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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 24.09.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 626 fois

FAIT DU SOIR Les notaires gardois bien ancrés dans le monde actuel

(Photo Anthony Maurin).

Maître Pierre Devine, ancien président de la Chambre des notaires du Gard fait son bilan (Photo Archives Anthony Maurin).

Fin de mandat pour le président de la Chambre des notaires du Gard. Maître Pierre Devine décrypte son bilan, les enjeux actuels et affirme l'implication des professionnels du métier dans la vie des Gardois. Interview.

Objectif Gard : Avant tout, comment allez-vous à titre personnel et comment se portent vos confrères ?

Pierre Devine : Je vais bien pour l'instant ! Mes confrères sont finalement peu impactés car nous nous protégeons bien et nous avons mis en place un protocole sanitaire efficace. J'ai demandé la délocalisation des salles d'attente. Jusqu'ici nous avions les portes et les fenêtres ouvertes mais avec l'hiver qui approche ça va se compliquer. On sent que le cercle se resserre et que le durcissement des mesures s'étend. Avant, peu de monde connaissait un cas de covid mais aujourd'hui on connaît forcément quelqu'un qui connaît quelqu'un qui l'a eu. C'était à prévoir car nous sommes une zone touristique et, un mois après l'été, on paie la venue des vacanciers venus chez nous !

Comment s'est passé votre mandat à la tête des notaires du Gard ?

Je cesse mon mandat ce 25 septembre et c'est un record pour la Chambre des notaires du Gard. C'est extraordinaire car je connais beaucoup mieux mes collègues et leurs problématiques, j'étais leur relais. J'ai pu pousser à fond cette expérience, me rapprocher du coeur de la profession et prendre contact avec tous ses acteurs. J'aime le notariat, c'est ma passion et j'adore sa diversité. J'aurais dû cesser mon mandat en mai dernier mais nous ne pouvions pas faire notre assemblée générale. Maintenant nous sommes tenus de l'organiser entre le 1er septembre et le 10 octobre, j'aurais donc eu le mandat le plus long !

La période fut propice à des nouveautés virtuelles. Comment cela s'est-il passé concrètement ?

Durant mon mandat nous avons vu de nombreuses nouveautés comme les signatures à distance ou encore le développement des visioconférences. Nous avons dû arrêter les signatures à distance le 10 août car c'était pour la période du confinement mais ce fut une excellente chose. Aujourd'hui, nous sommes une des professions du droit à être la plus modernisée. Nous utilisons un maximum d'outils numériques grâce à cette crise sanitaire même si nous avions commencé avant. C'est un gain pour le client et pour nous. Je pense surtout à la double signature car grâce à cela nous ne prenons plus les voitures. Nous avons moins de frais et moins de temps perdu. Tout ce temps nous pouvons le consacrer à nos clients. Et en plus nous polluons moins et nous prenons moins de risques sur les routes. Notre gestion du temps est largement améliorée.

En chiffres, comment se porte le notariat dans le Gard ?

Nous étions 163 notaires en 2018 et nous sommes 180 aujourd'hui. Nous avions 700 collaborateurs et nous sommes passés à 730. Il y avait 79 études, et aujourd'hui il y en a 82. Il y avait 66 femmes et 163 hommes en 2018, nous somme aujourd'hui 88 femmes et 92 hommes. On va bientôt se faire croquer (rire) ! Le notaire avait un âge moyen de 50 ans, nous sommes à 48 ans. Sous mon mandat, j'ai accompagné 18 créations d'études et fait prêter serment à 46 nouveaux notaires qui ont une petite quarantaine d'années en moyenne. Je suis heureux surtout quand on sait qu'en France 25 % des créations d'études ont déjà déposé le bilan. Dans le Gard, nous sommes pour l'instant à 0 % de fermeture !

L'année fut relativement bonne alors...

2019 a été une bonne année mais 2020 va certainement faire s'effondrer les chiffres connus. Avec le déconfinement nous avons eu beaucoup de signatures mais on ne sait pas du tout où l'on va. Les biens qui ont été achetés par les acquéreurs comportent souvent un jardin ou une cour et ça c'est significatif du vécu récent avec la période de confinement !

Les clercs assermentés sont en voie de de disparition. Pourquoi?

Les clercs assermentés vont disparaître en décembre 2020 et à partir du 1er janvier 2021 ils ne pourront plus recevoir des clients pour signer les actes. Soit ils seront de simples clercs, soit ils deviendront des clercs associés mais ce statut ne convient ni aux clercs ni aux notaires... Parfois les lois changent juste pour changer et on ne voit pas bien à quoi elles peuvent servir !

Quelles seront les nouveautés 2020-2021 ?

Il n'y a pas grand chose de nouveau. Il y a cependant quelques avancées qui concernent le droit et les partages après divorce ou séparation. On va passer de 2,5 % actuellement à 1,8 % en 2021 puis à 1,1 % (de ce partage l'administration perçoit 2,5 % du montant des biens partagés, NDLR) en 2022. Depuis le 10 août 2020, comme toujours au beau milieu des vacances, nous avons eu droit aux études géotechniques pour les ventes de terrain à bâtir. Ce genre de diagnostic n'était pas obligatoire mais comme il y a trois degrés et qu'on ne nous impose que le premier, cela a une efficacité très réduite. En fait, si vous voulez construire il vous faudra quand même faire une étude plus approfondie afin que le constructeur puisse s'appuyer dessus. En réalité, cette nouvelle obligation coûte de l'argent au vendeur et n'en fait pas économiser à l'acheteur ! À quoi ça sert, on se le demande...

Et vos nouveautés gardoises ?

J'ai créé un règlement intérieur qui n'existait pas dans le Gard. J'ai demandé le changement de la signalétique pour resserrer les boulons au sujet de la publicité car certains faisaient un peu n'importe quoi. J'ai un pouvoir disciplinaire mais tout le monde semble jouer le jeu.

Comment définiriez-vous votre métier ?

Par le contact, l'utilité et l'aspect économique que nous apportons à nos clients. Nous devons rester à la portée tout en apportant un plus. C'est une profession aux liens fantastiques, elle est très noble et on mouille le maillot ! Pendant ma présidence nous avons participé à de nombreuses activités comme par exemple une course pédestre pour laquelle près de 80 notaires portaient des tee-shirts " Mon notaire est dans la course ". Nous avons développé les conseils aux particuliers en mettant en place des consultations gratuites. Nous avons participé à des salons de l'immobilier et, deux fois par an, je faisais un bilan du marché de l'immobilier. Ça plaisait aux gens car ça ne se faisait pas par le passé.

Propos recueillis par Anthony Maurin

Anthony Maurin

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