Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 24.04.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1054 fois

RÉGION Jean-Luc Gibelin, élu aux transports : « Le manque d'anticipation de l'État devient pénible ! »

Confiné chez lui à Salindres, Jean-Luc Gibelin, vice-président communiste en charge des transports à la région (Photo : droits réservés)

Reprise des TER, des transports scolaires… Le vice-président PCF aux transports de Région Occitanie cherche les réponses concrètes au déconfinement annoncé le 11 mai par l’État. Une anticipation qui n’est pas toujours évidente… 

Objectif Gard : Tout d’abord, comment vivez-vous cette crise en tant qu’élu ? 

Jean-Luc Gibelin : Comme beaucoup, à la maison. Depuis le départ, je suis resté confiné chez moi à Salindres. Je me suis juste déplacé lors de Commission permanente restreinte de la Région, le 3 avril. C’est à cette occasion que l'on a voté le Plan d’urgence sanitaire et solidaire. Le reste du temps, je m’organise avec des réunions téléphoniques et beaucoup d’appels en visioconférence, de 8h30 du matin à 19 heures. 

Du transport à la demande

À la Région, continuez-vous de gérer les conséquences du confinement ou anticipez-vous la fin de celui-ci ? 

Les deux ! D'abord, nous gérons bien entendu les effets du confinement. Depuis mi-avril, nous avons mis en place un système de transport à la demande. Il est gratuit, réservé aux personnels hospitaliers et à ceux des Ehpad. Ce service permet de pallier l’arrêt ou le fort ralentissement des transports urbains et inter-urbains en raison du confinement. Près de 1 200 voyages ont été réalisés ou programmés jusqu’à la fin du mois.

Concrètement comment marche ce service ?

En fonction de leur adresse, nous mettons le soignant en relation avec un transporteur qui travaille déjà pour le Conseil régional. Ce dernier va chercher le soignant chez lui et l'amène à son lieu de travail. Sur la plateforme téléphonique, nos fonctionnaires en télétravail sont fiers. Ils ont la conviction d’être une partie de cette chaîne qui lutte contre le virus. 

Reprise totale des TER le 25 mai

Qu’en est-il du déconfinement ? Le préparez-vous ? 

Pour sortir du confinement, il faut l’anticiper. Ce qui n’est pas facile avec la cacophonie ambiante qui règne au sommet de l’État. On travaille avec la SNCF pour la reprise la mieux adaptée des TER (transport express régional) en terme d’horaire et de circulation. Au total aujourd’hui, nous maintenons 18 à 20% de l’offre, ce qui n’est pas rien. Mais nous n’avons pas toutes les clefs. Par exemple, les TGV (train à grande vitesse) annoncent que le service normal ne sera atteint que mi-juin. Ça nous inquiète. 

Comment anticiper quand vous n’avez pas toutes les données ? Que vous ne savez pas qui va reperdre le travail ? 

Justement, c’est compliqué. Nous travaillons pour mettre en place des circulations harmonieuses des TER dès le 11 mai, une augmentation à partir du 18 mai et une reprise totale à partir du 25 mai. 

Retour des transports scolaires à la normale

Concernant les transports scolaires, que prévoyez-vous ? 

C’est pareil, nous n’avons pas de lisibilité. D'ailleurs heureusement qu’il y a les élus territoriaux, face à la réalité, pour permettre d’appliquer les décisions gouvernementales. Tenez, on nous parle de demi-groupes pour le retour à l'école : un le matin et l’autre l’après-midi afin d'éviter d’ouvrir la cantine. Mais pour nous, c'est impossible ! Nous avons, en temps normal, 4 000 cars qui roulent par jour. Nous ne pouvons pas doubler le service ! Notre service reprendra donc de façon normale. Franchement, ce n’est pas pensable qu’à Paris personne ne l’ai perçu. Le manque d'anticipation de l'État devient pénible ! 

Les masques seront-ils obligatoires dans vos cars ? 

Pour l’instant, c’est plus que recommandé. Nous, nous souhaiterions que cela devienne obligatoire. Car pensez-vous que les jeunes respecteront la distanciation physique d’un mètre ? Comment faire alors ? Il faudra doubler le nombre de cars pour que les élèves n'entrent pas en contact ? Et quand ils attendront le bus, pensez-vous là-aussi qu’ils respecterons la distance ? Idem lors de la récréation ? Soyons sérieux... 

« L’État devra dédommager les collectivités »  

Qui se chargera de la désinfection des cars et qui paiera ce service ? 

Pour l’instant, ce seront les transporteurs mais forcément que, d’une manière ou d’une autre, il y aura un problème de coût. J’entends le ministre de l’Économie dire qu’il faut faire des efforts… Mais nous en faisions déjà et nous en faisons encore plus en temps de crise. Ce sont d’ailleurs grâce aux collectivités locales que cette situation tient. Il faut sérieusement envisager de la part de l’État une compensation financière pour les collectivités. 

L’État a mis beaucoup d’argent sur la table pour soutenir l’économie. Pensez-vous vraiment qu’il dédommagera les collectivités ? Regardez, les Conseils départementaux se battent depuis des années pour avoir une compensation sur le paiement des prestations sociales… 

Je ne suis pas naïf mais c’est indispensable. Cette exigence doit monter de plus en plus. L’État ne peut pas continuer à avoir cette attitude vis-à-vis des collectivités. À un moment, il faut le renvoi d’ascenseur, si je peux m’exprimer ainsi. 

En parlant d’argent, la Région Occitanie en a également débloqué. Des dépenses imprévues. Comment allez-vous les compenser ? Des projets seront-ils sacrifiés ? 

Nous ne sommes pas au stade où nous parlons de projets à sacrifier. Avant de se positionner sur ce qu’il va falloir supprimer, il faut faire grandir l’exigence pour que l’État réoriente ses choix. La question des mobilités est importante et doit être privilégiée.

Enfin dans le Gard, des projets du Conseil régional ont-ils été retardés par la crise du Covid-19 ? 

Nous avons vécu deux mois de confinement, alors forcément il y aura des décalages. Nous verrons si nous arriverons à rattraper ce retard. Mais vous savez, tout ne dépend pas de notre collectivité. Exemple : nous avons commandé 18 nouvelles rames de trains qui devaient arriver en mars. Avec le confinement, la livraison a été retardée. Seulement, les chaînes de productions d’ Alstom ne rouvriront pas de suite. Alors peut-être qu’au final, ça sera plutôt trois mois et demi de retard… 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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