financière de la Ville et de Nîmes métropole pour savoir ce que nous serons en capacité de réaliser de manière rapide. Toutes nos actions devront se faire ensuite sans aucun impact financier supplémentaire mais à charges constantes. Il est hors de question de faire financer nos projets par une augmentation des taxes locales. On est dans la vraie vie, celle des Nîmois. Nous serons donc attentif à leur attente.

Et aussi : 

L'avenir de l'aéroport Nîmes-Garons ?

Je suis pour. Il faut reprendre entièrement le dossier des lignes commerciales. Nous avons la chance d'avoir déjà des entreprises et la Sécurité civile. Mais ce n'est pas possible d'avoir un aéroport avec rien autour. Il faut de la réflexion et une cohérence avec le territoire. Nous aurons une politique forte sur le foncier disponible et l'attractivité. Depuis longtemps, Montpellier est moteur. Il faut ouvrir Nîmes sur d'autres choses. Donner une autre image que la tauromachie et la romanité. Il nous faut inventer, redonner confiance en Nîmes à l'extérieur. Sans artifice.

Le projet du nouveau stade des Costières de Rani Assaf ?

Joker, je n'ai pas tous les éléments. Ce qui est certain, c'est que le projet doit être optimisé au maximum pour éviter les impacts écologiques. Et comprendre la destination finale de ce projet.

Les fonds de concours pour les communes de l’Agglo ? 

Je suis pour sous certaines conditions, avec un cadre défini dès le départ. Il faut de la cohérence avec la politique menée, avec le territoire et une convergence, et savoir comment on flèche ces investissements.

Le financement public des clubs sportifs ? 

Je suis pour évidemment car le sport est l'un des poumons économiques d'un territoire. Regardez comment le Nîmes Olympique ou l'USAM représentent l'identité de Nîmes... Mais encore une fois, il doit être au service de tous les Nîmois. C'est pourquoi, nous proposons également Nîmes en sport qui sera le pendant de Nîmes en culture avec une offre sport capitale pour tous. Pour cela, nous mettrons en face des financements, un contrat d'engagement clair avec les partenaires.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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