Actualités
Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 13.05.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 2905 fois

GARD Changer de vie ? C'est le moment !

Le site du Cailar, un comptoir de l'âge de fer (Photo d'illustration : Anthony Maurin).

Photo d'illustration Anthony Maurin / Objectif Gard

Certains profiteront de cette faille temporelle dans nos vies pour changer la leur. En effet, le confinement et la solitude qu'il a engendré ont servi à la réflexion. Pour celles et ceux qui n'étaient plus à l'aise dans le boulot, le temps passé fut celui de la recherche... d'un autre job !

Avec le développement de l'archéologie préventive, les archéologues ont entrepris de reconstituer à grande échelle l'environnement des sites étudiés et son évolution dans le temps.

Sur le terrain comme au laboratoire, ce travail d'équipe met à contribution des disciplines scientifiques de plus en plus spécialisées comme l'anthracologie, l'anthropologie, l'archéozoologie, la carpologie, la céramologie, la géomorphologie, la palynologie, la topographie, la tracéologie et la xylologie…

Parmi les trouvailles, des céramiques, des amphores mais aussi de magnifiques restes d'armes, de protections... (Photo Archives Anthony Maurin).

L'anthracologue analyse les charbons de bois et détermine les essences d’arbres dont ils proviennent. Ces données fournissent de nombreuses informations sur les végétaux présents à une époque donnée et sur leur évolution au fil des siècles. Outre la connaissance des forêts et des paysages passés, l'anthracologie permet d’appréhender les relations que l’Homme entretenait avec le bois. Elle aide à comprendre la gestion forestière (utilisation de bois mort, sélection d’espèces, stockage du bois…), la place du bois dans l’économie (métallurgie, construction…) ou dans des aspects plus sociaux et culturels de la vie, les contextes funéraires par exemple.

Au sens large, l'anthropologie est la science qui étudie les caractéristiques anatomiques, biologiques, culturelles et sociales des êtres humains. Appliquée à l’archéologie, elle s'intéresse aux restes humains et au contexte dans lequel ils sont découverts. Sur le terrain puis en laboratoire, l’anthropologue examine les vestiges du défunt pour identifier ses caractères biologiques, les circonstances de sa mort et les traumatismes et maladies auxquels il a, ou non, survécu. Il étudie également toutes les caractéristiques de la sépulture, enrichissant ainsi la connaissance des sociétés anciennes à travers leurs pratiques funéraires : traitement du corps, type de tombe, parure, offrandes, mobilier…

(Photo Archives Anthony Maurin).

De la Préhistoire à nos jours, l'Homme a toujours entretenu avec l’animal une relation étroite et complexe. L'archéozoologie s’intéresse aux nombreux aspects de cette relation : art de la chasse, domestication, pastoralisme, goûts alimentaires... En complément d’autres sciences de l’environnement, elle fournit des informations concrètes sur les rythmes d’occupation d’un site, l’évolution des paysages et l'impact écologique de l’homme sur son milieu. Le grand nombre d’espèces étudié explique la création de plusieurs spécialités autour des différentes classes d’animaux (mammifères, oiseaux, poissons, etc.). Les méthodes de travail sont issues de disciplines proches comme la zoologie, la paléontologie et la médecine vétérinaire.

La céramologie, c'est-à-dire l’étude systématique des objets de terre cuite, embrasse toutes les périodes chronologiques, depuis le Néolithique (de 6 000 à 2 000 ans avant notre ère en Europe) jusqu’au XXIe siècle. Du fait de leur abondance et de leur bonne conservation, les tessons sont des documents indispensables pour dater les niveaux archéologiques dont ils sont issus. Ils sont aussi les témoins de nombreuses activités humaines dont ils permettent la compréhension, en parallèle avec d’autres méthodes d’investigation.

(Photo Archives Anthony Maurin).

La géomorphologie est une discipline qui étudie la forme des paysages et qui cherche à expliquer leur mise en place et leur évolution. Il s'agit de reconstituer l'environnement physique et végétal d’un secteur à une période donnée et d’évaluer les ressources dont disposaient alors les populations humaines. En décryptant les modifications du milieu, le géomorphologue nous renseigne sur les activités humaines qui l’ont façonné (défrichement, agriculture, pastoralisme…).

La carpologie étudie les restes végétaux qui proviennent des couches archéologiques et qui constituent une mine d’informations pour le carpologue. Ils renseignent sur la flore locale, le paléoenvironnement des sites archéologiques, les pratiques agricoles, l'alimentation et les préparations culinaires des sociétés passées. La carbonisation des semences sous-entend qu’elles ont été manipulées par l’homme. Les restes végétaux témoignent aussi de la présence d’espèces indigènes ou du déplacement de certaines espèces sur de grandes distances par contacts culturels (commerce à grandes distances, transfert de connaissances agricoles par migration de populations, etc.). Ainsi des plantes provenant de la région méditerranéenne ont-elles été retrouvées dans le nord de la France.

(Photo INRAP). • Rémi Bénali/INRAP

La palynologie appliquée à l'archéologie (paléopalynologie) étudie les pollens et les spores fossilisés piégés dans les couches successives de sédiments, afin de retracer les variations de l’environnement végétal sur de très longues périodes de temps. L'évolution de la végétation est liée aux changements climatiques, mais aussi à l’intervention de l’homme sur la nature : défrichements, culture, élevage. Pour une époque et un lieu donnés, le palynologue étudie le " spectre pollinique " correspondant à l’ensemble des pollens et spores fossilisés de l’échantillon et reconstitue le paysage végétal.

La topographie permet de représenter le terrain à toutes les étapes du chantier et d'associer sur un plan l’ensemble des résultats d'une opération. En amont d'un chantier, le topographe recherche la documentation graphique se rapportant à celui-ci. Il effectue ensuite les levés topographiques avec une station totale (tachéomètre) ou un GPS. Les plans produits sont utilisés pour représenter le site dans son environnement (quartier, ville) et, associés aux données archéologiques, apportent un nouvel éclairage aux découvertes. La topographie appliquée à l’archéologie s'ouvre vers d’autres disciplines, telles que la géomatique, la cartographie, la photogrammétrie.

(Photo Archives : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Le tracéologue étudie les traces d'usure sur les objets archéologiques : outils, armatures, parures, récipients… Pour les interpréter, il les compare à des traces dont l’origine est connue grâce à l'expérimentation. Il fabrique des objets identiques aux objets d'étude, les utilise, à main nue ou emmanchés, sur divers matériaux, selon divers modes d’actions et recherche le geste le plus efficace. Il observe, examine et enregistre les traces expérimentales obtenues et construit ainsi un référentiel de comparaison. Il détermine, dans le cas d'un outil tranchant par exemple, quel était le mouvement effectué (racler, couper, percuter…), la matière travaillée (peau, bois, os, pierre…) et parfois comment l’outil était tenu (à main nue, avec une gaine ou un manche).

Du grec xylos (bois) et logos (discours), la xylologie étudie les propriétés physiques et chimiques du bois et identifie les essences utilisées pour chaque vestige. Pin, chêne, arbre fruitier ? Leur identification permet de reconstituer l'environnement ligneux (forêt, bois...) du site archéologique et son évolution suite aux modifications climatiques ou aux interventions de l'Homme. Elle permet également de connaître les arbres dont disposaient les artisans et les choix qu'ils effectuaient pour la réalisation de leurs ouvrages, car la xylologie s’intéresse aussi aux techniques de fabrication des objets et des constructions en bois. Elle cherche à connaître les procédés de mise en œuvre en observant les traces d’outils et les modes de débitage connus.

Anthony Maurin

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio