BAGNOLS/CÈZE Réouverture des commerces : les clients sont-ils au rendez-vous ?
Plusieurs commerçants bagnolais ont rouvert leur boutique exceptionnellement ce lundi pour marquer le 1er jour du déconfinement. Les clients sont-ils au rendez-vous ? Le constat, en forme de "mi figue, mi raisin", est assez partagé.
Ève Benezeth, gérante du magasin de chaussures pour enfants "Baby junior", rue de la République, a eu beaucoup de monde dans sa boutique ce matin : "On n'était pas considéré comme un commerce de première nécessité mais ça l'était presque puisque les enfants changent très vite de pointure."
Profitant que la réouverture des écoles ne soit programmée que jeudi, le petit Marouane est passé chercher une nouvelle paire de baskets en taille 31 ce lundi matin. Pour chaque enfant, Ève Benezeth demande aux adultes qui l'accompagnent "s'ils sont d'accord (qu'elle) prenne elle-même les mesures". Ensuite, elle place l'enfant dans une zone dédiée et lui demande d'éviter de toucher les chaussures.
"J'ai mis aussi en place un drive près du comptoir pour les clients qui ont passé des commandes pendant le confinement", précise la gérante. Un bon système pour éviter les contacts. Tout le matériel est aussi régulièrement désinfecté et les distances d'un mètre entre chaque client respectées.
"Plus on ouvre, moins on a de passages en même temps"
À quelques pas de là, Nicolas Fajon a aussi rouvert "Le Boudoir", sa boutique d'objets cadeaux, d'univers kawaï (mignon en japonais) et de poupées japonaises. Depuis une semaine, il s'est mis à confectionner des masques avec les tissus qu'il utilise normalement pour créer des robes de poupées.
"J'avais un problème éthique de vendre des choses pour sauver la vie des gens. Je ne veux pas en faire un commerce, j'en vends une dizaine par jour pour rendre service", explique-t-il. Il a observé quand même du passage dans sa boutique ce lundi matin. Il faut dire que pendant les deux mois de confinement, il a eu le temps de s'occuper des réseaux sociaux et de donner un coup de boost à sa communication.
Il a d'ailleurs décidé d'ouvrir tous les lundis pendant un mois et ainsi d'élargir les horaires de 8h à 12h30 et de 13h30 à 19h. Il raisonne en toute logique : "Plus on ouvre, moins on a de passages en même temps", et donc moins de risque de contamination. Durant ces deux mois, il a remarqué cet élan des clients vers le commerce local et espère que cela va se poursuivre après le déconfinement : "Hormis le rayon kawaï où je commande à l'étranger, on va essayer de proposer encore plus de produits locaux dans la boutique. J'ai déjà des bougies faites à Uzès, du café torréfié à Bollène... C'est important de les mettre en avant."
Du côté de la rue Fernand-Crémieux, le moral est moins bon pour deux gérantes de boutiques de prêt-à-porter. Marjorie a décidé de finalement fermer "Subtil lingerie" dès ce matin, faute de monde. "S'il n'avait pas plu, ça aurait été sûrement différent", suppose-t-elle. Fabienne Primo, à la tête de la boutique "Petit nature" juste en face, hésite elle aussi à fermer cet après-midi: "On a ouvert ce lundi pour jouer le jeu du déconfinement, mais il faudrait que les clients aussi jouent le jeu. Ça ne sert à rien d'user de l'électricité."
"Est-ce que les gens ont pris le rythme du confinement
ou est-ce qu'il va y avoir une frénésie d'achat?"
Personne n'a mis un pied dans sa boutique ce matin pour découvrir une partie de la nouvelle collection. Pourtant la commerçante avait tout préparé. Les consignes de sécurité sont affichées à l'entrée : trois personnes maximum dans la boutique, port du masque, fléchage au sol et circulation en sens unique, tous les vêtements essayés et non achetés sont passés à la vapeur pour désinfection avant d'être remis en rayon 10 minutes plus tard.
Elle se demande si le redémarrage va se faire petit à petit : "Est-ce que les gens ont pris le rythme du confinement ou est-ce qu'il va y avoir une frénésie d'achat puisque pendant deux mois, on n'a pas dépensé d'argent en essence, en restos..?" Seul les jours à venir le diront mais si les clients sont trop frileux, cela pourrait mettre à mal certains commerces : "Heureusement que j'avais constitué une trésorerie au cas où. J'ai touché 500 € du fonds de solidarité. J'ai décalé l'Urssaf. Mais j'espère que ça va rebondir, sinon on va tirer la langue."
Aurore Dumitru qui dirige L'onglerie d'Aurore, rue Fernand-Crémieux, a elle aussi reçu ses premières clientes ce lundi. "On a des masques, des gants, de quoi désinfecter. J'espace les rendez-vous de 15 minutes pour ne pas que les clientes attendent et pour avoir le temps de désinfecter entre chaque passage", dit-elle. Elle ne reçoit du coup plus que 5-6 clientes par jour au lieu de 8. Son planning est plein pendant un peu plus de deux semaines.
Il aurait dû l'être sur trois semaines si tout le monde avait pris rendez-vous : "J'en ai quand même beaucoup qui m'ont dit qu'elles préféraient attendre par précaution. D'autres qui financièrement ne pouvaient plus ou encore qui devaient garder leurs enfants car les écoles sont fermées."
En face d'elle, Anicia se fait dorloter. Elle attendait sa manucure avec impatience puisque c'est l'une des premières à avoir téléphoné : "Ça fait du bien de prendre soin de soi. En plus, je suis conductrice de bus alors j'ai toujours mes mains devant moi. Là, au moins, ça fait fini et propre." Prête ainsi à reprendre du service le 18 mai pour assurer la ligne desservant Saint-Julien-de-Peyrolas.
Marie Meunier
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