Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.08.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 7717 fois

FAIT DU JOUR Ligne SNCF-TER rive droite : des trains en circulation à décembre 2021

Les gares de Bagnols, de Pont-Saint-Esprit et de Remoulins vont subir des travaux pour pouvoir faire descendre et monter les usagers des trains voyageurs, prévus pour une mise en service en décembre 2021. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Rouvrir la ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône aux passagers : c'est une promesse faite dans le cadre des EGRIM (États généraux du rail et de l’intermodalité). Les choses avancent bien puisque des trains devraient être mis en service dès décembre 2021, entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes/Avignon. Soit 83 km de ligne.

La dernière fois où un passager est monté à bord d'un train voyageur sur la ligne de la rive droite du Rhône remonte à 1973. Depuis le rail n'est utilisé que pour le fret. Cette fermeture aux usagers a été remise en question dès 2006 face à l'essor démographique et économique du territoire. En 2009, l'association des usagers TER-SNCF de la rive droite du Rhône se crée pour participer à la mise sur les rails du projet. Des études sont menées en parallèle, puis approfondies, avant d'être stoppées en 2013 pour des raisons financières. La remise en service de TER sur cette ligne apparaît comme un serpent de mer dont on ignore si on verra la queue un jour.

Laurette Bastaroli, la présidente de l'Association des usagers du TER rive droite du Rhône. (Photo : Thierry Allard/ Objectif Gard)

Mais ce jour n'a jamais semblé aussi proche et aussi réel comme l'annonce fièrement Laurette Bastaroli, présidente de l'association des usagers : "Ce projet devient réalité après beaucoup de péripéties." De nombreuses étapes ont été franchies avant concrétisation. Après les fameuses études préliminaires, une réunion cruciale s'est tenue : la consultation fin 2019 à l'initiative de la Région Occitanie et de SNCF réseau et Gare connexion. Tous les acteurs institutionnels, économiques et beaucoup de particuliers ont participé aux discussions. "Les premiers trains étaient annoncés à l'horizon 2025, calendrier qui a été très contesté durant la consultation, autant par les élus (notamment la Région) que par la population. Jamais la SNCF n'avait vu une telle participation", retrace Laurette Bastaroli.

Des travaux engagés début février 2021 pour une circulation des trains en décembre 2021

Un accord a donc été trouvé avec la Région pour avancer la réouverture des gares de Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze ainsi que Remoulins. Dans un communiqué de presse daté du 27 juillet, la présidente de l'association se réjouit des "informations officielles (qui) laissent prévoir une avancée considérable sur le calendrier initial. Tout est programmé pour une circulation des trains en décembre 2021 ; les travaux nécessaires seront engagés début février 2021 sur les gares de Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit et pour des trains événementiels à Remoulins."

Selon Laurette Bastaroli, six aller-retours de TER quotidiens sont envisagés pour l'heure. La ligne de voyageurs pourrait ainsi relier Pont-Saint-Esprit à Avignon en 35 minutes, et Pont-Saint-Esprit à Nîmes en une heure. Pour cela, des travaux d'aménagement vont être entamés dans les trois gares. Le blog Actu TER Occitanie, validé par la Région, fait le point sur ces chantiers. À Pont-Saint-Esprit, terminus dans un premier temps de la ligne, les quais doivent être rehaussés sur 150m pour accueillir tous les types de trains. La jonction entre les deux côtés se fera via un souterrain déjà existant dans un premier temps avant que soit construite une passerelle. Sont aussi prévus le renouvellement de l’éclairage et de la sonorisation, la mise en place du mobilier de gare, un système de téléaffichage, la repose de la signalétique de sécurité... Au total, 1,59 millions d'euros pour la gare spiripontaine.

La gare de Remoulins recevra seulement des trains événementiels dans un premier temps. Comme l'année dernière où un train spécial était parti de Pont-Saint-Esprit en desservant Bagnols pour aller jusqu'à Remoulins, à l'occasion du Tour de France. (Marie Meunier / Objectif Gard)

À Bagnols, le chantier sera un peu du même acabit. Une passerelle sera aussi réalisée dans un second temps. Le coût est légèrement plus élevé : 1,84 million d'euros. La construction du pôle d'échange multimodal devrait parfaire la praticité du lieu. Du côté de la gare de Remoulins-Pont-du-Gard (son nom historique), un quai sera reconstruit sur 170 m, conforme aux normes PMR (personnes à mobilité réduite). Un patelage sera posé sur les voies principales pour rejoindre le quai en face. Des aménagements entièrement financés par la Région pour ne pas plomber le budget des communes (hormis les aménagements urbains extérieurs).

"Il faut que les gens arrivent à laisser leur voiture au parking pour monter dans un train"

"D’autres gares pourraient rouvrir avec la même stratégie comme Roquemaure (en utilisant l’avenue de la Gare) ou encore Marguerittes (en utilisant un petit pont-rail doublant le passage à niveau)", conclut le blog Actu TER Occitanie. On parle là d'un budget entre 84 et 109 millions d'euros et d'horizon 2026. En réalité la ligne TER de la rive droite ne se cantonne pas au Gard : "C'est un projet plus ambitieux à l'origine qui montait jusqu'à Valence et englobant quatre départements : le Vaucluse, le Gard, l'Ardèche et la Drôme", rappelle Laurette Bastaroli. Ce tracé n'est pas abandonné pour autant. Des études sont en cours pour envisager le terminus au Teil, en Ardèche, plutôt qu'à Pont-Saint-Esprit.

L'heure est maintenant à la "pédagogie" et à "l'anticipation des collectivités", comme le tonne Laurette Bastaroli : "Il faut que les gens arrivent à laisser leur voiture au parking pour monter dans un train. Ça se prépare." Une intermodalité qui pourrait désengorger les axes routiers souvent saturés entre Bagnols et Avignon et Nîmes et irait dans le sens environnemental. Il ne faut pas oublier que Sanofi, à Aramon, ou Marcoule, à Bagnols, font de ce territoire le 2e pôle industriel d'Occitanie. Lors de la consultation de fin 2019, les chiffres de 683 000 habitants et 281 850 emplois étaient avancés. Reste à savoir combien de personnes seraient prêtes à emprunter la ligne et se tourner vers un nouveau train-train quotidien...

Marie Meunier

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