Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.10.2020 - abdel-samari - 4 min  - vu 16008 fois

LE 7H50 de Claude Rols (ARS Occitanie) : "Les chiffres du coronavirus vont s'aggraver dans les prochains jours"

Claude Rols, directeur de la délégation départementale de l'ARS Occitanie, fait un point détaillé sur la situation liée au coronavirus dans le Gard. Il est l'invité du 7H50 d'Objectif Gard.

Objectif Gard : Pourquoi le Gard n'est-il pas en alerte renforcée à l'heure actuelle alors que le taux d'incidence par habitant est aussi élevé que dans l'Hérault ?

Claude Rols : Tout simplement car l'alerte renforcée concerne les métropoles. Comme Montpellier et Toulouse pour notre région. Et pas forcément les départements dans leur ensemble. Pour le Gard, vous avez raison, le taux d'incidence est de même niveau que l'Hérault, par contre, par rapport à Montpellier et Toulouse, Nîmes est en-dessous. Le chiffre donné par Santé publique France est donc une moyenne. Après, il est évident que pour notre département, Nîmes est bien au-dessus par rapport à une petite commune du Gard comme Cruviers-Lascours.

Et donc quel est le chiffre pour Nîmes ?

Nous ne l'avons pas encore avec précision. Il sera actualisé cette fin de semaine en toute logique par Santé publique France. Sachez que pour placer une ville, une métropole en alerte renforcée, il faut plusieurs indicateurs. Le taux d'incidence que l'on vient d'évoquer. Mais aussi, ce taux d'incidence sur les personnes vulnérables. Tout porte à croire qu'il sera plus important dans les jours qui viennent dans le département ainsi que le taux d'occupation des cas covid en réanimation. Aujourd'hui, nous sommes coincés entre l'Hérault et les Bouches-du-Rhône. Il y a forcément un risque probable de circulation plus active chez nous.

la situation générale est problématique

Est-ce que l'on va tout droit vers une alerte renforcée et donc des mesures plus restrictives ?

Je ne sais pas si on y va tout droit mais c'est compliqué, indéniablement. Le virus circule, le taux d'incidence est proche de la limite des 150 cas pour 100 000 habitants. Donc, je ne veux pas être pessimiste mais la situation générale est problématique. Et tout laisse penser que les chiffres vont s'aggraver dans les prochains jours. Les soignants commencent à être inquiets localement. Il faudra donc observer finement les trois indicateurs. Notamment le taux de saturation des lits de réanimation même si nous avons des capacités notamment au CHU de Nîmes de déployer des lits supplémentaires. À l'heure actuelle, nous avons des personnes hospitalisées en réanimation sur Nîmes et Alès. Aucun sur Bagnols-sur-Cèze. Ensuite, la décision appartient à l'État, au Gouvernement. Et en concertation avec le préfet du Gard et les élus.

Concernant la médecine de ville, quelles sont les remontées ?

Vous avez raison de me poser la question car la médecine de ville est confrontée à des cas peu graves mais tout aussi importants en volume. On voit une montée en charge des malades mais je voudrais saluer le travail extraordinaire qui est réalisé et qui permet une bonne orientation vers les tests si les symptômes sont présents ou si des suspicions sont avérées.

Les tests sont aussi plus rapides. Est-ce parce qu'il y en a moins ?

Les tests sont plus rapides, je vous le confirme. J'ai d'ailleurs énormément insisté là-dessus afin que l'on puisse délivrer le résultat vite. C'est important pour les patients, pour les professionnels et de ce point de vue là, c'est une réussite. Par ailleurs, sur le nombre de test, on en compte près de 13 000 sur les sept derniers jours. C'est aléatoire en fonction des jours. Certains jours, on a moins de monde et les jours qui suivent, beaucoup plus. C'est pour cela que je préfère regarder des dynamiques hebdomadaires. Un exemple : ce vendredi, nous testons 150 élèves de l'Institut d'Alzon. Il y a donc de grandes chances que la journée de tests en population générale soit élevée. J'en profite pour rappeler que les personnes ayant des symptômes ne doivent pas se rendre chez leur médecin ou aux urgences. Il est impératif d'appeler d'abord son médecin traitant ou en cas d'urgence, le centre 15. C'est capital pour éviter de contaminer plus de personnes.

Un mot sur les EHPAD du territoire. La situation est là aussi très inquiétante...

Ce qui m'inquiète avant tout, c'est que chaque jour, nous avons un signalement dans un EHPAD du Gard. Ce qui veut donc dire qu'au moins une personne est positive. Notre protocole prévoit un test massif de tous les résidents et du personnel. Ensuite, effectivement, sur le mois de septembre, nous avons eu malheureusement des décès. Pour l'instant, je peux dire que la situation ne présente pas un caractère grave même si nous avons des établissements avec plusieurs cas. Nous avons donc des motifs d'inquiétude quand on voit des personnes entre 60 et 90 ans atteints du virus car elles sont potentiellement celles qui vont contracter une forme plus grave. Le virus est plus méchant sur ces personnes âgées ou fragiles. Conséquence d'ailleurs des hospitalisations et malheureusement des décès. Je voudrais souligner que l'on parle des EHPAD mais la majorité des personnes âgées sont à domicile. Et le virus circule aussi.

Un dernier mot aux Gardois ?

Je sais les contraintes liées aux mesures barrières. Elles sont réelles mais que chacun ait bien conscience que cela nous permet de continuer à vivre. On peut aller au restaurant, au cinéma, pratiquer des loisirs, etc. Je voudrais que l'on reste un peu optimiste même si la situation est inquiétante.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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